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La réponse d’Israël au coronavirus est « en plein dans le mille » – expert US

Par rapport au système de santé décentralisé des États-Unis, la réaction de l'État juif au COVID-19 a été rapide et bien organisée, selon le Dr Martin Zand, spécialiste des données

Le docteur Martin Zand, à gauche, travaille avec Jiong Wang, professeure en médecine et assistante de recherche à l'université du centre médical de Rochester (Autorisation : Centre médical de l'université de Rochester)
Le docteur Martin Zand, à gauche, travaille avec Jiong Wang, professeure en médecine et assistante de recherche à l'université du centre médical de Rochester (Autorisation : Centre médical de l'université de Rochester)

Lors du dernier voyage de l’expert médical américain Martin Zand en Israël, les premiers cas de coronavirus dans le pays venaient d’être diagnostiqués et médiatisés. Il était reparti peu après aux Etats-Unis, mais il avait continué à réfléchir à la pandémie de coronavirus et aux réponses apportées à la maladie dans son pays d’origine et au sein de l’Etat juif.

Zand gère la pandémie en l’appréhendant sous de nombreux angles au centre médical de l’université de Rochester, dans l’État de New York. Médecin praticien, il est le vice-doyen du centre de recherches cliniques et le co-directeur de son Institut de la science clinique et translationnelle. Dans le centre, il coordonne la réponse, en termes de recherche, à la pandémie de COVID-19.

Il a décrit son rôle – une « combinaison entre un contrôleur aérien et un entremetteur » – lors d’un entretien téléphonique avec le Times of Israël, ajoutant qu’il « fait correspondre les besoins aux ressources en tentant d’harmoniser ces efforts ».

Comment parvient-il à conserver son calme ? Zand répond qu’il est nécessaire de « rester calme pour être efficace et pour faire correctement les choses. Il faut prier pour qu’on soit capables d’apporter les meilleures réponses possibles en amenant des thérapies de pointe à notre communauté, pour qu’on livre les efforts nationaux qui seront nécessaires. La panique ne nous aidera en rien ».

Zand était aux côtés de sa famille pendant son séjour et il continue à contrôler les réponses apportées au COVID-19 aux Etats-Unis et en Israël.

« De ce que je peux voir grâce aux informations, la réponse israélienne va, en fait, en plein dans le mille », estime Zand. « La distanciation sociale, les restrictions de voyage, le dépistage et l’état de préparation dans les hôpitaux : la réponse nationale a été très bonne. »

Il se montre un peu plus critique lorsqu’il s’agit des Etats-Unis. Il explique qu’il y a « une pénurie nationale de toute une variété de matériels pour le dépistage du COVID-19 ».

Le gouverneur de New York, Andrew Cuomo, s’exprime devant les médias au centre de conférences Javits qui a été transformé en hôpital pour aider à lutter contre le coronavirus à New York, le 24 mars 2020. (Crédit : Eduardo Munoz Alvarez/Getty Images/AFP)

Lors d’une conférence de presse en date du 25 mars, le gouverneur de New York Andrew Cuomo a supplié de manière spectaculaire l’administration Trump de fournir à son État les respirateurs dont ce dernier – qu’il a qualifié de « canari dans la mine de charbon » – a désespérément besoin.

« Nous présentons le taux le plus élevé et le plus rapide d’infections », a clamé Cuomo. « Donnez-nous les ressources. Donnez-nous des respirateurs ici, à New York. Et quand l’apogée de la crise sera passée, quant nous aurons franchi ce point critique, déployez les respirateurs ailleurs, dans le pays, là où ils seront nécessaires », a-t-il ajouté.

Interrogé sur un tel système de partage séquentiel, Zand note que son concept « est de garantir que nous placerons les ressources là où elles seront le plus indispensables » et que son laboratoire a changé de mission, s’occupant dorénavant de fournir du réactif pour les tests au coronavirus.

Il explique qu’il y a des « changements nationaux dans les ressources aux Etats-Unis » et que si lui-même n’a pas « été impliqué dans ces discussions », il sait « qu’il y a aujourd’hui une coordination dans le système de soins de Rochester visant à garantir que tout un chacun bénéficiera des bases appropriées, en termes de ressources, pour prendre en charge les malades ». Il ajoute qu’actuellement, « il y a des discussions portant sur le transfert des ressources dans d’autres endroits du pays ».

