La joueuse de cricket exclue des Maccabiades va au tribunal
Naomi Eytan demande une injonction qui lui permettrait de jouer aux côtés de son équipe en Israël cet été
Stuart Winer est journaliste au Times of Israël
Une adolescente qui lutte actuellement pour conserver sa place dans l’équipe nationale de cricket, composée, à part elle, exclusivement de garçons, pour pouvoir jouer lors des Maccabiades a porté son combat dimanche devant le tribunal pour tenter d’obliger les responsables à la réintégrer dans la formation.
Naomi Eytan, âgée de 14 ans, a joué dans l’équipe nationale israélienne de cricket des moins de 19 ans pendant toute la saison, seule fille de l’équipe des 15 meilleurs joueurs du pays. Avec les Maccabiades qui commencent le mois prochain, elle s’attendait à se joindre à ses coéquipiers pour jouer contre les joueurs de cricket juifs du monde entier, mais les organisateurs lui ont annoncé qu’elle ne pouvait pas jouer dans l’équipe car il s’agissait d’une équipe masculine.
Les Maccabiades, considérés comme les Jeux olympiques juifs, rassemblent des dizaines de milliers d’athlètes du monde entier en Israël. Cette année, l’événement se déroule du 4 au 18 juillet.
Eytan et sa mère Carmel Eytan, porte-parole de l’organisation israélienne des défense des droits des femmes, et avec le soutien direct de Naamat devant les juges, a porté plainte devant la cour de district de Tel Aviv contre le Comité des Maccabiades et contre l’organisation Maccabiah International.
L’Association israélienne de cricket s’est également rangée du côté d’Eytan. Son directeur, Naor Gudker, a transmis une déclaration écrite sous serment transmise dans la plainte qui a été déposée et dans laquelle il a détaillé le processus de sélection, effectué sur la seule base du mérite, qui a permis à l’adolescente d’entrer dans l’équipe.
« Je pense que les gens qui jouent au cricket [en Israël] veulent, et d’une seule voix, que Naomi puisse jouer, a-t-il déclaré dimanche au Times of Israël. Les raisons de l’entêtement des Maccabiades dans cette affaire me laissent perplexe. Tout ce que je sais, c’est que cette jeune fille est assez bonne pour jouer dans notre équipe. »
La semaine dernière, Toy Hassing, porte-parole du Comité des maccabiades, avait indiqué que la décision prise contre Eytan se basait sur des régulations établies par l’ICC (International Cricket Council), l’organisme mondial qui gouverne la discipline.
Hessing a indiqué au Times of Israël que les réglementations relatives à la séparation des genres avaient pour objectif de rendre le sport équitable et sûr.
« Il n’y aura pas de précédent » établi pour Eytan, a-t-il indiqué. « Ce n’est pas une demande rationnelle par rapport aux régulations internationales. »
Evoquant la lutte menée par Eytan et le soutien qu’elle a reçu de la part d’un grand nombre de joueurs de cricket locaux, Hassing a ajouté que « nous fonctionnons conformément aux régulations et non aux demandes publiques. »
La règle particulière citée par Hessing est issue des règlements de l’ICC (lien du PDF en anglais) concernant les compétitions mixtes :
La section 1.1.1.6 de la politique de reconnaissance de genre établi que : « de manière plus pertinente pour les desseins présents, et en raison des avantages significatifs en taille, en force et en puissance (en moyenne) des hommes sur les femmes à partir de la puberté […] il est nécessaire d’avoir des catégories séparées pour les hommes et les femmes afin de préserver la sécurité, l’équité et l’intégrité du sport au profit de tous les participants et de toutes les parties. »
Si nécessaire, a indiqué Hessing, le Comité des maccabiades est prêt à défendre sa position devant la cour.
Carmel Eytan a jugé « déraisonnable » la décision d’interdire à sa fille de jouer.
Bien que ce soit rare, des femmes ont déjà joué dans des équipes masculines de cricket dans des ligues semi-professionnelles et même professionnelles. L’exemple le plus récent est celui de Sarah Taylor, née en Angleterre, qui en 2015 a joué un match pour l’équipe du Nothern Disctricts contre Port Adelaide en Australie.
D’autre part, les événements mixtes gagnent en popularité et le Comité international olympique a récemment décidé que les Jeux 2020 de Tokyo comprendront des compétitions de natation et d’athlétisme pour des équipes mixtes.