La coalition réagit à la rébellion législative d’Otzma Yehudit
Le président de la coalition a dit que les lois proposées par les "membres du parti qui ont voté contre la discipline de la coalition ne recevront pas le soutien de la coalition et ne seront pas à l'ordre du jour"
Le chef de la coalition, Ofir Katz, a annoncé que les propositions de loi du parti d’extrême-droite Otzma Yehudit seraient retirés de l’ordre du jour de la Knesset, ce parti ayant annoncé son intention de continuer à voter contre les projets du gouvernement.
Par voie de communiqué, Katz a déclaré que « jusqu’à nouvel ordre, les propositions de loi des membres d’Otzma Yehudit ayant voté contre les intérêts de la coalition ne se verront pas soutenues par la coalition et ne seront pas inscrites à l’ordre du jour ».
Les projets de loi gouvernementaux présentés par le ministre de la Sécurité nationale et chef du parti Otzma Yehudit, Itamar Ben Gvir, « seront examinés sur le fond et seuls les projets de loi urgents relatifs à la sécurité du pays pourront être adoptés », a-t-il ajouté.
Otzma Yehudit vote contre la coalition depuis la mi-décembre – Ben Gvir menaçant de ne pas se soumettre à la discipline de la coalition tant que les réductions budgétaires prévues dans son ministère n’auront pas été annulées et que des mesures ne seront pas prises pour limoger la procureure-générale Gali-Baharav Miara.
Cette révolte de Ben Gvir avait obligé le Premier ministre Benjamin Netanyahu à quitter son lit d’hôpital après une opération chirurgicale pour procéder à un vote crucial sur un projet de loi relatif au budget. Boaz Bismuth, député du Likud, avait également été contraint de se rendre à la Knesset au milieu de la shiva, la période de deuil juif de sept jours, en l’honneur de feu sa mère.
La loi – qui avait finalement été adoptée par 59 voix contre 58, avec le vote décisif de Netanyahu – permet au gouvernement de taxer les « profits piégés », c’est-à-dire les gains réalisés par les entreprises et les multinationales qui ne sont pas distribués sous forme de dividendes aux actionnaires, mais qui sont réinvestis dans le développement des entreprises, dans les infrastructures et dans les centres de recherche et de développement. Jusqu’à présent, ces bénéfices étaient exonérés d’impôt afin d’encourager les investissements.
S’il est peu probable que Netanyahu renvoie Ben Gvir, des collaborateurs du Premier ministre ont confié la semaine dernière à la chaîne d’information N12 que le chef du gouvernement traiterait dorénavant cet allié apparent comme un adversaire politique – qui devrait finir par quitter la coalition.
Dans une déclaration faite samedi soir, Ben Gvir s’est excusé de ne pas avoir offert un vote de compensation – un vote effectué par un autre député en lieu et place de Netanyahu et de Bismuth – lors du vote de la semaine dernière mais il a insisté sur le fait qu’Otzma Yehudit « continuera à voter conformément à nos principes », et ce jusqu’à ce que ses demandes budgétaires soient satisfaites. Il a également déclaré qu’il offrirait une compensation à Netanyahu jusqu’à ce que ce dernier soit complètement rétabli.
Répondant aux excuses de Ben Gvir, Katz a estimé dimanche qu’il était « impensable » qu’Otzma Yehudit « présente des excuses et promette en même temps de continuer à perturber le travail de la coalition ».
En riposte, Otzma Yehudit a fait savoir que son « idéologie a toujours été de ne pas craindre les ‘sanctions’ [de la coalition] », promettant de « continuer à se battre sans crainte aucune pour le peuple d’Israël ».
Interrogée sur l’annonce de Katz, Limor Son Har-Melech, députée d’Otzma Yehudit, a déclaré au Times of Israel qu’elle regrettait le fait « qu’en raison d’une vendetta politique discriminatoire, le gouvernement de droite choisisse de bloquer une législation qui bénéficie à tous les citoyens d’Israël ».
Ben Gvir a l’habitude de menacer ses partenaires de coalition et de boycotter les votes pour faire avancer ses objectifs politiques.
Au mois de janvier dernier, il avait menacé la stabilité de la coalition au sujet des règles d’engagement – qui régissent les tirs à balle réelle – pour les soldats de Tsahal dans la bande de Gaza, un mois seulement après avoir menacé de quitter la coalition au sujet de la prise en charge, par le gouvernement, de la guerre contre le Hamas, affirmant qu’il partirait si l’offensive militaire ne se poursuivait pas « à pleine puissance ».
Au mois d’avril, il avait écrit sur X qu’un « accord imprudent [de libération d’otages] signifiait la dissolution du gouvernement » et au mois de juin, son parti avait annoncé qu’il cesserait de voter avec la coalition afin de forcer Netanyahu à divulguer les détails d’une proposition israélienne pour un accord avec Gaza.