Israël en guerre - Jour 63

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La mère de 2 otages retourne à Nir Oz pour la première fois depuis le 7 octobre

Hadas Calderon supplie le gouvernement de ramener ses deux enfants et son ex-mari, enlevés le 7 octobre, jour où le Hamas a aussi assassiné sa mère et sa nièce

Carrie Keller-Lynn est la correspondante politique et juridique du Times of Israël.

Hadas Calderon avec des photos de ses enfants dont deux sont retenus en captivité par le Hamas, au kibboutz Nir Oz, le 30 octobre 2023. (Crédit : Carrie Keller-Lynn / The Times of Israel)
Hadas Calderon avec des photos de ses enfants dont deux sont retenus en captivité par le Hamas, au kibboutz Nir Oz, le 30 octobre 2023. (Crédit : Carrie Keller-Lynn / The Times of Israel)

NIR OZ — Pour la toute première fois depuis que le Hamas a pris deux de ses enfants en otage, Hadas Calderon est retournée lundi au kibboutz Nir Oz afin de pouvoir voir de ses propres yeux les lieux où les membres de sa famille ont été localisés pour la dernière fois en Israël.

« Le dernier message que j’ai eu d’eux, c’était à 8 heures 30 du matin », le 7 octobre, « et ils m’ont dit qu’ils avaient sauté par la fenêtre et qu’ils étaient partis en courant de la maison. Je ne sais pas s’ils sont vivants ou s’ils ont été assassinés », dit Calderon, évoquant Erez, 12 ans, et Sahar, 16 ans. Les enfants se trouvaient à ce moment-là avec son ex-mari, Ofer, qui a été lui aussi kidnappé par le Hamas et qui se trouve actuellement dans la bande de Gaza.

« Mes enfants ne sont jamais restés éloignés de moi plus de deux ou trois jours et aujourd’hui, ça fait trois semaines », ajoute Calderon, debout devant la maison détruite d’Ofer.

« Le Hamas a brûlé nos âmes, c’est l’enfer », continue-t-elle en sanglotant, alors qu’elle s’apprête à entrer dans les décombres de la maison carbonisée dont il ne reste que des murs noircis par les flammes.

Erez et Sahar Calderon, portés-disparus, avec leur père Ofer Calderon, qui aurait été pris en otage par le Hamas, le 7 octobre 2023. (Autorisation)

Calderon et un autre de ses fils ont survécu à ce calvaire en se barricadant dans leur pièce blindée. L’armée est venue les secourir environ huit heures plus tard. Sa mère, Carmela, 80 ans et sa nièce, Noya Dan, 12 ans, ont été tuées par les terroristes et leurs corps sans vie ont été retrouvés de l’autre côté de la frontière avec Gaza, à quelques mètres seulement. Elles avaient été kidnappés par les hommes armés.

Nir Oz, une communauté d’environ 400 âmes située à trois petits kilomètres de la frontière avec l’enclave côtière, a perdu presque la moitié de sa population pendant l’assaut barbare commis par le Hamas. Plus de cent résidents et une quinzaine d’ouvriers agricoles étrangers ont été assassinés pendant le carnage et environ 80 personnes ont été prises en otage, selon un porte-parole militaire.

Des chiffres qui donnent à Nir Oz l’effroyable particularité d’être le lieu de résidence d’environ un tiers des 243 otages approximativement qui sont actuellement retenus contre leur gré à Gaza.

Une maison détruite dans le kibboutz Nir Oz, le 30 octobre 2023. (Crédit : Carrie Keller-Lynn / The Times of Israel)

Arrivée dans le salon de la maison de son ex-mari, Calderon fait une pause, observant un graffiti en arabe, peint sur le mur, au nom des brigades Ezzedine al-Qassam, l’aile militaire du Hamas.

Comme dans de nombreux foyers des plus de trente communautés du pays qui ont été attaquées par le Hamas, le 7 octobre, le poste de télévision a disparu.

« Ils ont pris les télés, ils ont pris tout ce qu’ils pouvaient prendre et ils ont brûlé le reste », s’exclame-t-elle. « Ils ont brûlé la maison, ils ont brûlé nos vies ».

La chambre d’Erez, son fils préadolescent, était également la pièce blindée du foyer. Nous devons enjamber des modèles d’avion détruits pour entrer. La chambre est remplie de jouets, de médailles, de photos de la famille. Là, Erez, son père et sa sœur ont tenté de tenir à distance les terroristes qui étaient parvenus à pénétrer dans la maison avant de prendre la décision d’essayer de prendre la fuite.

Hadas Calderon devant la fenêtre de la pièce blindée d’où ses enfants et son ex-mari ont essayé d’échapper au Hamas avant d’être kidnappés et emmenés à Gaza, au kibboutz Nir Oz, le 30 septembre 2023. (Crédit : Carrie Keller-Lynn / The Times of Israel)

Calderon s’effondre en regardant à travers la fenêtre qui, espérait sa famille, serait sa planche de salut.

« Ramenez-moi mes enfants et ramenez-moi leur père. C’est tout ce que je veux, peu importe comment », dit-elle en pleurant, le visage sali par les cendres de la maison incendiée.

