Kamala Harris, tête d’affiche d’une conférence de l’ADL sur l’antisémitisme
Le discours prononcé devant l'ADL intervient après qu'elle a été critiquée pour ne pas avoir rejeté l'affirmation d'un étudiant selon laquelle Israël aurait commis un "génocide ethnique"

Pour la première fois, dimanche, la vice-présidente Kamala Harris a participé à une conférence de l’Anti-Defamation League (ADL) organisée en ligne. Depuis son bureau, elle a exprimé son soutien sans réserve au combat mené contre l’antisémitisme et à poursuivre les crimes de haine.
« Dans deux jours, nous marquerons les 82 ans de la Nuit de cristal, la nuit d’un mal impensable qui annonçait d’autres maux à venir », a-t-elle déclaré, la Nuit de cristal étant un pogrom organisé le 9 novembre 1938, au cours duquel le parti nazi a détruit des centaines de synagogues et de commerces juifs en Allemagne, en Autriche et dans certaines régions de Tchécoslovaquie.
Une enquête menée en mars par l’Anti-Defamation League (ADL) a révélé que 63 % des juifs américains ont subi ou entendu des commentaires, des insultes ou des menaces antisémites au cours de l’année écoulée, principalement en ligne.
D’ailleurs, le week-end dernier, une maison de fraternité de l’Université George Washington a été vandalisée et un rouleau de la Torah profané avec ce qui semblait être un détergent à lessive. Le même week-end, un incendie a été déclenché dans une synagogue juive du centre d’Austin par un homme portant un bidon de 19 litres de carburant.
Selon le Federal Bureau of Investigation (FBI), les crimes antisémites représentent plus de la moitié de tous les crimes de préjugés religieux, selon un rapport de 2020.
« Malheureusement, nous savons que l’antisémitisme n’est pas une relique du passé. En fait, ces dernières années, la communauté juive américaine a été confrontée à une augmentation alarmante des crimes haineux, » a déploré Kamala Harris.
Comme annoncé par son bureau avant le début de la conférence, la politicienne a également rendu hommage à l’attaque la plus meurtrière jamais vécue par la communauté juive aux Etats-Unis. « Il y a trois ans, nous avons subi l’attaque la plus meurtrière contre la communauté juive américaine dans l’histoire de notre nation, à la synagogue Tree of Life de Pittsburgh, en Pennsylvanie », a-t-elle dit.
Elle s’est aussi positionnée sur l’antisémitisme motivé par la haine d’Israël : « Lorsque les juifs sont ciblés en raison de leurs croyances ou de leur identité, lorsqu’Israël est pointé du doigt en raison de la haine anti-juive, c’est de l’antisémitisme. Et c’est inacceptable. »
La conférence prévue sur 3 jours, du 7 au 9 novembre, intervient alors que les organisateurs de la série de rassemblement, “Unite the Right”, organisée le 11 et 12 août 2017 et qui a fait un mot à Charlottesville, passent en jugement. Joe Biden a pointé du doigt ce rassemblement, où un ensemble de groupes d’extrême droite et néo-nazis ont scandé des slogans comme « Les Juifs ne nous remplaceront pas », comme l’un des événements qui l’ont motivé à se présenter à la présidence contre Donald Trump.
L’accent mis par Mme Harris sur l’antisémitisme en pointant du doigt Israël intervient quelques semaines seulement après qu’elle s’est attirée les critiques des républicains et de certains dirigeants juifs pour ne pas avoir rejeté suffisamment avec force l’affirmation d’un étudiant selon laquelle Israël aurait commis un « génocide ethnique ».
Des critiques qu’elle a tenté, dimanche de balayer affirmant notamment « qu’un préjudice contre l’un d’entre nous est un préjudice contre nous tous » avant de conclure par une expression hébraïque « tikkoun olam » ou « réparation du monde », pour réitérer son engagement à lutter contre la haine.
La conférence de trois jours de l’Anti-Defamation League (ADL) se tient virtuellement pour la deuxième fois, pandémie oblige. Elle accueillera un certain nombre d’autres intervenants de premier plan, dont le ministre israélien des Affaires étrangères Yair Lapid, la médaillée d’or olympique Sue Bird, l’acteur Daniel Dae Kim et la journaliste Kara Swisher.