La présence juive à Jérusalem prouvée par des inscriptions musulmanes
Des inscriptions figurant sur la mosquée d’Omar, du 9e ou 10e siècle mettent en lumière la corrélation entre le Dôme du Rocher et les temples juifs dans la Bible
Une inscription qui figure dans une mosquée près de Hébron, a récemment fait l’objet d’une étude et permet de voir comment, jusqu’au milieu du Xe siècle, le monde musulman considérait que le Dôme du Rocher, à Jérusalem, était un vestige des deux sanctuaires érigés au sommet du mont du Temple.
L’inscription dédicatoire, sur laquelle on avait fermé les yeux jusqu’à maintenant, dans la mosquée d’Omar, à Nuba, dans un village à 16 kilomètres au sud-ouest de Jérusalem, décrit le village comme une dotation pour le Dôme du Rocher et la mosquée Al-Aqsa. Mais ce qui est le plus surprenant, c’est que ce qui est désigné par l’appellation Dôme du Rocher, est en réalité appelé dans le texte « le rocher de Bayt al-Maqdis », littéralement, « le Temple Saint », la traduction littérale de Temple de Jérusalem, que les premiers musulmans employaient pour parler de Jérusalem comme une entité, et notamment du sanctuaire au dôme d’or.
La tradition locale veut que l’on associe la construction de la mosquée du Calife Omar ibn al-Khattab, qui a dirigé les forces armées arabes qui ont conquis Jérusalem ainsi que le reste de la Palestine Byzantine au milieu du 7e siècle. C’est sous son successeur présumé, Abd al-Malik, le cinquième Calife que le Dôme du Rocher a été achevé en 691 après JC.
La roche calcaire dans laquelle l’inscription en Kufi a été gravée, est situé au-dessus du mihrab, la niche qui indique la direction de la Mecque. On peut y lire : « Au nom du Dieu miséricordieux et compatissant, ce territoire, Nuba, et toutes ses frontières et toute sa région, sont une donation au Rocher de Bayt al-Maqdis et à la mosquée Al-Aqsa, car il a été dédié par le Commandeur des Croyants, Omar ibn al-Khattab, à la gloire d’Allah. »
Deux universitaires musulmans, ont par le passé, décrit cette inscription et l’ont datée du 7e siècle, du temps d’Omar. Mais les chercheurs israéliens, qui ont montré leurs résultats lors d’une conférence sur l’archéologie la semaine dernière, la datent du 9e ou du 10e siècle après JC. Ils se basent sur l’orthographe des inscriptions, ainsi que sur la syntaxe, comparable à des inscriptions dédicatoires que l’on peut lire dans des mosquées Ramle et à Bani Naim.
La conférence sur l’archéologie à Jérusalem a coïncidé avec l’adoption de la résolution par l’UNESCO selon laquelle le mont du Temple n’aurait aucun lien avec le judaïsme ni le christianisme. Il a donc été décidé d’appeler le très controversé site exclusivement par son nom musulman, « la mosquée Al-Aqsa/al-Haram al-Sharif », et de le définir comme étant « un lieu de culte exclusivement culte musulman ».
La distinction apparente entre la mosquée Al-Aqsa et le Dôme du Rocher dans les textes, « associée à la tradition Hadith avec la littérature [arabe] faisant l’éloge de Jérusalem [dès le 11e siècle] nous conduit à avancer que le terme Bayt al-Maqdis, tel qu’il apparaît dans l’inscription de Nuba… fait directement référence au Dôme du Rocher », écrivent Assaf Avraham et Peretz Reuven,
De plus, la tradition médiévale musulmane, à propos du Dôme du Rocher, citée par les auteurs « a identifié à maintes reprise ce mont comme étant celui qui a accueilli les temples de David et de Salomon » et « avait compris que le mont est un ancien temple reconstruit, que le Coran est la foi véritable et que les musulmans sont les vrais enfants d’Israël ».
Muhammad ibn Ahmad Shams al-Din al Muqadassi, historien du 10e siècle, a écrit dans sa description de la Syrie et de la Palestine que « Jérusalem est l’oratoire de David et sa muraille, qu’ici se trouvent les merveilles de Salomon et ses cités », et que les fondations de la mosquée d’Al-Aqsa « ont été posées par David ».
