La police s’efforce de renforcer le respect des règles de distanciation sociale
Les agents effectuent des visites surprises aux personnes confinées ainsi qu'aux entreprises ; "la grande majorité suivent les instructions", déclare un haut fonctionnaire

La police israélienne a déclaré mardi qu’elle intensifiait ses efforts pour faire respecter les consignes de distanciation sociale afin d’empêcher la propagation du nouveau coronavirus.
L’annonce a été faite après que le gouvernement a approuvé de nouvelles mesures de surveillance sans précédent dans la nuit afin de mieux suivre la prolifération du virus dans la population israélienne.
Lors d’une réunion d’information avec les journalistes, les responsables de la police ont déclaré avoir commencé à appliquer trois nouvelles mesures définies comme des décrets d’urgence par le gouvernement : les injonctions d’auto-quarantaine, l’obligation de s’enregistrer auprès du ministère de la Santé à son retour de l’étranger et l’interdiction des rassemblements publics.
La police n’a pas encore le pouvoir d’appliquer les instructions rendues publiques mardi qui ont considérablement renforcé les exigences de distanciation sociale des Israéliens, notamment en exigeant des citoyens de ne pas quitter leur domicile sauf pour acheter de la nourriture ou des médicaments, et en interdisant les visites sur les plages, dans les centres commerciaux et les parcs.
Les nouvelles règles n’étaient techniquement que des « instructions légales », ont déclaré les responsables de la police. Les enfreindre n’est pas un crime. Le ministère de la Santé a fait savoir qu’il travaillait sur un décret officiel qui rendrait ces mesures légalement contraignantes.

Mais les violations de ces mesures peuvent déjà faire l’objet de poursuites en vertu de décrets gouvernementaux antérieurs, et la police a indiqué avoir commencé à ouvrir des enquêtes criminelles sur les délinquants. Elle a déposé le premier acte d’accusation mercredi matin.
« Nous travaillons sous l’égide du ministère de la Santé et nous sommes responsables de la mise en application » des efforts nationaux visant à endiguer la propagation du virus, a déclaré un fonctionnaire de police.
La violation d’un ordre d’auto-quarantaine entraîne une peine maximale de six mois de prison et une amende de 5 000 shekels (1 200 euros). Le fait de ne pas se signaler auprès du ministère de la Santé à son retour de l’étranger entraîne une amende de 3 000 shekels (700 euros). Et refuser de disperser un rassemblement de plus de 10 personnes est passible de la même amende de 3 000 shekels.
Au total, 72 cas de violation d’un ou plusieurs de ces ordres étaient recensés mardi après-midi.

La police et le ministère de la Santé, aidés par les agents empruntés à la police environnementale spécialisée du ministère de l’Environnement, ont commencé à appliquer les ordres d’auto-quarantaine par des appels téléphoniques et des visites surprises au domicile des Israéliens censés être en confinement.
Les visites à domicile se font actuellement à un rythme d’environ 40 par jour, a précisé le fonctionnaire. Des dizaines de milliers d’Israéliens sont en quarantaine à domicile.
Les districts de police locaux effectuent également des visites à domicile ciblant les personnes qui sont entrées dans le pays ces derniers jours, mais qui ne se sont pas enregistrées auprès du ministère de la Santé.
Dans le briefing aux journalistes mardi, les responsables des forces de l’ordre ont déclaré que ces efforts ont permis de constater que la grande majorité des Israéliens – « 95 à 99 % des populations concernées » – « obéissaient aux ordres d’auto-confinement ».
Au moins 1 000 visites d’entreprises n’ont également donné lieu qu’à peu de contraventions. « La grande majorité d’entre elles suivent les instructions. Il n’y a eu que cinq cas extrêmes [de violations], lesquels nous ont poussés à faire fermer l’entreprise », a annoncé un fonctionnaire.

La police a également déclaré que neuf enquêtes avaient été lancées sur des personnes ayant diffusé de fausses informations sur le virus et les instructions gouvernementales sur la distanciation sociale, certaines dans une tentative prétendument délibérée de semer la panique.
Le fonctionnaire a également tenté de calmer les inquiétudes concernant les nouveaux pouvoirs octroyés aux services de sécurité pour suivre les mouvements et les données cellulaires des Israéliens.
Le suivi se ferait sur « un échantillon seulement », a-t-il assuré, « et ne commencera qu’après avoir obtenu l’approbation du procureur général. La police s’engage à conserver les informations jusqu’à la fin de la crise, puis à effacer les données ».