La Radio de l’armée continuera à émettre sur les ondes, décide Gallant
Le ministre de la Défense voudrait nommer un dirigeant "issu du milieu militaire" à la tête de la station et procéder à divers changements majeurs
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Le ministre de la Défense Yoav Gallant a annoncé, lundi, qu’il n’allait pas mettre un terme aux activités de la radio militaire ou privatiser cette dernière, même si les gouvernements successifs et l’armée israélienne avaient annoncé, depuis plusieurs années, leur intention de le faire. Le ministre a ajouté qu’il allait procéder à des changements majeurs et nommer un commandant permanent « issu du milieu militaire » à la tête de la station.
Le Bureau de Gallant a indiqué que le ministre avait accepté les recommandations faites par une commission de conseil qui avait été établie pour examiner le maintien de la radio sur les ondes israéliennes. Le positionnement du ministre de la Défense a été soumis à la procureure-générale en amont d’un débat qui aura lieu sur le sujet à la Haute-cour, au mois d’octobre.
Cette décision de Gallant sur la radio de l’armée s’oppose aux avis d’anciens chefs d’état-major et à celui du chef d’état-major actuel, le général Herzi Halevi. Tous estiment, pour leur part, que la station ne devrait plus être placée sous l’autorité de Tsahal et du ministère de la Défense.
« Conformément aux recommandations faites par la commission, le ministre de la Défense a décidé de laisser la radio militaire dans sa situation actuelle au niveau institutionnel, comme unité militaire subordonnée, pour son organisation, au chef de l’administration des ressources humaines de l’armée », a noté le ministère dans un communiqué.
« De plus, le ministre a aussi décidé d’adopter la recommandation centrale de la commission qui est de procéder à un changement significatif dans la combinaison des programmes de la station », a poursuivi le ministère.
Les changements qui interviendront dans la station de radio comprendront la réduction du nombre de soldats impliqués dans la couverture politique et l’augmentation du nombre de militaires chargés de couvrir les dossiers militaires et sociaux.
« Le lien entre les activités de la station et les soldats de l’armée – l’audience cible de la station – sera renforcé », a expliqué le ministère.
« Le nombre d’heures de programmation de contenus liés au sionisme, à l’héritage de la guerre, à l’hébreu [la langue], à la culture, à la musique et à d’autres sujets encore sera considérablement augmenté. Ces programmes seront un pont d’ancrage dans la programmation et ils seront diffusés dans les heures réunissant le plus fort pourcentage d’auditeurs », a-t-il continué.
Le bureau de Gallant a fait savoir que le ministre avait l’intention de nommer un chef permanent pour la station, une personnalité « issue du milieu militaire ». Ces dernières années, dans un climat d’incertitude quant à l’avenir de la station de radio, des dirigeants civils s’étaient succédés à la barre de cette dernière.
« La continuation du fonctionnement de la radio en tant qu’unité militaire, avec la diffusion de contenus traitant de l’establishment de la Défense, la diffusion de contenus pertinents pour les soldats de l’armée israélienne, nécessite un dirigeant permanent, pour la station, qui soit issu du domaine militaire, avec un passif à des fonctions de commandement et avec une expérience prouvée dans le système militaire en général », a expliqué le bureau de Gallant.
Une décision qui a été prise deux ans après que le ministre de la Défense de l’époque, Benny Gantz, a annoncé son projet de séparer la radio militaire de l’armée – une initiative qui était attendue depuis longtemps mais qui avait été reportée de manière répétée dans le but d’éviter la disparition pure et simple de la station.
A l’époque, le bureau du procureur-général avait estimé que Gantz et Tsahal n’avaient pas l’autorité nécessaire pour décider seuls de l’avenir de la radio militaire et qu’une législation à la Knesset serait la meilleure méthode pour faire approuver une telle décision.
Au mois de janvier, le ministre des Communications, Shlomo Karhi, avait expliqué que la radio de l’armée était superflue et qu’il avait l’intention de la faire fermer, ainsi que la chaîne publique Kan.
Le financement, par les militaires, d’une station de radio – ce sont les soldats aussi qui sont responsables de ses activités – avec des journalistes qui sont chargés d’enquêter sur Tsahal ainsi que sur les politiciens est considéré comme anachronique, cher et douteux au niveau éthique.
Le positionnement de la chaîne en tant que média a, en conséquence, toujours été difficile, avec un fonctionnement simultané de média indépendant cherchant à critiquer le gouvernement ou de branche de l’armée couvrant les informations liées aux soldats, aidant à faire du narratif de Tsahal un consensus national.
La radio militaire – l’une des radios les plus écoutées de tout le pays – emploie un mélange de jeunes soldats et de journalistes vétérans.