Nir Oz, comme de nombreuses localités prises pour cible par le Hamas, est une communauté dont la sensibilité politique des habitants penche à gauche, et nombreux résidents consacrent bénévolement du temps à transporter les Gazaouis de la frontière jusqu’aux hôpitaux israéliens, où ils reçoivent des soins grâce à des rendez-vous arrangés au préalable.

Yocheved Lifshitz, 85 ans, détenue en otage à Gaza après avoir été enlevée par le Hamas le 7 octobre lors de son assaut barbare, salue les médias au lendemain de sa libération, à l’hôpital Ichilov de Tel Aviv, le 24 octobre 2023. (Crédit : AP Photo/Ariel Schalit)

A côté de la maison d’Ofer, il y a la maison où vivent Yocheved et Oded Lifshitz. Yocheved, 85 ans, a été remise en liberté par le Hamas la semaine dernière tandis qu’Oded, 83 ans, est encore entre les mains du groupe terroriste dans la bande de Gaza.

Leur maison a elle aussi été incendiée. Un panneau métallique accroché sur la porte, disant « Dieu est vivant », est encore en place, tordu, abîmé, disparaissant sous une épaisse couche de cendres.

Ran Pauker, membre fondateur du kibboutz Nir Oz, le 30 octobre 2023. (Crédit : Carrie Keller-Lynn / The Times of Israel)

De l’autre côté vit Ran Pauker, qui raconte avoir été l’un des fondateurs de Nir Oz.

Pauker, qui avait neuf ans quand Israël a déclaré son indépendance en 1948, explique avoir traversé toutes les guerres du pays mais que c’est la première fois qu’il devient un « réfugié ». L’armée israélienne a procédé à l’évacuation des résidents restants de Nir Oz, comme elle a évacué les autres communautés frontalières de Gaza et les localités situées à proximité de la frontière avec le Liban, au nord.

Il est revenu à Nir Oz lundi, escorté par l’armée. C’est aussi la première fois, pour lui, qu’il retourne dans le kibboutz depuis le massacre. Le 7 octobre, il était dans la ville voisine de Sderot, qui a elle aussi été visée par les terroristes.

« Nous sommes dans une situation complètement stupide », explique-t-il, élevant la voix pour se faire entendre alors que le bruit des frappes israéliennes à Gaza, à courte distance, déchire le silence lourd du kibboutz.

La maison détruite de la famille Lifschitz au kibboutz Nir Oz, le 30 octobre 2023. (Crédit : Carrie Keller-Lynn / The Times of Israel)

Il raconte que cela fait plus de 50 ans qu’il vit dans la région – il y vivait déjà avant qu’Israël ne se retire de la bande de Gaza – ajoutant que « j’ai de très bons amis de l’autre côté de la frontière ; je ne peux pas les voir et ils ne peuvent pas me voir. »

Il déclare qu’il continue à parler avec ses amis de Gaza : « Pourquoi pas ? Ce sont des êtres humains. Ils ont des morts et nous avons les nôtres », indique-t-il.

Un graffiti peint en arabe à la bombe dit « Brigades al-Qassam » sur le mur de la maison de la famille Calderon, au kibboutz Nir Oz, le 30 octobre 2023. (Crédit : Carrie Keller-Lynn / The Times of Israel)

Pauker ne pense pas que d’interminables guerres contre les terroristes de Gaza seront la solution – mais il condamne avec fermeté l’assaut du Hamas qui a détruit la communauté qu’il avait aidé à faire naître.

« Ceux qui sont venus ici, on ne peut même pas les appeler des animaux parce que les animaux ne font pas ce qu’ils ont fait. On ne peut pas dire que ce sont des êtres humains parce que ce ne sont pas des êtres humains… Mais deux millions et demi de personnes à Gaza ? La majorité d’entre eux ne sont pas mes ennemis », explique-t-il.

Ron Bahat, né à Nir Oz, s’aventure dans la salle à manger communautaire incendiée, dont les murs sont criblés d’impacts de balle.

« Ils sont venus ici pour détruire », dit-il.

Se souvenant de son propre calvaire qui aura duré huit heures et demie, le 7 octobre, Bahat raconte que sa famille s’est défendue face aux tentatives de différentes « vagues » de terroristes qui cherchaient à entrer dans la pièce blindée de sa maison jusqu’à l’arrivée de l’armée, venue les secourir.

Ron Bahat, membre du kibboutz Nir Oz, raconte l’assaut des terroristes du Hamas, le 30 octobre 2023. (Crédit : Carrie Keller-Lynn / The Times of Israel)

Les messages affluaient dans les groupes WhatsApp du kibboutz, et « des parents suppliaient qu’on vienne en aide à leurs enfants, écrivant : ‘Ils ont mis le feu à ma maison, à l’aide’ – mais personne n’était en mesure d’offrir une aide quelle qu’elle soit ».

« Quand l’armée est venue nous libérer, nous avons vu ce qui restait de cet endroit si beau », dit-il, soulignant que des membres de sa famille élargie ont été kidnappés.

« J’espère que les infrastructures du Hamas seront détruites », ajoute-t-il, tout en doutant que cela suffira pour rassurer les résidents du kibboutz et pour les inciter à revenir vivre ici.

« Je crois que c’est prématuré de parler de retour », dit-il. « L’expérience a été terrible », dit-il en désignant le kibboutz autour de lui de son bras tendu.

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