Israël en guerre - Jour 341

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La cérémonie de remise du prix Israël a eu lieu malgré la controverse

De nouveaux prix ont été remis à Sderot dans deux nouvelles catégories, "Responsabilité sociale" et "Héroïsme citoyen", des catégories créées suite au 7 octobre et dans le contexte de la guerre à Gaza

Le président Isaac Herzog serre la main à Eyal Waldman, lauréat du Prix d'Israël, lors de la remise des prix qui a eu lieu à Sderot, le 14 mai 2021. (Crédit : Maayan Toaf/GPO)
Le président Isaac Herzog serre la main à Eyal Waldman, lauréat du Prix d'Israël, lors de la remise des prix qui a eu lieu à Sderot, le 14 mai 2021. (Crédit : Maayan Toaf/GPO)

Les lauréats du Prix Israël, cette année, ont été distingués au cours d’une cérémonie modeste qui a été organisée à Sderot, une ville d’Israël particulièrement meurtrie par la guerre à Gaza. C’était la première fois que cet événement officiel et prestigieux ne se tenait pas à Jérusalem depuis sa création en 1953.

Cette cérémonie, qui est habituellement somptueuse, réunissant de nombreuses personnalités de premier plan et autres dignitaires, a commencé à 18 heures 30 au Centre communautaire de Sderot.

Parmi les responsables qui y ont assisté, le ministre de l’Éducation Yoav Kisch, dont les plans ourdis en vue de l’organisation du Prix Israël, cette année, avaient suscité la controverse. Étaient aussi présents le président Isaac Herzog ; le président de la Knesset, Amir Ohana ; le président de la Cour suprême par intérim, Uzi Fogelman ; le maire de Jérusalem, Moshe Lion et le maire de Sderot, Alon Davidi.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu était absent, après avoir apparemment choisi de délaisser la majorité de tous les événements organisés à l’occasion de Yom Haatzmaout pour se concentrer sur la guerre et après avoir essuyé les huées du public israélien, la nuit précédente.

Ouvrant la cérémonie, Kisch a reconnu l’humeur sombre qui a plané sur la plupart des événements de la journée, notant que « en ces jours particulièrement durs, il est difficile de remettre des prix et de se réjouir ».

« Nous avons donc choisi de consacrer le Prix Israël, cette année, au renouveau, à l’héroïsme civil, à la responsabilité que les individus ressentent à l’égard de la société », a-t-il ajouté. « La force de la nation d’Israël ne repose pas uniquement sur les chars, sur les avions ou sur les bombes. Il repose aussi sur l’esprit d’héroïsme, d’amour de l’autre et d’amour du pays ; il repose sur des inventions et sur des études innovantes, sur la culture, sur l’art, sur le travail mené par l’individu, pendant toute sa vie, au nom de la nation ».

Au mois de décembre, Kisch avait annoncé l’ajout inhabituel de deux nouvelles catégories qui avaient été créées pour marquer le conflit opposant Israël au Hamas : la catégorie du prix de la « Responsabilité sociétale » – venant récompenser les efforts civils et le bénévolat des citoyens dans le cadre de la guerre – et celle de « l’Héroïsme citoyen », qui a distingué les actes exceptionnels de bravoure auxquels se sont livrés des civils dans cette période de crise intense. Il avait été initialement annoncé que six lauréats recevraient un prix dans chacune de ces deux nouvelles catégories, un chiffre qui avait été ultérieurement revu à la baisse.

Ensuite, au mois de février, le ministre avait annoncé qu’en raison de la guerre, le prix ne serait remis que dans ces deux nouvelles catégories – ce qui avait entraîné un torrent de protestations, en particulier de la part de la communauté universitaire. Des informations avaient ultérieurement laissé entendre que Kisch avait renoncé aux catégories habituelles pour éviter de devoir remettre une distinction à l’homme d’affaires Eyal Waldman, un critique de premier plan du projet de refonte radicale du système judiciaire israélien dont la fille avait été assassinée, le 7 octobre, alors qu’elle participait au festival de musique électronique Supernova. Waldman passait alors pour le favori de la Commission chargée de la sélection des potentiels lauréats.

Les catégories traditionnelles du Prix Israël avaient finalement réintégré le programme officiel au mois de mars, à l’issue de plusieurs requêtes déposées auprès de la Haute-Cour et alors que les universités israéliennes menaçaient d’organiser une cérémonie alternative mettant à l’honneur les prix traditionnels.

