La communauté internationale organise une aide d’urgence pour l’armée libanaise
Les contributions ne passeront pas par les autorités gouvernementales intérimaires et feront l'objet d'un "mécanisme de suivi", en lien avec la Coordinatrice spéciale de l'UNSCOL
Une vingtaine de pays ont convenu d’une aide d’urgence jeudi à l’armée libanaise, « essentielle pour la stabilité du pays » mais frappée de plein fouet par une crise économique sans précédent, a annoncé le ministère français des Armées.
Face à cette crise qui ébranle tout le Liban, l’armée s’est déclaré dans l’incapacité de payer suffisamment ses soldats et a formulé des besoins très précis d’aide immédiate (nourriture, médicaments, carburant, pièces détachées), s’élevant à plusieurs dizaines de millions d’euros.
La ministre française des Armées Florence Parly a présidé une visioconférence en ce sens, réunissant les pays membres du Groupe de soutien international au Liban (États-Unis, Russie, Chine, Allemagne Italie..) et des pays du Golfe. Aucune annonce concrète n’a toutefois été communiquée à l’issue de la réunion.
« Si de nombreux pays ont déjà apporté une aide significative à titre bilatéral, la gravité de la crise libanaise appelle à un engagement et une coordination accrus de tous » en faveur des Forces armées libanaises (FAL), a relevé le ministère français des Armées dans un communiqué.
« Les FAL demeurent un pilier essentiel de l’État libanais » et « jouent un rôle clé dans le maintien de la sécurité à travers le pays », a-t-il souligné. « Leur cohésion et leur professionnalisme restent essentiels pour préserver la stabilité du pays », a-t-il insisté.
« Ce soutien exceptionnel est une réponse d’urgence qui ne peut se substituer aux réformes indispensables dont le Liban a aujourd’hui impérieusement besoin pour sa stabilité », a-t-il toutefois également martelé.
La communauté internationale subordonne tout soutien économique ou financier au Liban à des réformes structurelles et à la mise en place d’un nouveau gouvernement, qui tardent à se concrétiser.
Le président français Emmanuel Macron a mis une forte pression en ce sens depuis l’été dernier sur les dirigeants libanais, jusqu’ici en vain. Le pays est toujours sans gouvernement depuis dix mois, faute d’entente entre les partis au pouvoir, accusés par la rue de laisser couler le pays.
Les contributions annoncées à la réunion seront « destinées directement aux FAL », a-t-on précisé à Paris. Elles ne passeront donc pas par les autorités gouvernementales intérimaires et feront l’objet d’un « mécanisme de suivi », établi par les FAL, en lien avec la Coordinatrice spéciale des Nations unies pour le Liban (UNSCOL).
L’effondrement économique que traverse le Liban, le pire de son histoire, s’accompagne d’une dépréciation inédite de la monnaie, qui a perdu 90 % de sa valeur face au dollar.
Cette dépréciation a fait fondre les salaires, les soldes de militaires mais aussi le budget de l’État, y compris pour les FAL.
Il y a un an, l’armée avait annoncé qu’elle ne servirait plus de viande dans les repas proposés aux soldats, en raison de la flambée des prix.
La France, l’Egypte, les Émirats arabes unis et la Turquie comptent aujourd’hui parmi les plus grands donateurs de vivres pour ses soldats.
Les États-Unis restent toutefois le plus grand bailleur, augmentant cette année les fonds destinés à l’armée libanaise de 15 millions de dollars à 120 millions de dollars.