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Kais Saied : Le nom de la tempête Daniel traduit une influence « sioniste »

Le président tunisien affirme que le "mouvement sioniste a pénétré pour attaquer l'esprit et la pensée" et attribue le nom des Accords d'Abraham à la même raison

Le président tunisien Kais Saied, au centre, dirige une réunion de sécurité avec des membres de l'armée et des forces de police à Tunis, en Tunisie, le 25 juillet 2021. (Crédit : AP/Slim Abid, fichier)
Le président tunisien Kais Saied, au centre, dirige une réunion de sécurité avec des membres de l'armée et des forces de police à Tunis, en Tunisie, le 25 juillet 2021. (Crédit : AP/Slim Abid, fichier)

Le président tunisien, Kais Saied, s’est fendu d’un réquisitoire antisémite contre l’influence du « mouvement sioniste mondial », lui attribuant même le choix du nom de la tempête Daniel qui a ravagé la Libye voisine, selon une vidéo diffusée mardi par la présidence.

La tempête Daniel a frappé le 10 septembre l’Est de la Libye, provoquant des inondations qui ont fait plus de 3 300 morts et plus de 10 000 personnes sont portées disparues, notamment dans la ville de Derna.

« Concernant la tempête Daniel, ils n’ont même pas pris la peine de s’interroger sur l’origine de cette appellation. C’est qui Daniel ? C’est un prophète hébraïque », a déclaré Saied dans cette vidéo lors d’une réunion lundi avec son Premier ministre Ahmed Hachani et des membres de son gouvernement.

« Pourquoi le nom de Daniel a été choisi, car le mouvement sioniste s’est infiltré, laissant les esprits et toute réflexion dans un coma intellectuel total de Daniel à Abraham », a-t-il ajouté.

Cette dernière phrase faisait référence aux Accords d’Abraham, nom donné à la série d’accords de normalisation conclus ces dernières années sous l’égide des États-Unis entre Israël et certains pays arabes, notamment le Maroc et les Émirats arabes unis, et auxquels la Tunisie est farouchement opposée.

Abraham est le patriarche biblique des religions abrahamiques – y compris l’islam, où il est connu sous le nom d’Ibrahim. C’est un nom populaire en Israël et dans le monde arabe.

Daniel est également un nom d’origine hébraïque redevenu populaire, et il est également courant en Occident.

La tempête Daniel a été nommée ainsi par le Service météorologique national grec.

La ville de Derna ravagée par la tempête méditerranéenne Daniel, le 12 septembre 2023. (Crédit : Jamal Alkomaty/AP Photo)

Lors de la même réunion, Saied a catégoriquement écarté toute normalisation entre la Tunisie et Israël.

« La normalisation dont ils parlent n’existe même pas en tant que vocable pour moi. Cela relève de la haute trahison envers le peuple palestinien et ses droits en Palestine, toute la Palestine », a-t-il affirmé.

« Le problème n’est pas avec les Juifs, mais avec le mouvement sioniste mondial », a-t-il ajouté.

Saied a déjà été embourbé dans des controverses antisémites.

En 2021, la Conférence des rabbins européens a accusé Saied d’avoir accusé les Juifs d’être responsables « de l’instabilité du pays », lors d’une discussion avec des habitants de Mnihla, une banlieue de la capitale tunisienne, au sujet des protestations concernant la situation économique du pays.

Dans une vidéo téléchargée sur la page Facebook de la présidence tunisienne, on entend Saied dénoncer les manifestations, qui, selon lui, sont l’œuvre de forces de division. Il ajoute ensuite une phrase qui ressemble à « al yahood », c’est-à-dire « les Juifs » en arabe.

Le bureau du président avait alors démenti ces allégations, dénonçant la « propagation de fausses informations » et affirmant qu’il s’agissait d’une « calomnie ».

Le président tunisien Kais Saied participant à une réunion au palais présidentiel du Quirinal, à Rome, le 24 juillet 2023. (Crédit : Handout/Quirinale Press Office / AFP)

« Le président n’a mentionné aucune religion et il n’y avait aucun motif raisonnable d’aborder la question de la religion dans le contexte des manifestations. »

En mai dernier, Saied avait réfuté toute allégation d’antisémitisme d’État en Tunisie, après une fusillade meurtrière perpétrée par un gendarme aux abords de la synagogue de la Ghriba sur l’île de Djerba.

Les autorités tunisiennes avaient alors dénoncé une attaque « criminelle » mais s’étaient gardées de la qualifier de « terroriste » ou de lui conférer une dimension antisémite.

L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.

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