Une équipe du groupe Samaritan’s Purse construit un hôpital de terrain d’urgence équipé d’une unité de respirateurs à Central Park, à New York, de l’autre côté du Mount Sinai Hospital, le 29 mars 2020. (Crédit : AP/Mary Altaffer)

Le pour et le contre du système de soins de santé centralisé

Zand a le sentiment que le système de gouvernement d’États et de comtés décentralisés aux Etats-Unis désavantage parfois la nation. Il note que les États et les comtés ont leurs propres départements de santé publique et « qu’au niveau national, il n’y a pas de coordinateur souverain sur ces efforts menés par les États de la même manière que cela fonctionne en Israël ».

Selon Zand, « le contraste le plus important entre Israël et le système de soins américain, en ce qui concerne la pandémie de COVID-19, c’est qu’Israël a un système de soins centralisé ainsi qu’un système de soins de santé publique central. Ce qui a réellement aidé à coordonner la réponse à la pandémie dans tout le pays ».

Il note également que s’il y a des efforts coordonnés aux Etats-Unis, « il est plus facile de mettre en place une synchronisation lorsqu’il y a un système de soins de santé publique, national et intégré. »

Une différence entre les deux pays qui, selon Zand, se reflète dans la manière dont ils ont tous les deux appréhendé la distanciation sociale. Il explique qu’aux Etats-Unis, parce qu’il n’y a pas de système de santé publique centralisé, les mesures de distanciation sociale « sont adaptées ou redéfinies différemment en fonction des États ».

Il cite « des nuances dans la mise en œuvre des mesures de distanciation sociale dans des zones différentes, des tentatives de prendre en charge ce que la distanciation sociale peut avoir de difficile – en particulier pour les employés qui travaillent dans des industries de première nécessité ou dans le secteur des soins de santé, et qui doivent continuer à travailler ».

Et, interroge-t-il : « Comment faire pour les parents célibataires qui ont leurs enfants à la maison ? Comment travailler à domicile lorsqu’il faut s’occuper des membres âgés de la famille ?… Je pense que nous luttons tous face à ce problème. »

La police patrouille dans le centre de Jérusalem, le 28 mars 2020. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Et pourtant, continue-t-il, la distanciation sociale est « un élément essentiel » de la lutte contre le virus, une pratique qui est « réellement et largement acceptée et reconnue », ainsi que le confinement chez soi, le maintien d’une distance de deux mètres entre soi et les autres, le lavage des mains, les sorties se limitant aux courses alimentaires, les soins médicaux et les médicaments – en plus de la fermeture de toutes les entreprises non-essentielles dans les secteurs les plus à risque.

« Et c’est assurément ce qu’a fait Israël de manière précoce », dit Zand. « Ce sont de bonnes choses. »

Ce qui ne signifie pas, par ailleurs, que tout le monde respectera la distanciation sociale, même dans le système israélien centralisé, fait-il remarquer.

Des agents de police ferment des synagogues et dispersent des rassemblements publics dans le quartier juif orthodoxe de Mea Sharim à Jérusalem, le 31 mars 2020. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

« Tout va dépendre du caractère local de la distanciation sociale », dit Zand, « de la manière dont les gens accueilleront ce conseil. La distanciation sociale est efficace dans la mesure où les gens y adhèrent. Il peut y avoir des différences locales, régionales, qui vont avoir une influence sur son efficacité, sur la manière dont se propagera le virus dans différentes régions d’Israël ».

Qu’il s’agisse d’un système centralisé ou non, qu’il s’agisse d’Israël ou des États-Unis, Zand recommande de se conformer à des directives de base.

« Si j’ai un message à vous transmettre », explique-t-il, c’est qu’il y a « un espoir de vaccin et de traitement du COVID-19 – mais ça va prendre du temps. On doit vraiment se concentrer sur les moyens de ralentir cette épidémie » par le biais de « mesures de santé publiques, comme le lavage des mains, la distanciation sociale, le confinement chez soi hormis pour faire des activités très, très essentielles – des courses alimentaires ou pour raison médicale ».

« Il faut donner une chance au système de trouver ce traitement », ajoute-t-il.

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