La CIJ ouvre les audiences sur les obligations humanitaires d’Israël
En décembre, l'Assemblée générale de l'ONU avait adopté à une large majorité une résolution, présentée par Oslo, demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence"
La Cour internationale de justice (CIJ) ouvrira lundi une semaine d’audiences consacrées aux obligations humanitaires d’Israël envers les Palestiniens, plus de 50 jours après l’instauration d’un blocage de l’aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre déclenchée par le pogrom perpétré par le groupe terroriste islamiste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023, une attaque qui a couté la vie à plus de 1 200 personnes en Israël, essentiellement des civils, et fait 251 otages. 59 d’entre eux sont encore à Gaza.
Les représentants des Nations unies entameront un marathon de cinq jours à la CIJ, la plus haute juridiction de l’ONU située à La Haye (Pays-Bas), à 10H00 (08H00 GMT) devant un panel de 15 juges. L’Etat de Palestine sera le premier à faire une déposition, pendant la majeure partie de la journée.
Cette semaine, 38 autres pays, dont les Etats-Unis, la Chine, la France, la Russie et l’Arabie saoudite, ainsi que la Ligue des Etats arabes, l’Organisation de la coopération islamique (OIC) et l’Union africaine (UA), présenteront leurs dépositions.
En décembre, l’Assemblée générale des Nations unies avait adopté à une large majorité une résolution, présentée par la Norvège, demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif « à titre prioritaire et de toute urgence ».
La résolution demande à la CIJ de clarifier ce qu’Israël est tenu de faire concernant la présence de l’ONU, de ses agences, d’organisations internationales ou d’Etats tiers pour « assurer et faciliter l’acheminement sans entrave des fournitures urgentes essentielles à la survie de la population civile palestinienne ».
Israël contrôle tous les flux d’aide internationale, vitale pour les 2,4 millions de Palestiniens de la bande de Gaza frappés par une crise humanitaire sans précédent, et les a interrompus le 2 mars dernier, quelques jours avant l’effondrement d’un fragile cessez-le-feu après 15 mois de combats incessants et suite au refus du Hamas de libérer les otages que le groupe terroriste a enlevé le 7 octobre 2023.

Le chef de l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Philippe Lazzarini, a dénoncé vendredi « une famine provoquée par l’homme et motivée par des raisons politiques ».
A LIRE : Il n’y a jamais eu de famine à Gaza selon les chiffres des groupes… qui l’affirmaient
Selon les Nations unies, environ 500 000 Palestiniens ont été déplacés depuis la fin du cessez-le-feu de deux mois.
Israël a repris ses attaques aériennes et terrestres le 18 mars, déclenchant ce que les Nations unies ont décrit comme « probablement la pire » crise humanitaire du territoire depuis le début de la guerre.
Frustration générale
Israël a réagi aux attaques en lançant une campagne militaire dont l’objectif vise à détruire le Hamas, à l’écarter du pouvoir à Gaza et à libérer les otages.
Le ministère de la santé de Gaza, contrôlé par le Hamas, affirme que plus de 50 000 personnes ont été tuées ou sont présumées mortes dans les combats jusqu’à présent. Ce bilan, qui ne peut être vérifié et qui ne fait pas la distinction entre terroristes et civils, inclut les quelque 20 000 terroristes qu’Israël affirme avoir tués au combat et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza.
Israël affirme s’efforcer de minimiser les pertes civiles et souligne que le Hamas utilise les Gazaouis comme boucliers humains, en menant ses combats depuis des zones civiles, notamment des maisons, des hôpitaux, des écoles et des mosquées.
Les responsables israéliens répètent que la pression militaire est le seul moyen de contraindre le Hamas à libérer les 58 otages encore détenus à Gaza, y compris les 34 morts annoncés par l’armée.
A LIRE : Qui sont les 24 hommes présumés vivants toujours otages à Gaza ?
Les avis consultatifs de la CIJ ne sont pas juridiquement contraignants.
En janvier 2024, la CIJ avait sommé Israël de prévenir tout éventuel acte de génocide et de permettre l’accès de l’aide humanitaire à Gaza. En mars 2024, elle avait réclamé – à la demande de l’Afrique du Sud, qui accuse l’Etat hébreu de génocide – de nouvelles mesures israéliennes face à « la famine qui s’installe » dans le territoire palestinien.

En juillet dernier, la CIJ avait rendu un avis consultatif jugeant « illégale » « l’occupation » israélienne des Territoires palestiniens, exigeant qu’elle cesse dès que possible.
L’initiative de résolution de la Norvège a été déclenchée par une loi israélienne interdisant, dès la fin janvier, à l’UNRWA d’opérer sur le sol israélien et de coordonner ses activités avec le gouvernement israélien.
Les autorités israéliennes accusent certains employés de l’UNRWA d’avoir participé aux attaques du 7 octobre 2023 et des centaines d’autres d’être partisans du Hamas.