Le président Isaac Herzog serre la main à la docteure Cochav Elkayam-Levy, lauréate du Prix d’Israël, lors de la remise des prix qui a eu lieu à Sderot, le 14 mai 2021. (Crédit : Maayan Toaf/GPO)

Les controverses entourant cet événement prestigieux ne s’étaient pas arrêtées pour autant.

Ainsi, la semaine dernière, la Haute-cour de justice a rejeté plusieurs requêtes qui demandaient que le Prix Israël, dans la catégorie de la Littérature de la Torah, ne soit pas remis au grand-rabbin Yitzhak Yosef. Les plaignants avaient cité les propos controversés tenus par Yosef à l’égard du service militaire des jeunes ultra-orthodoxes, et notamment une menace faite par le grand-rabbin au mois de mars, qui avait estimé que si une loi devait obliger les jeunes Haredim à entrer dans l’armée, la communauté toute entière pourrait quitter Israël. Ces paroles avaient entraîné une vive indignation au sein des groupes issus de la société civile et auprès de certains politiciens.

La décision d’organiser la remise des prix à Sderot, pour la première fois, avait été annoncée au mois de mars, suscitant la colère du maire de Jérusalem, Lion, et de plusieurs autres personnalités.

Sderot avait été l’une des villes prises pour cible par les terroristes du Hamas lorsqu’ils avaient attaqué les communautés du sud du pays, le 7 octobre, et la localité symbolise, depuis des années, les communautés israéliennes constamment placées sous la menace des roquettes émanant de la bande.

« Les blessures du 7 octobre ne se sont pas refermées, des dizaines de milliers de personnes ont été évacuées de leurs habitations, 132 otages sont encore détenus par le Gaza », a dit Kisch, évoquant les circonstances particulières qui ont entouré l’organisation de la cérémonie de remise des prix, cette année. « A ce moment même, nos soldats sont au combat et certains sacrifient leur vie pour défendre notre foyer ».

Parlant ensuite du Prix Israël lui-même, Kisch a indiqué qu’après une année profondément clivante – des clivages largement entraînés par le projet de refonte radicale du système judiciaire qui avait été avancé par le gouvernement israélien en 2023 – et depuis le massacre commis par le Hamas, le 7 octobre, « nous avons vu percer le meilleur du peuple d’Israël ».

« Nous avons assisté à des démonstrations de responsabilité individuelle à l’égard de la société ; nous avons vu l’aide mutuelle ; nous avons vu des gens qui sont partis pour secourir leurs frères et sœurs sans se préoccuper de savoir s’ils portaient une kippa ou un chapeau, sans demander s’ils soutenaient les manifestations ou le plan de réforme du système judiciaire, sans demander s’ils manifestaient pour ou contre le gouvernement », a-t-il continué.

Cette année, un prix honorifique a été remis à titre posthume à Edna Solodar, couronnant l’ensemble de son existence. Cette ancienne membre de la Knesset, qui s’était battue pendant la Guerre d’Indépendance, s’était éteinte au début du mois d’avril dernier après avoir appris, la veille de sa mort, qu’elle serait lauréate.

Un autre prix honorifique a distingué le réalisateur vétéran Moshe Edri pour « son œuvre révolutionnaire, la contribution significative qu’il a apportée à l’art hébreu et pour son encouragement du cinéma israélien ».

Le joueur de basket Miki Berkovich, qui est considéré comme l’un des meilleurs joueurs israéliens de tous les temps, a reçu le Prix Israël pour son parcours sportif exceptionnel.

La docteure Cochav Elkayam-Levy, qui avait aidé à sensibiliser aux crimes commis par le Hamas à l’encontre des femmes et des enfants pendant le massacre du 7 octobre, s’est vue remettre le prix de la Responsabilité sociétale pour le travail qu’elle a effectué.

Elkayam-Levy et feu Solodar ont été les deux seules femmes à avoir été récompensées, cette année.

Le prix de l’Héroïsme Citoyen a été donné au docteur Chen Kugel, le directeur de l’Institut national médico-légal, pour son travail à la tête de l’institution et pour ses efforts visant à identifier les victimes israéliennes depuis le 7 octobre.

