La population est sceptique mais l’armée est sûre d’avoir écrasé le Hamas
Le Hamas aura besoin de nombreuses années pour reconstruire ses tunnels et retrouver sa capacité à tirer des roquettes
Elhanan Miller est notre journaliste spécialiste des affaires arabes
Alors que l’opinion publique israélienne est divisée sur le fait de de savoir si Israël est victorieux ou non dans la bande de Gaza, l’armée israélienne est assez convaincue que l’opération Bordure protectrice a réussi à mettre le Hamas sur les genoux diplomatiquement et à réduire considérablement ses capacités sur le plan militaire.
Les délégués du Hamas sont arrivés au Caire pour les négociations de cessez-le-feu avec une capacité limitée à influer sur l’issue des pourparlers.
Ils ont été vaincus par l’Autorité palestinienne et l’Egypte. Les hauts-fonctionnaires israéliens pensent que les bienfaiteurs du Hamas, le Qatar et la Turquie, auront peu d’impact sur le processus [de négociation].
Le triomphalisme exprimé par les hauts officiers de l’armée, en réunions tenues à huis-clos, est ouvertement affiché par les commandants sur le terrain.
Le Hamas, affirme le commandant adjoint de la brigade Nahal, Ori Shechter à la radio militaire mercredi matin, « à rampé jusqu’à l’Egypte » pour mendier un cessez-le-feu. Il a fait l’éloge de l’opération Bordure protectrice qui marque la « défaite écrasante du Hamas ».
« L’armée israélienne a remporté une grande victoire dans la bande de Gaza,» affirme-t-il, prédisant quatre ou cinq années de calme. « Arrêtez de dire que nous avons perdu. Nous avons gagné ».
Certes, le Hamas a eu un certain nombre de réussites opérationnelles, Ils sont arrivés à atteindre les villes israéliennes avec des roquettes de plus longue portée que par le passé et ils ont réussi à pénétrer dans le pays plusieurs fois par des tunnels souterrains, avec parfois des conséquences mortelles.
Mais le mouvement islamiste a grandement échoué dans la mesure où il n’a pas réussi à infliger le niveau de dommages qu’il avait projeté initialement, remarque un responsable.
Alors que les forces israéliennes ont achevé leur retrait de la bande de Gaza mardi, le Hamas ne se retrouve qu’avec un tiers des roquettes qu’il avait en sa possession avant l’opération et ses capacités de production de missiles se sont considérablement appauvries.
Avec l’importation des matières premières pour la fabrication de roquettes fortement réduite en raison de l’activité anti-tunnel égyptienne, l’armée israélienne estime qu’il sera de plus en plus difficile pour le Hamas de reconstituer son arsenal.
L’industrie des tunnels terroristes du Hamas, qui happait 40 % du budget du mouvement au cours de ces dernières années, a été complètement détruite, à la connaissance des renseignements de l’armée. Tsahal ne jurera pas n’avoir pas manqué un tunnel ou deux, mais reste persuadée que ceux-ci peuvent être démolis à l’avenir, si besoin est.
L’armée israélienne travaille dur pour réfuter l’affirmation internationale que les pertes civiles sont disproportionnées du côté palestinien.
Elle a réussi à identifier, grâce à leurs noms, un tiers des victimes recensées par le ministère palestinien de la Santé à Gaza, comme étant des agents terroristes appartenant au Hamas et au Jihad islamique.
Elle examine encore les chiffres, mais l’armée israélienne estime qu’entre 40 et 50 % des victimes étaient des hommes armés et non des civils.
L’armée israélienne estime qu’en fait, en essayant de masquer l’ampleur des dommages causés à son corps de combat, le Hamas cache les noms de plusieurs de ses hommes tués au combat, notamment les membres des forces spéciales.
Il a même déplacé les corps des victimes dans la zone de Chajaya à l’est de Gaza, qui a subi des bombardements intensifs, faisant croire que ses hommes avaient été tués là.
Israël estime que le Hamas – affaibli militairement et isolé à l’échelle internationale – a réduit ses demandes avant les pourparlers de cessez-le-feu au Caire.
Il a, par exemple, abandonné certaines de ses exigences précédentes comme la construction d’un port et d’un aéroport pour accepter un calme durable.
L’Egypte, pour sa part, a clairement fait savoir qu’elle ne voulait pas discuter de l’ouverture du passage de Rafah dans le cadre du cessez-le feu.
Des sources égyptiennes hauts-placées ont déclaré au quotidien saoudien A-Sharq Al-Awsat, mercredi, que même si l’Egypte est
« ouverte à l’idée de faire des concessions sur le passage de Rafah », celles-ci ne seront pas envisagées à l’heure actuelle.
Elles seront discutées mais seulement à un niveau bilatéral – à un stade ultérieur – entre le gouvernement égyptien et président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.
Selon le quotidien, l’Égypte insiste pour que les forces de l’AP subordonnées à Abbas reprennent le contrôle des 14 kilomètres du passage frontalier entre la bande de Gaza et l’Egypte.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.