Khan al-Ahmar ne sera pas évacué avant la formation du gouvernement, dit l’Etat
Les procureurs ont fait une déclaration devant la Haute-cour en réponse à une plainte d'une ONG de droite qui demandait la démolition du village
Le gouvernement a reporté l’évacuation et la démolition d’un hameau bédouin situé dans le centre de la Cisjordanie jusqu’à – au plus tôt – la période qui suivra la formation du prochain gouvernement .
La Haute cour de justice a accepté vendredi le positionnement de l’Etat, qui a jugé qu’il ne pouvait pas procéder à la démolition du village de Khan al-Ahmar à un moment où il n’y a pas de gouvernement permanent.
L’Etat répondait à une plainte déposée par une ONG de droite qui demandait que le gouvernement mène à bien son plan de destruction du village.
Les négociations portant sur la formation d’une nouvelle coalition, suite aux élections générales du mois dernier, sont en cours.
Au mois de mai dernier, la Cour suprême avait donné le feu vert à la démolition de ce village palestinien du centre de la Cisjordanie qui avait été construit sans les autorisations nécessaires.
Toutefois, suite aux pressions intenses de la communauté internationale, le gouvernement avait reporté cette démolition, tentant de trouver un accord avec les 180 habitants environ du village – un accord dans le cadre duquel ils accepteraient de partir de leur plein gré.
Presque un an après, les pourparlers se sont avérés infructueux. Mais, à l’origine des plaintes initiales réclamant la destruction de Khan al-Ahmar, l’organisation à but non-lucratif Regavim a, une fois encore, fait appel devant la Haute-cour à l’issue d’une vaine campagne publique de plusieurs mois qui avait demandé au Premier ministre Benjamin Netanyahu de tenir sa promesse.
La démolition de Khan al-Ahmar, un village construit sans permis, est un sujet de préoccupation majeur pour de nombreux habitants d’implantation ainsi que pour les politiciens de droite en général. Les critiquent déplorent que le gouvernement ait autorisé les démolitions des avant-postes de Netiv Haavot et d’Amona tout en permettant au hameau palestinien de rester en place.
Mais contrairement aux avant-postes israéliens – qui, selon la justice, auraient été construits sur des terres appartenant à des Palestiniens – Khan al-Ahmar a été érigé sur des terrains appartenant au village palestinien voisin, Anata, dont les résidents avaient autorisé la présence des Bédouins malgré l’absence de permis.
Les villageois, qui vivent sur le site depuis les années 1950 (il était alors sous le contrôle de la Jordanie) après leur expulsion par l’Etat de leurs habitations du Negev, affirment n’avoir eu que peu d’alternatives à une construction sans autorisations israéliennes, ce type de permis n’étant presque jamais accordés aux Palestiniens qui font construire dans des secteurs de la Cisjordanie où Israël contrôle pleinement les affaires civiles, comme c’est le cas dans la zone où se dresse Khan al-Ahmar.
Selon Israël, le village a été illégalement construit et ses habitations sont à une proximité dangereuse d’une autoroute. L’Etat juif souligne que la démolition a été approuvée par les tribunaux indépendants du pays.
La plainte de Regavim a repris plusieurs déclarations publiques faites par le Premier ministre dans lesquelles il assurait que le village palestinien serait détruit.
« Il sera évacué, avec leur consentement ou non. Cela ne prendra pas quelques semaines : ce sera bien plus court. Un certain nombre de préparations essentielles ont été faites au sein de l’arène internationale et une dernière chance a été donnée mais, quoi qu’il en soit, Khan al-Ahmar sera évacué », avait-il dit au cabinet au mois d’octobre.
Il avait dit aux ministres le mois suivant que « Khan al-Ahmar sera évacué très bientôt… C’est notre politique, et elle sera mise en oeuvre. Je n’ai pas l’intention de reporter jusqu’à nouvel ordre ce que nous avons à faire, contrairement à ce qui a pu être publié, mais j’ai bien l’intention de mener ce plan rapidement ».
Quoi qu’il en soit, l’autorité réelle de la Haute-cour sur la démolition du hameau reste indéterminée. Elle avait pris, au mois de mai dernier, la décision de donner le feu vert au plan du gouvernement si ce dernier voulait le mener à bien.
Quand le village sera démoli, les résidents devraient être transférés à plusieurs kilomètres à l’est, à proximité de la ville palestinienne d’Abu Dis. Les lieux ont été raccordés à l’eau, à l’électricité et aux services d’assainissement, et une école a été construite pour remplacer l’institution actuelle, financée par l’Italie, qui avait été construite à partir de pneus remplis de boue et qui était devenue un symbole du village.
Mais les résidents s’opposent avec véhémence à ce départ, disant qu’ils n’ont jamais été consultés et que le secteur qui leur est destiné n’est pas adapté à leur mode de vie rural et situé, de surcroît, à proximité d’une décharge. Ils affirment également que les habitants d’Abu Dis leur ont dit de rester là où ils étaient.
Ils se sont aussi opposés à un deuxième site de relocalisation qui leur avait été proposé par l’Etat, à côté de l’implantation de Mitzpe Jericho, ainsi qu’à une structure de traitement des eaux usées.
Jacob Magid a contribué à cet article.