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La Nasa nomme un corps céleste inédit par un terme utilisé par les nazis

Issu de la littérature médiévale, « Ultima Thulé » désigne un endroit situé au-delà des frontières connues du monde, mais il a aussi longtemps été utilisé dans l'idéologie nazie

Image publiée par la Nasa, mercredi 2 janvier 2019. Ultima Thulé, à environ 1,5 milliards de km au-delà de Pluton. La sonde spatiale New Horizons l'a frôlé mardi 1er janvier 2019. (Nasa via AP)
Image publiée par la Nasa, mercredi 2 janvier 2019. Ultima Thulé, à environ 1,5 milliards de km au-delà de Pluton. La sonde spatiale New Horizons l'a frôlé mardi 1er janvier 2019. (Nasa via AP)

En début de semaine, la sonde spatiale de la Nasa New Horizons a survolé l’objet considéré comme le plus lointain jamais observé par une sonde.

Mais appeler cet objet transneptunien par sa désignation officielle « 2014 MU69 » était trop fastidieux et ennuyant pour les scientifiques de la Nasa, qui avaient envisagé 34 000 noms dans le cadre d’un concours public tenu en 2017.

C’est le nom Ultima Thulé, approuvé par 40 personnes, qui a remporté le vote. Il s’agit d’un terme issu de la littérature classique et médiévale qui signifie : un endroit situé au-delà des « frontières connues du monde ».

Mais il semble que la Nasa ignore qu’Ultima Thulé (prononcé Toulé) était un terme utilisé par les précurseurs du parti nazi, et même toujours employé par certains groupes d’extrême droite comme élément de leur mythologie.

Le magazine Newsweek est le premier à avoir fait le lien dans un article du mois de mars.

Image de la NASA de l’objet de la ceinture de Belt appelé “Ultima Thulé,” marqué par la croix au centre, entouré d’étoile. Image prise par la sonde spatiale New Horizons le 16 août 2018. (NASA/Laboratoire de physique appliquée de l’université Johns-Hopkins/Southwest Research Institute via AP)

En Allemagne, pour les occultistes d’extrême droite, Thulé, également appelé Hyperborée, renvoie à l’ancien berceau de la race aryenne. La société Thulé, fondée en 1918 autour de cette croyance et d’autres, devînt plus tard le parti nazi.

Astronome de l’Institut SETI et membre de l’équipe scientifique de New Horizons, Mark Showalter a dirigé le concours de noms. Il a expliqué à Newsweek que le terme Ultima Thulé possédait « une longue histoire », et que le nazisme n’est pas la première chose que les gens associent à ce terme, qu’il ignorait avant le concours.

Illustration de la sonde spatiale New Horizons fournie par la NASA. (NASA/JHUAPL/SwRI via AP)

« On associe principalement Thulé et Ultima Thulé au voyage et aux endroits exotiques et froids – aux équipements de voyage, on l’associe souvent aux endroits éloignés du Groenland », avait-t-il dit à Newsweek. « ‘Au-delà des limites du monde connu’ est une si belle métaphore et résume parfaitement ce que nous faisons cette année ».

La twittosphère s’est montrée sceptique quant à cette dénomination, comme le résume très bien ce tweet de Jacob Aron, rédacteur en chef adjoint du magazine New Scientist et petit-fils de survivants de la Shoah.

« Je ne savais pas qu’Ultima Thulé avait des connotations nazies », écrit-il. « D’une part, il a une signification historique claire, non nazie, semblable à la terra incognita. D’un autre côté, ce serait bien de passer plus d’une journée en 2019 sans penser aux nazis. »

Au moins deux groupes de musique – en Estonie et en Suède – s’appellent Ultima Thule, et quatre albums de groupes européens portent le même nom. C’est aussi le nom d’un recueil de poésie de Henry Wadsworth Longfellow et d’une nouvelle de Vladimir Nabokov. Il existe une ville en Arkansas appelée Ultima Thule et un ruisseau en Australie.

