Le combat d’une militante juive pour l’accès au mont du Temple
Linda Olmert veut faire de la prière juive sur le site saint une question de droits civils
Linda Olmert n’est pas une militante typique du mont du Temple. Elle est laïque, réside dans la très chic banlieue de Tel Aviv de Raanana et ne souhaite pas voir la construction d’un troisième Temple avant la venue du Messie.
Néanmoins, Olmert est passionnément vouée à rétablir et à protéger le droit des juifs de prier sur le lieu saint, pôle de tant de tensions religieuses et politiques ces derniers mois.
Olmert collabore étroitement avec Yehuda Glick, le rabbin qui a survécu à une tentative d’assassinat perpétrée par un musulman palestinien, opposé à son initiative de rétablir la prière juive sur le mont du Temple.
Olmert et Glick font partie des cofondateurs d’une organisation appelée Haliba (acronyme hébreu de Hameizam Lechofesh Yehudi Behar Habayit, ou initiative pour une liberté juive sur le mont du Temple), où Olmert occupe la fonction de directrice adjointe.
Depuis la conquête de la Vieille Ville des mains de la Jordanie à la guerre des Six jours en 1967 et la réunion de l’est et de l’ouest de Jérusalem, Israël est souverain sur le mont du Temple, le site le plus sacré des Juifs et le troisième plus saint pour les musulmans sunnites après La Mecque et Médine.
Mais l’administration et la gestion du site restent le privilège du Waqf islamique de Jérusalem, une institution religieuse jordanienne. Si la liberté d’accès est officiellement inscrite dans la loi israélienne de préservation des Lieux Saints, dans les faits, la police israélienne interdit aux juifs de prier sur le mont du Temple pour des raisons de sécurité.
Les personnes qui revêtent un symbole religieux juif comme une kippah ou des tzitzit (franges) ne peuvent se déplacer librement sur le mont du Temple, mais doivent être accompagnées d’un officier israélien de la police des frontières et d’un représentant du Waqf. En outre, les non-musulmans ne peuvent entrer sur le mont du Temple qu’à travers une seule de ses nombreuses portes.
« Tout le monde discute de savoir si cela vaut la peine de mettre en péril le statu quo. Mais quand est-il jamais dans l’intérêt de quiconque d’apaiser une brute ? », interroge Olmert au sujet des musulmans qui harcèlent les juifs sur le mont du Temple dans une récente interview avec le Times of Israel.
« Nous avons appris à partir de divers exemples dans l’histoire et l’éducation que céder à l’intimidation n’est jamais une bonne idée », dit-elle. « Ils savent que le mont du Temple est central pour nous. Si nous cédons sur Jérusalem, où sera la limite ? »
Si les informations sur des musulmans détruisant et balayant des preuves archéologiques trouvées sur le mont du Temple ne la laissaient pas indifférente, la lutte pour permettre la prière juive sur le site saint n’était pas sienne jusqu’à il y a un an et demi, lorsqu’elle a compris qu’elle pouvait définir ce combat en termes de droits civils.
Auparavant, les seuls juifs impliqués, à sa connaissance, étaient ceux qui voulaient bâtir un troisième Temple sur le mont.
« Je ne pouvais m’identifier avec eux », reconnaît-elle.
Toutefois, lorsque le Israel Independence Fund (IFF) – une initiative philanthropique de soutien de projets communautaires ayant pour objectif de renforcer Israël, le sionisme et le peuple juif – a parlé d’une prière et d’une congrégation juives sur le mont du Temple dans le cadre de droits civils, Olmert a décidé de s’engager.
« Avec le soutien de l’IIF, nous avons formé Haliba en tant que groupe de lobbying pour les droits civils juifs sur le mont du Temple », explique Olmert.
« Nous ne faisons pression pour les droits de personne d’autre, parce que rien n’empêche les autres d’y monter et de prier comme ils le souhaitent. »
Olmert travaille en étroite collaboration avec Glick, même si elle admet être en désaccord avec lui sur la question de la reconstruction du Temple. En fait, elle a choisi de ne pas assister à la conférence au centre Menachem Begin Heritage de Jérusalem, dans laquelle Glick est intervenu juste avant de se faire attaquer en cette soirée du 29 octobre, justement parce que son sujet abordait la reconstruction du Temple.
