La startup israélienne d’IA Cyabra bientôt cotée au Nasdaq et valorisée à 70 M de $
La plateforme de la société détecte les faux profils et les contenus préjudiciables générés par des outils d'intelligence artificielle et d'intelligence artificielle générative
Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.
La plateforme logicielle israélienne Cyabra, qui traque les utilisateurs et les comptes fictifs sur les réseaux sociaux pour lutter et éliminer la désinformation, a annoncé mardi son intention de s’introduire en bourse sur le Nasdaq via une fusion avec une société d’acquisition à vocation spécifique (SPAC), dans le cadre d’une transaction valorisant la startup à 70 millions de dollars.
La société basée à Tel Aviv a annoncé avoir signé un accord final pour une fusion d’entreprises avec la société Trailblazer Merger Corporation, cotée sur le Nasdaq. Une fois la transaction finalisée, prévue au quatrième trimestre 2024, Cyabra sera cotée en bourse et pourra être échangée sur le marché Nasdaq.
Les plans d’expansion de la startup interviennent alors que le Forum économique mondial a classé la désinformation et les fausses nouvelles alimentées par l’IA parmi les principaux risques mondiaux, en raison des élections prévues dans plusieurs des principales économies mondiales dans les deux prochaines années et de l’exploitation des plateformes en ligne par un nombre croissant d’acteurs malveillants.
Ces derniers mois, le pogrom meurtrier du 7 octobre perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas ont révélé de manière plus prononcée une vague de terrorisme qui utilise la puissance des réseaux sociaux pour cibler les proches des victimes, nuire aux Israéliens et atteindre des millions de téléspectateurs en ligne au Moyen-Orient et dans le monde. Dans une analyse de la guerre médiatique menée par le Hamas sur les réseaux sociaux, Cyabra a découvert qu’environ 41 000 faux comptes poussaient des récits pro-Hamas sur les plateformes de réseaux sociaux, répandant de la propagande, de la désinformation et des fausses nouvelles pour manipuler le discours public.
L’émergence d’outils d’IA sophistiqués utilisés par des acteurs malveillants pour créer des bots et automatiser la diffusion de fausses nouvelles a brouillé la frontière entre le réel et le faux. La diffusion rapide et étendue de la désinformation a sapé la confiance envers les marques, les individus, les communautés et les institutions démocratiques.
Cyabra fondée en 2018 par le PDG Dan Brahmy, le CPO Yossef Daar et le CTO Ido Shraga – tous des vétérans des unités d’élite du renseignement militaire israélien – a indiqué avoir travaillé au cours de l’année écoulée avec 19 gouvernements à travers le monde au Moyen-Orient et en Asie-Pacifique, confrontés à des campagnes de désinformation qui ont interféré dans les élections, ainsi qu’avec de grandes marques de consommation et de médias telles que Warner Media, pour les aider à suivre les efforts de désinformation et à détecter les faux comptes sur les réseaux sociaux. Cela inclut Facebook (Meta), X, Instagram, TikTok, la plateforme russe VK et les groupes publics de Telegram.
« Être parmi les premiers, sinon la première société cotée en bourse dont la mission unique sera de solutionner le problème de la désinformation, revêt un caractère vraiment remarquable », a confié Brahmy au Times of Israel. « Il n’a plus de temps à perdre, car le problème est tellement énorme. »
« Rien que cette année, ce sont quelques milliards de personnes qui seront invitées à voter dans le monde entier, alors que la désinformation représente la plus grande menace qui existe », a-t-il remarquer.
Brahmy a rappelé que la startup avait été créée en 2018 pour créer un « mécanisme de filtrage capable de distinguer le bon, le mauvais et le faux ». Depuis, la startup a construit une plateforme exploitant « l’IA pour le bien » afin de lutter contre « l’IA malveillante » et de découvrir les faux profils, ainsi que les discours préjudiciables créés par le contenu généré par l’IA (GenAI).
Brahmy décrit la plateforme de Cyabra comme un « moteur de recherche », alimenté par des algorithmes d’apprentissage automatique capables de produire des informations sur les conversations pour détecter la désinformation et déterminer l’influence et la portée.
« Il fonctionne comme un moteur de recherche dans lequel vous pouvez entrer des mots-clés, des hashtags, des noms de marques, des produits, etc. », a-t-il expliqué.
« C’est un peu comme un scanner utilisé avant une opération chirurgicale pour déterminer qui sont les acteurs et quelles sont leurs intentions, en s’appuyant uniquement sur des algorithmes d’apprentissage automatique que nous avons mis au point. »
« Des entreprises clientes et des gouvernements du monde entier utilisent aujourd’hui notre produit pour identifier les attaques en cours, leur fournissant les informations nécessaires pour atténuer, voire prévenir, les dommages et protéger leurs citoyens et leurs marques contre la propagation toujours plus sophistiquée de la désinformation », a-t-il ajouté.
En 2022, le chef de Tesla et de SpaceX, Elon Musk, a engagé Cyabra lors de sa bataille d’acquisition de la plateforme de réseaux sociaux Twitter, aujourd’hui connue sous le nom de X, pour commander une analyse qui a révélé que 13 % des comptes sur la plateforme étaient inauthentiques ou faux.
Dans son dernier rapport d’analyse, Cyabra a constaté qu’à la suite de l’annonce du retrait du Président américain Joe Biden de la course présidentielle américaine, un nombre important de faux comptes ont proliféré sur X dans le cadre d’une campagne coordonnée visant à promouvoir l’ancien Président américain Donald Trump. L’analyse a révélé que 29 % des profils commentant le tweet de Joe Biden étaient faux.
À ce jour, Cyabra a levé un total de 16 millions de dollars auprès d’investisseurs, notamment le Founders Fund, OurCrowd, Red Forest Ventures, Summus Group, Tel Aviv University Ventures. La startup compte 45 employés, la majorité travaillant dans ses locaux de Tel Aviv et cinq dans ceux de New York.
« Les efforts de Cyabra ne se contentent pas de protéger notre domaine numérique, mais renforcent également les fondements d’un discours libre et équitable », a déclaré l’ancien secrétaire d’État américain et ancien directeur de la CIA, Mike Pompeo, qui a rejoint le conseil d’administration de Cyabra en janvier. « Les contributions de Cyabra sont inestimables dans la lutte contre les acteurs malveillants qui cherchent à saper nos institutions démocratiques. »
Brahmy a indiqué que la startup entendait utiliser le « montant substantiel » des fonds qu’elle cherche à lever lors de l’introduction en bourse sur le Nasdaq pour aider à développer l’entreprise et son produit afin de répondre à la demande pour sa technologie, qu’il a décrite comme étant « assez importante à ce stade ».
« Il y a une réelle volonté de se développer sur le marché nord-américain, tant du côté des sociétés que du côté des gouvernements », a affirmé Brahmy. « Nous envisageons de renforcer notre équipe au cours des six à douze prochains mois et d’embaucher plus de 20 à 30 personnes ».