La réélection de Netanyahu révèle la fracture entre républicains et démocrates
Pour Donald Trump, cette victoire garantit "une meilleure chance" de paix, mais pour les démocrates, elle mine les perspectives d'une solution à deux États avec les Palestiniens
WASHINGTON (JTA) – La réélection de Benjamin Netanyahu mardi, au poste de Premier ministre d’Israël, a porté à ébullition les divisions qui couvent entre républicains et démocrates autour du pays qu’il dirige depuis des années.
Le président américain Donald Trump, un républicain, a salué cette victoire comme une victoire pour la paix. Les démocrates ont, eux, estimé que ce serait un obstacle.
« Le fait que Bibi a gagné devrait se traduire par de bons progrès en termes de paix », a déclaré M. Trump aux journalistes qui attendaient mercredi pour lui parler sur la pelouse de la Maison Blanche avant son départ pour le Texas. « Ecoutez, tout le monde dit – et je n’ai jamais rien promis – mais tout le monde dit que la paix au Moyen-Orient n’est pas possible entre Israël et les Palestiniens. Je pense qu’on a une chance. Et je pense que nous avons, maintenant, une meilleure chance avec la victoire de Bibi. »
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Trump s’est exprimé alors que la victoire de Netanyahu était assurée, mais pas encore confirmée, et aucun dirigeant démocrate ne s’était encore prononcé sur l’élection. Mais alors que les Israéliens se rendaient aux urnes, certains démocrates ont clairement indiqué où se portaient leurs préférences – et ils ne considéraient pas que Netanyahu garantissait une solution de paix.
« Alors que les votes sont comptabilisés en Israël aujourd’hui, Netanyahu devrait savoir que son attitude alarmiste et son alliance avec le parti raciste d’extrême droite Otzma Yehudit n’est pas passée inaperçue », a déclaré sur Twitter Chris Van Hollen, sénateur démocrate du Maryland, le matin des élections. « Les vrais amis d’Israël s’opposeront aux efforts pour annexer unilatéralement la Cisjordanie. »
Netanyahu a négocié un accord électoral avec Otzma Yehudit, un parti d’extrême droite qui a ses racines dans les enseignements racistes du rabbin disparu Meir Kahane.
Que Van Hollen ait fait part de telles opinions sur Twitter est significatif : il vient d’un État à forte population juive et, lors de sa campagne pour le Sénat en 2016, il s’est donné beaucoup de mal pour distinguer son bilan pro-Israël de celui de sa principale rivale, Donna Edwards.
Quelques heures plus tard, Van Hollen publiait une vidéo dans laquelle il interrogeait le secrétaire d’État Mike Pompeo le même jour lors d’une audience de la Commission des relations étrangères du Sénat.
« Après avoir posé la question à plusieurs reprises, @SecPompeo a refusé de me dire si les États-Unis s’opposeraient au projet de @Netanyahu d’annexer unilatéralement la totalité ou une grande partie de la Cisjordanie même si cela saboterait clairement toute perspective de solution à deux États », a-t-il dit.
After asking multiple times, @SecPompeo refused to tell me if the United States would oppose @Netanyahu’s plan to unilaterally annex all or large parts of the West Bank even though it would clearly sabotage any prospect for a two-state solution. pic.twitter.com/c7ooKFohFf
— Senator Chris Van Hollen (@ChrisVanHollen) April 9, 2019
L’engagement pris par Netanyahu la veille des élections d’étendre la loi israélienne aux implantations juives de Cisjordanie est au cœur de l’aversion explicite que lui portent les démocrates. Au moins cinq candidats démocrates à l’élection présidentielle se sont prononcés contre lui après sa promesse ce week-end, dont deux considérés comme proches des groupes pro-Israël : la sénatrice Amy Klobuchar, élue démocrate du Minnesota, et Pete Buttigieg, maire de South Bend, dans l’Indiana. Certains de ces mêmes candidats se sont également insurgés contre l’alliance de Netanyahu avec Otzma Yehudit.
Les principaux candidats démocrates à la présidence, déjà connus comme hostiles à Netanyahu ou à la communauté centriste pro-Israël, se sont montrés encore plus directs : Beto O’Rourke, l’ancien membre du Congrès du Texas, l’a qualifié de « raciste », et le sénateur Bernie Sanders, du Vermont, a souhaité tout haut qu’il soit battu.
M. Trump a activement soutenu M. Netanyahu avant les élections, invitant le Premier ministre à la Maison Blanche pour assister à la signature d’un décret reconnaissant la souveraineté d’Israël sur le plateau du Golan, et en rediffusant une publicité de campagne du Likud sur son compte Instagram. Mercredi, Trump a publié sur Twitter une scène de la soirée organisée pour célébrer la victoire de Netanyahu, dans laquelle un partisan arborait une banderole avec le nom de Trump.
Les démocrates, déjà perturbés par la relation étroite entre Trump et Netanyahu, n’ont pas apprécié l’intervention du président.
« Les électeurs israéliens se sont exprimés et nous respectons leur décision », a déclaré le Jewish Democratic Council of America dans un communiqué. « Mais nous ne pouvons ignorer que le président Trump a mis son poids dans la balance pour tenter d’influencer le résultat des élections israéliennes, et nous condamnons son intervention dans les termes les plus fermes possibles, tout comme nous condamnons toute interférence étrangère dans nos propres élections ».
Autre décision prise par l’administration Trump en faveur de Netanyahu à l’approche des élections : il a retardé la publication du plan de paix rédigé par le gendre de Trump, Jared Kushner, son principal négociateur pour le Moyen-Orient, Jason Greenblatt, et son ambassadeur en Israël, David Friedman. Toute concession dans le plan aurait pu être utilisée par les parties à la droite du Likud pour dépeindre le Premier ministre comme complaisant vis-à-vis des revendications israéliennes sur la Cisjordanie.
Dans ses commentaires émis mercredi, le président américain s’est dit impatient d’aller de l’avant avec le plan. Netanyahu, savourant son élection pour un cinquième mandat probable au poste de Premier ministre, peut avoir des raisons de se méfier de sa publication en raison des concessions qu’il serait supposé faire, mais aussi en raison des dispositions qui lui permettraient d’annexer les implantations.
Une des promesses les plus emblématiques de Netanyahu a toujours été de conserver Jérusalem unie. Le plan Trump, selon certaines informations, tient compte des revendications palestiniennes sur certaines banlieues de Jérusalem, bien que les membres de l’équipe aient rejeté ces allégations en les considérant comme spéculatives.
Moins hypothétique, la perspective que le plan envisage qu’Israël maintienne le contrôle sécuritaire de la Cisjordanie, un résultat qui atténuerait au moins, sinon annulerait, le statut d’État à part entière pour les Palestiniens.
Les démocrates, même les plus pro-israéliens d’entre eux, ne renonceront pas de sitôt à la solution à deux États. Il faut s’attendre à une plus grande colère de la part des démocrates à l’égard du Premier ministre israélien s’il adopte avec enthousiasme un plan de paix Trump qui mettrait un terme à la création d’un État palestinien.
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