La Knesset va voter pour exclure un député arabe qui a dit « Gaza va gagner »
« Aujourd'hui, c'est moi, demain ce sera vous », a dit Ayman Odeh en fustigeant les membres de l'opposition qui ont soutenu la demande de vote pour l'exclure, laquelle requiert 90 voix

La Knesset va voter pour exclure de ses rangs le député arabe Ayman Odeh, qui a déclaré lors d’une manifestation contre la guerre « Gaza a gagné et Gaza va continuer de gagner », selon le membre de la coalition à l’origine de la procédure.
C’est le député Avichay Boaron, membre du parti au pouvoir, le Likud, qui a présenté mercredi au président de la Knesset, Amir Ohana, une demande de vote, lequel requiert une majorité spéciale de 90 voix, a indiqué Buaron sur X.
« Ceux qui poignardent dans le dos les soldats de Tsahal et l’État d’Israël ne peuvent pas être membres de la Knesset », a déclaré Boaron dans une vidéo. On ignore à ce stade à quelle date aura lieu le vote de la Knesset sur l’exclusion d’Odeh.
Selon une loi de 2016, ces demandes doivent être signées par 70 députés, dont dix de l’opposition, sur les 120 membres que compte la Knesset.
Une demande similaire avait été faite, l’an dernier, à l’encontre du député Ofer Cassif, membre du parti communiste binational Hadash d’Odeh, auquel on reprochait d’avoir dit son soutien à l’examen par la Cour internationale de justice des accusations de génocide à Gaza. Le vote concernant Cassif n’avait pas été concluant puisque 85 députés seulement avaient voté son exclusion.
Odeh s’est élevé contre cette procédure d’expulsion en laquelle il voit une nouvelle manoeuvre pour « priver les citoyens arabes d’Israël de leur droit à la représentation politique et à l’égalité et revenir sur la participation électorale des communautés arabes ».

« Aujourd’hui, c’est moi : demain ce sera vous », a écrit Odeh sur X mercredi, à la fois en hébreu et en anglais.
« Le fait que des membres de l’opposition aient choisi de se joindre à la demande et aient ainsi aidé à recueillir les 70 signatures est le signe d’une coopération totale avec la campagne orchestrée par le Likud », a-t-il déclaré.
« Depuis le début de la guerre, nous entendons des appels au génocide de la part de députés de la coalition, et pourtant aucun d’entre eux n’a été exclu », a accusé Odeh. « Mais quand un député arabe ose dire la vérité… On se dépêche de le faire taire. »
« C’est le premier pas sur le chemin sombre vers la fin des élections libres et l’effacement du principe de l’égalité devant la loi », a poursuivi Odeh. « Je n’ai pas peur, parce que je sais que je ne suis pas seul. J’ai avec moi des centaines de milliers de Juifs et d’Arabes, unis en faveur de la fin de ce conflit. »
La demande concernant Odeh a été initiée dès janvier dernier suite à une déclaration du député disant sa satisfaction que les otages israéliens et les prisonniers palestiniens soient libérés dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu à Gaza conclu ce mois-là, 15 mois après le début de la guerre, déclenchée par le pogrom du Hamas, le 7 octobre 2023.
Buaron a déclaré mercredi que la demande avait recueilli 70 signatures, et que d’autres députés y avaient ajouté la leur suite aux propos tenus par Odeh lors d’un rassemblement à Haïfa, le week-end dernier, contre la guerre de Gaza.

Après le discours d’Odeh, Boaron avait déclaré qu’à sa « grande surprise et profonde consternation, nombre de députés de l’opposition – et même quelques-uns de la coalition – n’ont pas signé la demande d’exclusion, ce qui fait que nous n’atteignons pas encore les 70 signatures ». Il avait ajouté qu’« un seul » membre du parti centriste Kakhol lavan et que « quelques membres » du parti centriste Yesh Atid avaient signé la motion.
On ignore encore quels sont les membres de Yesh Atid signataires de la demande présentée par Boaron.
Selon les médias israéliens, les dix députés de l’opposition signataires de la demande d’exclusion d’Odeh seraient les six membres du parti laïc-faucon Yisrael Beytenu ainsi que les députés Chili Tropper, Pnina Tamano-Shata, Matan Kahana et Michael Biton de Kakhol lavan.
On ignore à ce stade si les 68 membres de la coalition ont signé la demande de Buaron.