La famille d’Abu Khdeir retire l’affiche de leur fils assassiné
La famille de ce garçon tué par des Israéliens avait placardé une affiche géante sans autorisation
Stuart Winer est journaliste au Times of Israël
La municipalité de Jérusalem a ordonné à la famille de Mohammed Abu Khdeir, l’adolescent arabe tué par des Israéliens cet été, d’enlever une bannière géante à l’effigie de leur fils – ou de payer une amende de milliers de shekels par jour.
Selon un rapport de la Deuxième chaîne ce dimanche, la municipalité a contacté la semaine dernière Hussein Abu Khdeir, le père de la victime, et l’a averti que si l’affiche géante de son fils restait placardée sur un bâtiment du quartier de Shuafat, à Jérusalem-Est, il serait condamné à une amende de 3 000 shekels (environ 630 €) par jour.
L’affiche présente le portrait du garçon de 16 ans, Mohammed Abu Khdeir, avec un texte indiquant que le quartier est en deuil. Elle est accrochée depuis quatre mois ; soit depuis son assassinat par trois terroristes juifs qui avaient enlevé l’adolescent, l’avaient battu jusqu’à ce qu’il tombe inconscient et l’avaient brûlé vif.
La municipalité de Jérusalem a expliqué que le fait de placarder une telle affiche était illégal et en violation des codes de la ville, mais qu’elle avait attendu quatre mois pour agir, par sympathie pour la famille endeuillée.
« Après avoir parlé avec la famille, il a été convenu la semaine dernière que l’affiche serait enlevée » a fait savoir la municipalité, tout en rappelant que l’affichage de signes, de grandes affiches ou de bannières requérait un permis municipal.
La famille a rapidement retiré l’affiche géante.
Un des membres de la famille Abu Khdeir a déclaré que la demande de la ville était venue trop tôt après le meurtre sachant que le procès des suspects, qui ont avoué l’assassinat, n’est pas encore terminé. La demande ne ferait qu’accroître les tensions dans le quartier, théâtre d’émeutes continuelles depuis l’assassinat qui a eu lieu à la fin du mois de juin.
« Ils n’ont toujours pas puni les assassins, le procès est toujours en cours – et voilà ce qui les dérange, » a déclaré Abu Khdeir à la Deuxième chaîne. « Cette demande ne va pas calmer les choses ici, mais seulement mettre de l’huile sur le feu. Cela attise l’extrémisme et la tension entre nous et les Juifs.»
En juillet, le tribunal de district de Jérusalem avait inculpé trois suspects pour le meurtre : Yosef Haim Ben-David, 29 ans, résidant dans l’implantation d’Adam en Cisjordanie, et deux mineurs de 16 ans – un de Jérusalem, l’autre de Beit Shemesh. Selon l’acte d’accusation, l’adulte et l’un des mineurs ont des antécédents de maladie mentale et sont actuellement sous traitement.
Au cours des interrogatoires, les suspects ont dit qu’Abu Khdeir avait été tué en représailles à l’enlèvement et à l’assassinat en juin des trois étudiants israéliens – Naftali Fraenkel, Gil-ad Shaar et Eyal Yifrach – par des terroristes palestiniens du Hamas basés en Cisjordanie.
Ces enlèvements avaient, entre autres facteurs, déclenché une guerre de 50 jours à Gaza entre Israël et le Hamas ainsi que des émeutes à Jérusalem qui ont augmenté de façon constante au cours de l’été et de l’automne.