De la même manière, Nasir-i Khusraw, un auteur de voyage perse du 11e siècle, a noté dans sa description du Haram que « Salomon, que la paix soit sur lui, voyant que le rocher était le orienté vers la Qiblah, y a construit une mosquée circulaire sur le rocher, le rocher se tenant au sein de la mosquée, qui est devenu l’oratoire du peuple ».
« Des rites qui reproduisaient les usages en vigueur dans le temple juif étaient observés à l’intérieur et autour du Dôme du Rocher, du temps des Omeyyades », ont écrit Avraham et Reuven.
« Ceux qui observaient ces rituels se purifiaient, changeaient leurs vêtements, faisaient brûler de l’encens, oignaient la pierre avec de l’huile, ouvraient et fermaient des rideaux et allumaient des lampes à huile. »
« En réalité, les musulmans se considéraient comme étant ceux qui perpétuaient la tradition biblique du temple », a expliqué Avraham, ils se considéraient comme les « nouveaux juifs ».
Dans la même veine, les musulmans ont construit le troisième Temple au 7e siècle, sous la forme du Dôme du Rocher.
Pendant des siècles, jusqu’à ce que Jérusalem tombe aux mains des Croisés en 1099, les musulmans associaient Haram al-Sharif aux temples anciens, écrit Andreas Kaplony. Après que Jérusalem a été conquise en 637, « ils prévoyaient de reconstruire le Temple détruit en une mosquée musulmane », explique-t-il.
La tradition musulmane a identifié à maintes reprises Haram comme étant le Temple de David et Salomon, d’où l’Arche de l’Alliance et la Présence Divine a été retirée, où les enfants d’Israël ont tué Jean, le fils de Zacharie (le prophète biblique) et en signe de vengeance, Nabuchodosor les a tués », écrit Kaplony dans le chapitre « Où le Ciel et la Terre se rencontre : l’esplanade sacrée de Jérusalem ».
« Le Sanctuaire avait été détruit et transformé en décharge publique par Hélène, mère du premier empereur chrétien Constantin, lorsqu’elle a construit l’église du Saint-Sépulcre ; Omar l’a reconnu et réhabilitée, et Mahomet avait visité la mosquée « la plus lointaine » durant son voyage nocturne. Pour faire court, il s’agit de l’ancien temple reconstruit, le Coran est la vraie Torah et les musulmans sont le véritable Peuple d’Israël », écrit-il.
En dépit du fait que les textes musulmans et les historiens associent le mont du Temple avec les deux anciens Temples juifs qui y étaient érigés, depuis l’établissement de l’État d’Israël, cette donnée a été rayée de la version historique des palestiniens.
Un guide pour Haram al-Sharif, le terme arable pour mont du Temple, publié par le Waqf islamique en 1925, informait ses visiteurs que le Dôme du Rocher était « incontestablement » construit sur le site du temple de Salomon.
En 1951, l’historien, qui deviendra maire de Jérusalem-Est, Aref el-Aref, avait déclaré de manière univoque que les « ruines du temple de Salomon sont sous Al-Aqsa » et qu’Omar avait construit une mosquée sur l’ancien site. Mais en 1965, le Conseil suprême des Affaires islamiques a publié « Un guide concis du Dôme du Rocher et d’Haram al-Sharif », et s’est abstenu d’y mentionner les anciens temples juifs.
Au cœur des conflits qui ont opposé les Palestiniens et les forces de police israélienne en octobre dernier, le grand mufti de Jérusalem, le religieux musulman responsable de la mosquée d’Al-Aqsa, a déclaré qu’aucun temple juif n’a jamais existé au sommet du mont du Temple, et que ce site accueille une mosquée « depuis la création du monde ».
Le Cheikh Muhammad Ahmad Hussein a déclaré à la Deuxième chaine que le site, troisième lieu saint de l’islam, et lieu plus saint pour la religion juive, était une mosquée « il y a 3 000 ans, il y a 30 000 ans » et l’est depuis « la création du monde ».
« C’est la mosquée al Aqsa qu’Adam, que la paix soit sur lui, ou, à son époque, les anges, ont construite », a déclaré le mufti.
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