La plainte de l’ambassadeur israélien du Panama, d’origine druze, examinée
Le ministère réclame le "respect mutuel" aux entrées du pays après le post furieux de Reda Mansour, arrêté à l'aéroport par une agente parce qu'originaire d'un village arabe
Le ministère des Affaires étrangères a indiqué, samedi, examiner une plainte émanant de l’ambassadeur israélien au Panama qui a affirmé que le personnel de sécurité à l’aéroport Ben-Gurion, l’avait retardé, lui et sa famille, quand une agente de la sécurité a découvert qu’il était originaire d’un village arabe situé dans le nord du pays.
Le ministère a noté qu’il était en contact avec son envoyé et avec l’Autorité israélienne des aéroports (IAA), disant que lorsque les citoyens et les visiteurs rencontraient les responsables aux points d’entrée et de sortie du pays – et notamment les agents chargés de la sécurité – ces rencontres devaient avoir lieu « avec professionnalisme et dans un esprit de respect mutuel ».
Reda Mansour avait publié samedi un résumé de sa conversation avec une agente de sécurité à l’entrée réservée aux véhicules de l’aéroport sur sa page Facebook. Il a indiqué qu’aussitôt que la femme avait entendu le nom de sa ville natale, elle avait demandé au conducteur de se garer.
Elle a appelé tous les occupants de la voiture, l’épouse de Mansour et leurs deux filles, à présenter leurs passeports et à s’identifier, a écrit Mansour.
Il a comparé dans sa publication le ton de l’agente à celui d’un commandant de l’armée s’adressant à de nouvelles recrues dans un camp d’entraînement.
Elle leur a demandé leur plan de voyage, ce à quoi Mansour a répondu qu’ils partaient pour Paris puis au Panama, où il travaillait à l’ambassade. Elle s’est ensuite informée de l’identité des participants à ce voyage avant de leur jeter un long regard et de les laisser passer, a-t-il noté dans son post.
Mansour, 54 ans, appartient à la communauté druze israélienne et il est originaire du village à majorité druze d’Ussafiya, près de Haïfa. Mansour est un diplomate chevronné et a été, dans le passé, envoyé israélien au Brésil et en Equateur.
Mansour a écrit qu’après l’incident, sa fille lui avait fait remarquer : « Elle t’a parlé de manière si irritante alors que toi, tu lui as souri tout le temps et tu lui as parlé poliment ! »
Mansour a conclu sa publication : « Ben-Gurion, va au diable ! Trente années d’humiliation et ce n’est pas fini. Avant, vous nous mettiez de côté dans le terminal et maintenant, nous voilà suspects dès l’entrée ! »
Il a noté qu’Ussafiya n’était pas un village palestinien de Cisjordanie mais que cette petite bourgade accueillait le principal cimetière où sont inhumés les soldats druzes de l’armée israélienne. Il a suggéré que les responsables de la sécurité de l’aéroport visitent ce dernier.
« J’ai encore une chose à dire : J’ai envie de vomir », avait-il ajouté.
Dans une réponse cinglante, l’aéroport a indiqué que les contrôles de sécurité, à l’aéroport, étaient menés « indépendamment de la religion, de la race ou du genre ».
« Quand vous rencontrez, chaque année, plus de 25 millions de voyageurs, certains choisiront de se sentir insultés par leur rencontre avec le personnel de sécurité qui ne fait que son travail », lisait-on dans le communiqué des autorités aéroportuaires.
« Nous aussi avons des amis et de la famille, comme c’est votre cas, qui sont enterrés dans les cimetières de l’armée israélienne. Je suggère à son excellence l’ambassadeur de dire à sa fille, la prochaine fois, que le personnel sécuritaire fait tout ce qui est possible pour la protéger et pour protéger le pays », a poursuivi le communiqué.
« Sans entrer dans les détails de l’incident, qui fait l’objet d’une enquête, j’ai souligné [auprès de l’envoyé] que ce qui importait, c’était ce qu’il ressentait. S’il devait être blessé, nous devions y accorder notre attention », a tweeté Reuven Rivlin, saluant l’alliance entre la majorité juive israélienne et la minorité des Druzes.
« Nous devons nous assurer que nous sommes dignes de cette relation [la relation druze-juive] à tout moment, et pas seulement en temps de crise et de guerre », a écrit Rivlin.
Israël ne reconnaît pas publiquement utiliser le contrôle au faciès à l’aéroport Ben-Gurion mais des groupes de défense des droits et d’autres ont évoqué des mauvais traitements ou des harcèlements à l’égard d’individus arabes et issus d’autres minorités.
Le groupe de Défense des Arabes israéliens, Adalah, avait envoyé une lettre en 2016 adressée au procureur-général Avichai Mandelblit et au directeur de l’Autorité israélienne des aéroports Yaakov Ganot, pour demander de mettre un terme aux « pratiques illégales de fouilles au corps et d’escortes forcées de sécurité infligées aux passagers arabes à l’aéroport ». L’IAA, dans sa réponse, avait démenti avoir recourir à des « pratiques inappropriées ».