La sortie de Meron, un goulot d’étranglement qui inquiète depuis longtemps
Le commandant de la police du district nord "assume la responsabilité globale" et se dit prêt à une enquête ; certains policiers affirment que le drame était inévitable
Après que le pèlerinage de Lag B’Omer a tourné au cauchemar à Meron, Shimon Lavi, commandant de la police du district nord, qui a supervisé les dispositions en matière de sécurité, a dit assumer sa responsabilité, alors que les critiques se multiplient sur le fait que la tragédie aurait pu être évitée.
Au moins 45 personnes ont été tuées et plus de 150 blessées – dont plusieurs se trouvent dans un état critique – dans la nuit de jeudi à vendredi, peu avant une heure du matin, lors du rassemblement de Lag B’Omer au mont Meron, dans le nord d’Israël, dans un mouvement de foule.
« J’assume la responsabilité globale, pour le meilleur et pour le pire, et je suis prêt à toute enquête », a-t-il déclaré aux journalistes après la bousculade mortelle.
Si certains témoins oculaires ont accusé la police d’avoir bloqué une sortie, Lavi a souligné que les causes de la catastrophe restaient floues.
Le ministère de la Justice a annoncé ce vendredi matin ouvrir une enquête sur une possible négligence de la part de la police.
La raison pour laquelle la police a empêché certaines personnes de quitter les lieux, ce qui aurait réduit la pression sur la foule compacte, n’a pas été immédiatement élucidée, mais les policiers n’étaient apparemment pas conscients de la gravité de la situation et essayaient de garder certaines zones libres de fidèles.
Il y a un « effort compliqué en cours pour rassembler des preuves afin d’atteindre la vérité », a déclaré Lavi, ajoutant que les policiers ont sauvé des vies pendant la bousculade, poussant à travers les foules pour sauver les personnes piégées.
Dès 2018, certains avaient mis en garde contre la survenue d’un tel incident. Le journaliste ultra-orthodoxe Arye Erlich avait conseillé d’élargir la seule sortie de l’enceinte de Meron, depuis l’étroit goulot d’étranglement qui sert aujourd’hui de sortie, afin d’éviter que la bousculade de 2015, lors d’un enterrement qui avait fait un mort et des blessés, ne se reproduise.
« Qui empêchera la catastrophe lors de la cérémonie d’allumage ? », titrait il y a trois ans un article du site ultra-orthodoxe Haredim10, en référence au grand événement de Lag B’Omer organisé autour d’un feu de joie.
Des responsables de la police ont déclaré au quotidien Haaretz que, si la police assurait la sécurité de l’événement et avait examiné le complexe d’un point de vue technique ces derniers jours, la chute de personnes dans les escaliers était « hors de leur contrôle ».
Vers minuit jeudi, les organisateurs avaient estimé que quelque 100 000 personnes se trouvaient sur le site. Ce grand rassemblement, le plus important en Israël depuis l’apparition de la pandémie de coronavirus, avait déjà suscité des craintes sanitaires.
En raison de l’affluence, la police a déclaré qu’elle n’était pas en mesure de faire respecter les restrictions liées au coronavirus sur le site.