La mère d’Issachar, détenue en Russie, retire sa requête devant la Haute cour
Yaffa Issachar ne tentera pas de stopper l'extradition d'Aleksey Burkov aux Etats-Unis, disant que sa fille ne sera pas un "pion" entre Jérusalem et Moscou
La mère d’une ressortissante israélo-américaine emprisonnée en Russie a demandé l’annulation d’une requête déposée auprès de la Haute cour de justice qui réclamait un délai dans l’extradition d’un hacker russe présumé aux Etats-Unis.
« Après étude profonde de la situation, j’ai décidé de revenir sur ma décision de faire appel » contre l’extradition du pirate, a déclaré Yaffa Issachar, la mère de Naama Issachar, 26 ans, selon les médias en hébreu.
« Naama ne sera pas un pion pour le hacker russe et les siens », a-t-elle continué.
« Je prie pour que ma décision n’aggrave pas la situation de Naama dans sa prison russe et je fais pleinement confiance au président et au Premier ministre qui continuent à travailler avec le président russe en faveur de la libération immédiate de ma fille », a-t-elle poursuivi.
Dimanche, la Haute-cour de justice avait ordonné une mise en suspens temporaire de l’extradition d’Aleksey Burkov, spécialiste des technologies de l’information qui avait été arrêté au sein de l’Etat juif en 2015 à la demande d’Interpol. Il est recherché aux Etats-Unis en raison d’une fraude massive à la carte bancaire qui lui aurait permis de dérober des millions de dollars à des clients américains.
Les responsables israéliens estiment que l’extradition aux Etats-Unis à venir de Burkov justifie en partie la condamnation d’Issachar par un tribunal russe à une peine de sept ans et demi de prison, au début du mois, pour trafic de drogues. Dix milligrammes de marijuana avaient été retrouvés dans son sac alors qu’elle faisait une escale à l’aéroport de Moscou sur le trajet qui la ramenait de l’Inde vers Israël, au mois d’avril.
« Il y a eu un développement dans le dialogue entre la famille et les responsables », a écrit la famille dans la demande soumise, mardi, visant l’annulation de l’appel.
Ce retrait de la requête permettra la mise en place d’initiatives « efficaces et ciblées » susceptibles d’entraîner la libération d’Issachar, a-t-elle ajouté.
Le ministre de la Justice Amir Ohana a signé, la semaine dernière, l’ordonnance d’extradition de Burkov, disant dans un communiqué que « la décision a été prise après de nombreuses délibérations en profondeur, ces dernières semaines, avec des parties variées et notamment avec des personnalités politiques et du système judiciaire ».
Ohana a rejeté l’idée que le sort d’Issachar soit lié à celui de Burkov, mettant en garde contre de graves conséquences si l’Etat juif devait consentir à un échange.
« Je suggère de ne pas créer un précédent qui serait très dangereux ici – celui qu’à chaque fois qu’un pays réclamera l’extradition de l’un de ses citoyens, il ne soit tenté d’arrêter un Israélien pour en faire un bouc émissaire », avait dit Ohana au micro de Kan, le mois dernier.
Des informations parues dans les médias en hébreu ont laissé entendre que les officiels israéliens penseraient qu’il y a un lien entre Burkov et les renseignements russes. Une possibilité vigoureusement démentie par Burkov au cours d’un entretien avec la Treizième chaîne.
Après la condamnation d’Issachar, Burkov avait soumis une requête devant la Haute cour pour lui demander de s’opposer à l’extradition. La famille d’Issachar avait également déposé une plainte dénonçant la décision prise par Ohana de donner suite à la même extradition.
Le tribunal, a statué, dimanche, que l’extradition serait gelée jusqu’à ce que les magistrats se prononcent sur la demande de Burkov.
Les avocats de ce dernier ont proposé, au cours de l’audience de dimanche, que le citoyen russe soit extradé aux Etats-Unis mais qu’il purge sa peine en Russie s’il est condamné.
Après la signature par Ohana de l’ordonnance d’extradition, qui avait obtenu le feu vert de la Cour suprême, la famille d’Issachar avait invoqué une décision « immorale et inhumaine », ajoutant que jusqu’alors, le ministre avait clamé que c’était un devoir pour Israël de faire libérer Issachar – « et que malheureusement, il a agi en contradiction avec ses déclarations ».
La famille avait ajouté que « chaque jour, les Russes rendent les conditions d’emprisonnement de Naama plus difficiles et il est de la responsabilité d’Israël de la sortir de ce cauchemar ».
Les responsables israéliens avaient confié, au début du mois, que Jérusalem avait refusé un échange de prisonniers – Burkov contre Issachar
La Russie cherche à rapatrier Burkov et a exercé des pressions en ce sens sur l’Etat juif, et ce de manière répétée.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, au début du mois, avait envoyé une requête officielle au président Poutine, réclamant la grâce d’Issachar. Moscou a depuis fait savoir que l’homme fort du Kremlin prendrait le dossier en considération.
Un responsable du ministère des Affaires étrangères a expliqué, le mois dernier, au site Ynet espérer qu’Issachar serait libérée d’ici la visite prévue à Jérusalem de Poutine, en tout début d’année prochaine.
Des rassemblements ont eu lieu à Tel Aviv et à New York, le 19 octobre, appelant à la libération de la jeune femme.