Une fois que New Horizons aura eu l’occasion de se rapprocher de l’objet et d’en déterminer les caractéristiques, les scientifiques de la Nasa choisiront un nom définitif. Il doit être approuvé par l’Union astronomique internationale, qui supervise tous les noms dans l’espace. Pour l’instant, il semble qu’elle n’approuve pas celui d’Ultima Thulé.

Bonhomme de neige rouge

Mardi, s’appuyant sur des premières images, floues, prises la veille, les scientifiques rapprochaient l’objet d’une quille de bowling. Mais après la réception de meilleures images, plus proches, ils sont parvenus à un nouveau consensus mercredi.

« La quille de bowling a disparu. C’est un bonhomme de neige ! » annonçait le chef de la mission, Alan Stern, depuis le laboratoire de physique appliquée de l’université Johns-Hopkins, à Laurel, où est pilotée la mission. L’image de la quille de bowling est « tellement 2018 », s’est amusé Alan Stern.
Le corps céleste s’était vu attribuer un nom avant que les scientifiques n’aient pu déterminer s’il s’agissait d’un objet ou de deux objets. Avec l’arrivée de ces nouvelles photos, ils nomment désormais le plus gros Ultima et le plus petit Thulé.

Jeff Moore, scientifique au centre de recherche Ames de la Nasa explique que les deux sphères se sont formées des suites de l’agglomération de cailloux glacés dans l’espace il y a des milliards d’années. Les sphères se sont ensuite rapprochées pour finir par se toucher – probablement « à une vitesse extrêmement réduite », quelques kilomètres par heure tout au plus – puis de s’agréger.

Malgré le point de collision, les deux lobes sont « bien accrochés » l’un à l’autre, d’après le scientifique.

D’après les scientifiques, il faut 15 heures à l’objet pour effectuer une rotation entière. S’il tournait vite – disons, une rotation toutes les trois, quatre heures – les deux sphères se sépareraient. L’objet est ce qu’on appelle « une étoile binaire à contact ». C’est la première jamais explorée par l’agence spatiale américaine. Apparue il y a 4,5 milliards d’années, lors de la formation du système solaire, il s’agit de l’objet le plus primitif observé d’aussi près.

De la taille d’une ville environ, Ultima Thulé possède une apparence tachetée, de couleur brique terne, sans doute en raison des effets des radiations inondant la surface glacée.

Les deux sphères sont de même couleur, alors que la partie à peine perceptible les reliant se révèle beaucoup moins rouge, ce qui est probablement dû aux particules dévalant les pentes à pic de cette zone.
Jusqu’à présent, aucune lune ni anneau n’ont été détectés. Les dernières photos n’ont pas révélé de cratères d’impact, même si quelques « mottes » et des sommets et des crêtes semblent s’y esquisser, ont déclaré les scientifiques. Des images d’une meilleure résolution devraient permettre d’obtenir des réponses plus claires dans les jours ou semaines à venir.

On devrait en apprendre plus sur la composition de la surface de l’objet à partir de jeudi. D’après les scientifiques, la surface glacée est probablement constituée d’eau, de méthane et de nitrogène, entre autres.

L’image du bonhomme de neige rouge a été prise une demi-heure avant le survol le plus proche jamais réalisé du corps céleste mardi, à une distance de 28 000 kilomètres.

Pour les scientifiques, Ultima Thulé constitue une machine à remonter dans le temps exceptionnelle, qui devrait nous en apprendre plus sur les origines de notre système solaire.

Il ne s’agit ni d’une comète ni d’un astéroïde, d’après Alan Stern, mais plutôt d’un « planétésimal primordial ». Contrairement aux comètes et à d’autres objets spatiaux qui ont été altérés par le soleil avec le temps, Ultima Thulé n’est pas dans son état pur d’origine : il évolue dans la ceinture de Kuiper glacée en bordure du système solaire depuis le début.

Alan Stern explique : « Nous n’avons jamais rien vu de tel avant. On ne sait pas trop ce que c’est. C’est quelque chose d’unique. »

Quand toutes les données seront récoltées, « il restera néanmoins des mystères qui ne pourront être percés », ajoute-t-il.

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