Israël en guerre - Jour 376

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La recherche gazière remise en cause par une étude sur les mammifères marins ?

La première exploration extensive des eaux économiques par une équipe de chercheurs a identifié deux espèces de baleines menacées sensibles au sons sous-marins

Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

Le docteur Aviad Scheinin, de l'école Charmy de science marine au sein de l'université de Haïfa,  à bord du SY Witness pour une recherche sur les mammifères marins dans les eaux économiques israéliennes, au printemps 2022. (Crédit : Elad Aybes/Greenpeace Israel)
Le docteur Aviad Scheinin, de l'école Charmy de science marine au sein de l'université de Haïfa, à bord du SY Witness pour une recherche sur les mammifères marins dans les eaux économiques israéliennes, au printemps 2022. (Crédit : Elad Aybes/Greenpeace Israel)

La première exploration d’une ampleur sans précédent des profondeurs des eaux économiques d’Israël – ou zone économique exclusive (ZEE) – a apporté les preuves de la présence de cachalots, une espèce en péril ; de baleines de Cuvier, particulièrement vulnérables et d’espèces de dauphins, ce qui a entraîné des appels à abandonner la prospection gazière et pétrolière, ou au moins à mener des recherches préalablement à ce type de prospection.

Les découvertes de ces créatures, à des eaux allant jusqu’à 370 kilomètres au large de la côte méditerranéenne, ont été effectuées par une équipe de chercheurs britanniques et israéliens.

La majorité des recherches existantes sur la présence, le comportement et l’écologie des mammifères marins, dans les eaux économiques d’Israël, s’étaient jusqu’à présent concentrées sur des zones proches des rivages.

Mais la mer méditerranée accueille également des plaines vastes et profondes, avec des canaux délimités par des inclinaisons qui représentent un habitat déterminant pour les mammifères marins.

Selon un rapport paru en 2020, qui avait été rédigé par le Comité scientifique pour l’Accord sur la préservation des cétacés en mer Noire, en mer méditerranée et dans les zones atlantiques adjacentes, ce sont douze espèces qui avaient été localisés dans l’Est de la méditerranée dans le passé.

La recherche israélo-britannique, qui a été réalisée sur le navire SY Witness de Greenpeace aux mois d’avril et de mai derniers, a combiné observation et utilisation d’un réseau de sonars passifs de manière à pouvoir identifier les mammifères de façon acoustique. Elle a été dirigée par le docteur Aviad Sheinin, pour le compte de l’université de Haïfa, dans le nord d’Israël, et par la docteure Kirsten Thompson, qui appartient à l’unité scientifique de Greenpeace à l’Exeter University, au Royaume-Uni. Des scientifiques italiens ont aussi participé à cette étude sans précédent.

La docteure Kirsten Thompson de l’unité scientifique de Greenpeace à l’Exeter Universit, au Royaume-Uni, à bord du SY Witness pour une recherche sur les mammifères marins dans les eaux économiques israéliennes au printemps 2022. (Crédit : Elad Aybesת Greenpeace Israel)

Pendant les recherches, c’est un total de 22 événements acoustiques qui ont été enregistrés à l’aide d’un réseau hydroacoustique, un instrument de contrôle des sons. Parmi eux, trois rencontres avec des groupes de cachalots ; une rencontre avec au moins quatre baleines de Cuvier et plusieurs rencontres avec différentes espèces de dauphins.

Selon un article qui a été présenté lors de la conférence de la European Cetacean Society en Espagne, au mois d’avril, il a été déterminé que les cachalots se nourrissaient à environ 10 kilomètres de la côte de Haïfa, à une profondeur allant de 370 mètres à 1270 mètres. Leurs vocalises « correspondent au dialecte méditerranéen », selon l’article.

Une carte des endroits où ont été vus des baleines et des dauphins pendant le printemps 2022, au large de la côte méditerranéenne d’Israël. (Crédit : Israel-UK research)

L’un des cachalots du groupe a été photographié et il est devenu le premier cachalot « israélien » à être enregistré et répertorié par sa nageoire caudale – les deux nageoires impaires qui forment sa queue. Il s’est ultérieurement avéré que la même jeune baleine, appelée Kim Kobo, a aussi été observée à plusieurs reprises, ces dernières années, dans la mer de Ligurie, à proximité de la côte de l’Italie.

Un transport maritime intensif caractérise les eaux économiques israéliennes – tout comme les travaux d’extraction de pétrole et de gaz – et les mammifères marins sont exposés aux navires et aux bateaux de pêche, ils ingèrent les débris sous-marins et subissent les conséquences du bruit qui est entraîné dans la mer par les études sismiques et par les opérations militaires.

Les baleines, et en particulier les baleines de Curvier, sont particulièrement sensibles aux sons sous-marins et des échouages de mammifères marins ont été mis en lien avec les sonars navals, ont expliqué les chercheurs.

« Ces menaces peuvent cumulativement affecter les populations de cétacés et, au vu de la présence de deux populations de cachalots et de baleines de Cuvier menacées d’extinction dans le monde entier, nous recommandons vivement la prudence s’agissant de la délivrance de nouveaux permis de prospection et d’extraction gazières », a noté l’article.

La queue d’un cachalot nommé Kim Kobo au large de la côte d’Israël, au printemps 2022. (Crédit : Haifa University)

Le docteur Aviad Scheinin, directeur du Marine Apex Predator Lab au sein de la Morris Kahn Marine Research Station de l’université de Haïfa, intégrée au sein de la Charny School of Marine Sciences, a estimé que « les informations sur les baleines et les dauphins qui se trouvent dans les eaux profondes d’Israël sont rares, et la capacité à prendre des décisions informées dans ce contexte est inadéquate. Nous avons l’intention de changer cela en menant systématiquement des études acoustiques et visuelles ».

« La première étude initiée par Greenpeace et par l’université de HaIifa a été révolutionnaire et elle a permis de tirer des conclusions fascinantes qui ont été publiées dans un article scientifique. Au cours des trois prochaines années, nous allons mener cinq études supplémentaires sur les eaux profondes avec le soutien de Greenpeace et, plus tard, grâce aux fonds du ministère de l’Énergie pour tenter d’améliorer encore davantage nos connaissances », a-t-il ajouté.

Greenpeace Israel se bat avec le ministère de l’Énergie pour faire abandonner l’appel d’offres le plus récent en matière d’exploration d’énergie fossile qui a été lancé par ce dernier sur une surface de 6 0000 kilomètres-carrés dans le fond de la mer.

Le directeur de Greenpeace Israel, Jonathan Aikhenbaum, a déclaré que « les eaux profondes sont une merveille que nous commençons tout juste à connaître et il est vital de les préserver, quel qu’en soit le prix. Faire la promotion de l’extraction d’un carburant polluant dans une zone aussi sensible et à une telle période d’urgence climatique est tout simplement impensable. En plus des nuisances entraînées pour les mammifères et pour toutes les créatures marines, les forages entraîneront la libération d’énormes quantités de méthane, un gaz à effet de serre particulièrement puissant. Nous disons donc au ministère de l’Energie : ‘Protégez la mer et le climat, annulez les forages’. »

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