La recherche sur les maladies auto-immunes dopée par les big data israéliennes
Les données médicales ont placé Israël à l’avant-garde de la recherche sur le COVID. L’Université de Tel Aviv va les utiliser pour améliorer le traitement des maladies auto-immunes

Un nouveau centre de recherche de l’université de Tel Aviv va exploiter les dossiers médicaux des patients israéliens dans l’espoir de trouver de nouveaux médicaments et traitements pour les maladies auto-immunes.
Lors de la pandémie, Israël a acquis une renommée internationale grâce à la qualité de ses dossiers médicaux numérisés. Les chercheurs ont utilisé les données anonymisées issues de ces dossiers pour explorer plusieurs sujets liés à la COVID-19 et aux vaccins, ce qui a permis à Israël d’être l’un des principaux chefs de file mondiaux en termes d’études.
L’université de Tel Aviv ouvre, ces jours-ci, le tout premier centre pluridisciplinaire spécialisé dans la recherche sur les maladies auto-immunes, avec l’espoir que l’important volume de données généré en Israël permettront de répondre aux questions les plus complexes.
« Les maladies auto-immunes sont très complexes et, par conséquent, très peu de médicaments spécifiques sont proposés, ce qui fait que les maladies deviennent souvent chroniques », explique le professeur Uri Nevo, président du comité directeur du centre, au Times of Israel.
« Nous espérons faire progresser la recherche en utilisant les données générées par le système de santé israélien. »
« Le pays dispose d’un système de santé à la pointe du progrès et centralisé, qui permet de générer des données pour un grand nombre de patients… Il y a beaucoup de données à étudier, susceptibles d’aider la recherche. Il existe quatre caisses de santé, chacune dotée de centaines de milliers de membres, avec des dossiers numérisés détaillés. »
Ce centre est le quatrième établissement de recherche auto-immune créé sur les fonds des philanthropes juifs américains Judith et Stewart Colton. Tous deux siègent au conseil d’administration de l’université de Tel Aviv. Ils ont fait don de 10 millions de dollars pour la nouvelle entité.
Les autres centres se trouvent à l’université de Yale, à l’université de Pennsylvanie et à l’université de New York. Le Colton Center, comme le nouvel établissement de Tel Aviv sera appelé, devrait collaborer avec les institutions américaines.

Les maladies auto-immunes représentent plus d’une centaine de pathologies, dont les plus connues sont peut-être le lupus, la sclérose en plaques, le psoriasis et la maladie de Crohn.
On qualifie de maladies auto-immunes les pathologies dans lesquelles le système immunitaire attaque les tissus sains du corps, par opposition aux maladies causées par des agents pathogènes, tels que virus et bactéries.
Les maladies auto-immunes sont connues de la science depuis le début du 20e siècle, mais les médecins ne disposent toujours pas d’outils adéquats pour la prévention, le traitement ou la prédiction de la morbidité ou des poussées.
Bien que des recherches approfondies soient en cours, certaines spécialités médicales ont tendance à avoir peu d’interactions avec les autres. Le nouveau centre est, au contraire, bâti autour d’une approche pluridisciplinaire.

Préalablement à l’octroi de bourses sur la base des propositions de recherche, il favorise les projets qui connectent plusieurs approches. Par exemple, un gastroentérologue pourra travailler de conserve avec un psychologue et un neurologue.
Nevo explique que cette approche est d’autant plus importante que les médecins prennent de plus en plus conscience de la complexité des maladies auto-immunes.
« Nous n’avons toujours pas une bonne compréhension de ce qui cause les maladies auto-immunes et les rechutes », précise-t-il.
« Elles impliquent des interactions du système immunitaire et de multiples tissus. Prenez le lupus par exemple : on peut constater les effets sur la peau, les articulations et les reins. Certaines maladies impliquent le microbiome, d’autres les hormones. Les infections passées et le mode de vie jouent également un rôle. »
Nevo estime que, face à la multiplicité des symptômes et des facteurs, une approche multidisciplinaire, adossée à des big data, peut améliorer la compréhension des maladies.
« On a un besoin de comprendre mieux les pathologies afin de les traiter de manière plus ciblée, en activant les bonnes cellules sans affecter le reste du corps. »