Kakhol lavan ferait pencher la barre à droite avant les élections de mars
La formation centriste chercherait à attirer les électeurs de droite et à augmenter les chances de la gauche d'entrer à la Knesset en poussant à la fusion Travailliste-Meretz
Les responsables du parti Kakhol lavan auraient décidé de faire pencher la barre à droite pour tenter d’attirer les électeurs lors du prochain scrutin national, selon des informations émises lundi.
Les leaders du parti ont été influencés par une étude qui a révélé que la faction pourrait retirer des votes à la droite, décidant ainsi d’exclure la perspective de la formation d’un gouvernement minoritaire avec l’appui de l’alliance de la Liste Arabe unie – qui regroupe les factions à majorité arabe – lors du vote du mois de mars, a indiqué la Treizième chaîne.
Après les dernières élections, la Liste arabe unie, pour la toute première fois depuis plus de deux décennies, avait expliqué qu’elle soutiendrait un parti sioniste pour la formation d’un gouvernement. Kakhol lavan avait renoncé à la mise en place d’un tel gouvernement en raison, avant tout, de l’opposition de certains députés de droite.
Dans le cadre de ce glissement vers la droite, des hauts-responsables de Kakhol lavan ont indiqué à la Treizième chaîne qu’ils n’excluaient pas d’annexer la vallée du Jourdain, sous réserve de discussions avec les autorités chargées de la sécurité.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré que l’annexion de la vallée du Jourdain, en Cisjordanie, serait l’un de ses principaux objectifs en cas de réélection.
Deux sondages diffusés jeudi ont toutefois révélé que le soutien en faveur de Netanyahu, au sein du Likud, restait robuste suite à la requête d’immunité soumise par le Premier ministre face à ses mises en examen pour corruption et malgré le manque de popularité de cette initiative auprès des électeurs.
Kakhol lavan espère également éviter de drainer des votes des partis de gauche, craignant qu’ils ne parviennent pas à franchir le seuil électoral et à entrer à la Knesset.
Les responsables du parti seraient agacés par le chef des Travaillistes, Amir Peretz, et par son refus de rejoindre la formation du Meretz de gauche.
Kakhol lavan aurait dit à Peretz que si sa formation fusionnait avec le Meretz, il serait son candidat potentiel à la présidence et que le parti Travailliste entrerait dans les négociations de coalition comme s’il avait remporté six sièges – indépendamment du nombre de fauteuils réellement gagnés.
Le bloc de gauche se trouve dans une certaine confusion alors que les partis de tout le spectre politique se bousculent avant le vote du mois de mars.
La députée Stav Shaffir, qui avait récemment menacé de se présenter en tant qu’indépendante lors des prochaines élections en raison d’une querelle avec le parti du Meretz, l’un des partenaires du Camp démocratique, alliance de trois formations de gauche, a finalement offert, dimanche, d’abandonner la deuxième place sur la liste conjointe pour tenter de préserver cette union.
Shaffir, qui s’était distinguée auprès du public en prenant la tête de manifestations en faveur de la justice sociale en Israël en 2011, avait quitté le parti Travailliste pour rejoindre le Camp démocratique après que le leader vétéran de la formation, Amir Peretz, a exclu toute fusion avec les partis de gauche suite à son alliance avec Orly Levy-Abekasis et sa faction Gesher de centre-droit avant le précédent scrutin.
Des dissensions sont apparues entre Shaffir et Nitzan Horovitz, le numéro un du Meretz, leader de faction du Camp démocratique qui comprend également le parti des Verts de Shaffir et le Parti démocrate israélien d’Ehud Barak.
Les sondages suggèrent, jusqu’à présent, que l’alliance du Camp démocratique pourrait remporter jusqu’à cinq sièges lors du prochain scrutin. En se présentant en indépendants, certains des trois partis – voire tous – prendraient le risque de ne pas franchir le seuil électoral d’entrée à la Knesset, fixé à 3,25 % et qui représente quatre sièges.
Les personnalités de droite ont également évoqué des possibilités de fusion, le Premier ministre Benjamin Netanyahu appelant, samedi, les trois partis à la droite du Likud à s’unir.
Les enquêtes d’opinion publiées jeudi ont prédit que Kakhol lavan pourrait glaner 35 à 36 sièges à la Knesset, forte de 120 fauteuils.
Le Likud, qui a actuellement 32 députés au parlement israélien, pourrait pour sa part en compter, selon les deux sondages, 33 ou 34.
Les deux enquêtes accordent cinq sièges à la formation de gauche Travailliste-Gesher – soit un de moins que lors du dernier scrutin – et le sondage de la Treizième chaîne donne quatre sièges à l’alliance du Camp démocratique, également un de moins.
Alors que les factions constituant le Camp démocratique doivent encore s’accorder sur une liste commune, pour la Douzième chaîne, le Meretz – plus important parti de l’alliance – recevrait quatre sièges et le parti Vert échouerait à dépasser le seuil électoral.
Les deux enquêtes d’opinion prédisent, quoi qu’il en soit, que le prochain scrutin ne devrait pas permettre au pays de sortir de l’impasse politique dans laquelle il est bloqué.
Le 2 mars, ce sera la troisième fois en moins d’un an que les Israéliens se rendront aux urnes après que deux votes précédents ont échoué à déboucher sur une coalition au pouvoir.