Le Dr. Chen Kugel, directeur du Centre national de médecine légale (Abu Kabir) s’exprimant lors d’une conférence de presse sur le processus d’identification des victimes de l’attaque meurtrière du Hamas contre les communautés du sud le 7 octobre 2023, à Jaffa, le 16 octobre 2023. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

Ont aussi été distingués dans cette catégorie de « l’Héroïsme Civil » Menachem Kalmanson et Itiel Zohar, deux hommes originaires de l’implantation d’Otniel, en Cisjordanie, pour le courage qu’ils avaient montré lorsqu’ils s’étaient portés au secours des civils, le 7 octobre, affrontant des hommes armés. Ils étaient devenus connus sous le nom « d’équipe Elhanan » parce que le frère de Kalmanson, Elhanan Kalmanson, avait été tué pendant la bataille.

« Ce samedi, dans l’après-midi, Elhanan, ce frère qui me manque tellement aujourd’hui, avait téléphoné et il nous avait demandé, à Itiel et à moi, d’aller dans le sud avec lui », a dit Menachem lors d’un discours bouleversant qu’il a prononcé lors de la cérémonie. « Nous ne nous sommes pas demandés pourquoi nous allions le faire, c’était clair… Quand votre frère est en danger, il n’y a pas d’autre choix ».

Menachem Kalmanson, lauréat du Prix d’Israël, s’exprime pendant la cérémonie de remise des prix à Sderot, le 14 mai 2023. (Capture d’écran :YouTube: used in accordance with Clause 27a of the Copyright Law)

« Pour un frère, vous feriez n’importe quoi », a-t-il ajouté. « Cet amour pour un frère, peu importe comment on peut vous demander de l’expliquer, ce n’est pas toujours possible de dire ce qui rend un frère si particulier à vos yeux par rapport aux autres ».

Le prix de la Communication a été remis au journaliste d’investigation vétéran Shlomo Nakdimon, qui avait aussi été conseiller auprès des médias du Premier ministre Menachem Begin.

Après la polémique suscitée par son prix, l’homme d’affaires Waldman a serré la main à Kisch alors qu’il recevait le prix de l’Esprit d’entreprise et de l’Innovation technologique.

Le grand-rabbin séfarade Yosef est allé sur scène pour recueillir son prix remis dans la catégorie Littérature de la Torah.

Parmi les autres lauréats, le professeur Gershon Ben Shachar de l’université hébraïque dans la catégorie de la Recherche en psychologie et le professeur Hagai Bergman de l’université Hébraïque dans celle de la Recherche en sciences de la vie. Sont aussi montés sur scène le professeur Vitali Milman de l’université de Tel Aviv pour ses travaux dans le domaine de la Recherche en mathématiques, Sciences informatiques et d’ingénierie, et le professeur Yaakov Ritov de l’université Hébraïque dans la catégorie Recherche économique et statistique.

Depuis sa création en 1953 par le ministre de l’Éducation de l’époque, Ben-Zion Dinor, le Prix Israël est décerné à des Israéliens dans les domaines des sciences sociales, des sciences humaines, des sciences de la vie et des sciences exactes, de l’art et des contributions spéciales à l’État d’Israël et à la société israélienne. Il a été décerné chaque année depuis lors, même les années où Israël était en guerre.

Le Prix Israël est considéré comme l’honneur civil le plus prestigieux du pays et il est habituellement remis à des individus qui ont marqué la société israélienne pendant de longues années. C’est une distinction civile qui n’inclut pas les actes d’héroïsme ou les réussites individuelles des citoyens lorsqu’ils occupaient des rôles sécuritaires.

Quelques heures avant la remise des prix, mardi, cinq lauréats de cette édition 2024 ont fait une déclaration appelant le gouvernement à accepter un accord qui permettrait aux otages qui se trouvent encore dans les geôles du Hamas d’être relâchés.

S’exprimant depuis Sderot, le professeur Tsevi Mazeh, qui a reçu le prix Israël de Sciences physiques, a indiqué que l’absence des captifs « assombrit notre fierté et la joie que nous ressentons ».

« Nous sommes ici en votre nom et nous appelons le gouvernement à faire tout ce qui sera possible pour garantir la libération immédiate des otages. En tant que société et en tant que pays, nous devons faire libérer ceux qui ont été abandonnés par l’État et par l’armée », a-t-il déclaré.

« Même l’objectif juste de la guerre contre le Hamas ne peut pas être une priorité face à l’obligation de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour les otages », a-t-il continué.

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