La fondation judéo-espagnole de Madrid engage 40 M de dollars pour son futur musée
Situé dans le très chic quartier Salamanque, ce sera le tout premier musée de cette nature en Espagne et dans la péninsule ibérique, selon un de ses fondateurs
La fondation judéo-espagnole de Madrid a signé le bail d’un bâtiment qui dit-elle, accueillera sous peu le premier grand musée juif d’Espagne et même de toute la péninsule ibérique.
Situé au 21 de la rue Castelló, dans le très chic quartier Salamanque de Madrid, le bâtiment appartient à la société du métro de Madrid et se compose de trois entrepôts de type industriel d’une superficie de quelque 2 000 mètres carrés. Le loyer est de 720 000 dollars par an, et la fondation judéo-espagnole a fait savoir qu’elle verserait 20 millions de dollars à l’avance pour couvrir le loyer et les taxes des 20 prochaines années, a déclaré David Hatchwell Altaras, président de la fondation judéo-espagnole juive de Madrid, au Times of Israel.
La façade centenaire du bâtiment est l’oeuvre du célèbre architecte Antonio Palacios.
L’intérieur devra faire l’objet de travaux pour un montant de 20 millions de dollars, explique Hatchwell, président de la Fundación HispanoJudía, organisation à but non lucratif qui travaille depuis 2016 à la création de ce musée, auquel elle souhaite donner le nom de Musée hispano-juif de Madrid.
Le musée, qui ne devrait pas ouvrir ses portes avant deux ans, se consacrera au patrimoine séfarade et à son influence sur la culture espagnole et, par extension, à celle de l’ensemble du monde hispanophone.
« Nous aimerions que ce musée incite les gens à se poser des questions, non seulement sur les Juifs, mais sur eux-mêmes », explique Hatchwell, soulignant l’influence génétique et culturelle des Juifs espagnols sur leur société.
« Ce ne sera pas un musée classique, mais un musée qui encourage un voyage », dit-il.
« Les analyses génétiques attestent que 20% au moins de la population de la péninsule ibérique a des origines séfarades, ce qui correspond à ce que nous savons, à savoir que plusieurs milliers de Juifs forcés à la conversion au christianisme se sont mêlés au reste de la population au fil des années. »
Le musée d’histoire de Barcelone a une exposition sur la communauté juive autrefois influente de la ville. L’Espagne possède plusieurs petits musées juifs, comme à Palma de Majorque. Mais ni lui ni le Portugal voisin, où la fondation judéo-espagnole travaille à la création d’un grand musée juif, n’ont des institutions d’un calibre comparable à celles de Paris, Amsterdam, Berlin ou Moscou.
Hatchwell aimerait que cela change, mais sans financement public.
« Nous souhaitons être indépendants, et cela n’est possible que si nous le faisons nous-mêmes », explique-t-il au Times of Israel.
Les fonds nécessaires au bail et aux travaux seront apportés par plusieurs donateurs d’Espagne et d’ailleurs, ajoute-t-il.
L’Espagne, qui avant l’Inquisition espagnole comptait pas moins de 250 000 Juifs, en compte aujourd’hui aujourd’hui 40 000 aujourd’hui.
« Il peut sembler étrange que l’Espagne, berceau de tant de culture et de philosophie juives, n’ait pas de musée juif comparable à ceux des autres grandes capitales européennes. Mais l’Inquisition, qui a commencé en 1492, n’a pris fin officiellement qu’au 19ème siècle. »
Lorsque la vie juive a repris ses droits en Espagne, dictature pro-catholique jusqu’en 1975, « les dirigeants de la communauté juive n’ont eu ni le temps ni les ressources pour mener de grands projets. Ils ont ouvert des synagogues et des écoles juives », explique Hatchwell. Il y a un temps pour tout, et aujourd’hui, le temps est enfin venu pour ce grand musée juif. »