La Knesset adopte une loi taillée sur mesure pour un proche de Deri
Définitivement approuvée, le texte aidera le maire suppléant de Tibériade issu du Shas à se présenter à la mairie sans la période d'attente qui était jusqu'à présent obligatoire
Un projet de loi annulant l’obligation, pour les maires par intérim, de respecter une période d’attente avant de se présenter à des élections municipales a été approuvé en deuxième et troisième lectures mercredi matin, ce qui permettra à un proche d’Aryeh Deri, le leader du parti Shas, de prendre part au scrutin dans la course à la mairie de Tibériade.
Ainsi, il ne sera plus exigé par la loi de la part des maires suppléants et autres responsables ayant été nommés à des fonctions d’élus de respecter une période d’attente avant qu’ils puissent se présenter à un tel mandat – une période qui était jusque-là obligatoire. Cette mesure avait été adoptée en 2008 pour empêcher les officiels non-élus de bénéficier de l’avantage structurel d’un maire sortant.
La Knesset a donné son aval à la mesure à 43 voix « Pour » contre 32 « Contre » en deuxième lecture et en troisième lecture – les deux dernières étapes de l’adoption définitive d’un texte de loi.
Parrainée par le député du Likud Amit Halevi, le projet de loi est largement considéré comme ayant été taillé sur mesure pour soutenir Boaz Yosef, maire par intérim de Tibériade qui n’aurait pas pu prendre part à la course électorale le cas échéant.
Yosef avait pris le siège de maire par intérim en 2020. Il avait été nommé à ce poste par le ministre de l’Intérieur de l’époque, Deri, après que le maire Ron Kobi eut été démis de ses fonctions. Yosef serait un proche de Deri, qui fait lui-même partie du cercle intime du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Une candidate à la mairie de Tibériade appartenant au Likud a déclaré, lundi, devant une commission de la Knesset que des postes attrayants lui avaient été proposés si elle acceptait de se retirer de la course électorale, apparemment pour renforcer les chances de Yosef.
Alors que le projet de loi avait été soutenu par le Likud, certains membres du parti avaient exprimé leur indignation face à son contenu. Début juin, Tally Gotliv, députée du Likud, avait déclaré à un groupe interne de la formation dans un groupe WhatsApp qu’elle estimait que la législation « puait ».
Halevi, de son côté, assure que le projet de loi redonne le droit aux électeurs de faire un choix démocratique.
Ce projet de loi fait partie des législations très controversées qui accompagnent le projet de refonte du système de la justice israélien en Israël, qui a entraîné de vives agitations dans le pays.
L’ancien ministre de la Justice, Gideon Saar, membre de l’opposition, a prédit que la mesure ne pourrait pas être acceptée par les magistrats lors d’un éventuel réexamen judiciaire. Le plan de refonte du système de la justice israélien, tel qu’il est avancé par la coalition, comprend notamment l’interdiction du réexamen judiciaire des lois adoptées à la Knesset et des décisions prises par le gouvernement.
Les élections municipales doivent avoir lieu le 31 octobre.