Mais Olmert a rencontré Glick à Jérusalem seulement trois heures avant l’incident.
« Lors de la réunion, il a affirmé que personne ne se souciait de notre travail sur le mont du Temple, et a parlé des menaces qu’il recevait, » se souvient-elle. « Il a annoncé que rien ne changera tant que du sang juif ne serait pas versé. »
Après la fusillade, où Glick fut grièvement blessé, Olmert a reçu un appel de l’un des membres de son groupe qui se trouvait à la conférence avec Glick.
« J’étais en état de choc, » se souvient-elle.
Mais Olmert est catégorique : la tentative d’assassinat de Glick ne la fera pas faiblir. Et d’après des conversations qu’elle a eues avec Glick depuis sa sortie de l’hôpital, lui aussi ne serait pas moins fervent et dévoué à leur cause commune.
Cela ne signifie pas qu’Olmert, qui a travaillé dans l’éducation juive avant de se consacrer à sa croisade sur le mont du Temple, ne craint pas, dans une certaine mesure, pour sa sécurité personnelle.
Jusqu’à présent, elle a réussi à passer inaperçue, principalement en raison du fait que son apparence non religieuse [elle porte un pantalon et ne se couvre pas la tête] n’éveille pas l’attention de la police ni des représentants du Waqf.
Olmert, 60 ans, qui se décrit comme une juive « traditionnelle », est l’unique fille de survivants de la Shoah qui se sont installés à Toronto, au Canada, après la Seconde Guerre mondiale. Elevée dans une maison très sioniste, elle savait depuis l’âge de six ans qu’elle immigrerait un jour en Israël (ce qu’elle a fait en 1975, à l’âge de 21 ans).
« Honnêtement, je pensais que j’avais un frère appelé Israël », raconte-t-elle. « Si j’avais besoin d’un nouveau manteau ou d’une nouvelle paire de chaussures, mes parents, qui étaient pauvres, débattaient toujours pour savoir s’ils devaient m’acheter le nouvel article ou plutôt envoyer de l’argent en Israël. »
Trois ans jour pour jour après son arrivée en Israël, elle a épousé Yossi Olmert, le frère de l’ancien Premier ministre israélien Ehud Olmert. Le mariage, qui a donné trois filles, a pris fin il y a dix ans, suite à un important scandale financier où était impliqué son mari, un universitaire qui a maintes fois tenté d’embrasser une carrière politique, sans succès.
Olmert ne comprend pas pourquoi pas plus de juifs, à la fois en Israël et à l’étranger, ne sont préoccupés par les droits civils des juifs sur le mont du Temple.
« Le mur Occidental est devenu le pôle d’attraction des juifs, mais se focaliser sur le mur, c’est comme organiser une fête chez vous et apporter les plats à la barrière, dans la cour, et nourrir vos invités là-bas, » dit-elle.
Lorsque Olmert a commencé à s’impliquer dans Haliba, elle accompagnait des groupes de juifs au mont du Temple quelques fois par semaine. Mais le projet de faire venir autant de juifs que possible sur le mont a été écarté en raison de difficultés logistiques. Les jours et les heures où les non-musulmans peuvent visiter le site sont limités, et les « fermetures arbitraires » imposées par la police risquent d’empêcher les juifs religieux, – qui parcourent parfois de longues distances et procèdent à des préparatifs rituels, – d’atteindre le mont.
Aujourd’hui, le conseil de Haliba (composé de juifs de tendance laïque en passant par les ultra-orthodoxes) a revu sa stratégie, décidant qu’avoir recours à la loi est sa meilleure option.
Selon Olmert, l’organisation prépare une affaire à traduire en justice. Elle écoute actuellement les dépositions d’individus victimes de harcèlement et de violations de droits civils sur le mont du Temple.
« La Cour suprême a statué 16 fois que les juifs peuvent prier sur le mont du Temple, sous réserve d’une police discrète. Le problème, c’est que le gouvernement permet à la police de prendre des mesures pour interdire la prière juive, au lieu d’arrêter les émeutes musulmanes », déclare Olmert.
Elle rejette toute idée de suspension de modification du statu quo sur le mont du Temple jusqu’à ce que le statut de Jérusalem soit défini dans le cadre d’un accord de paix avec les Palestiniens.
« Un accord de paix sans l’accès juif total sur le mont du Temple est un oxymore », conclut-elle.
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