La Syrie possèderait encore de nombreuses armes chimiques
Le régime d’Assad aurait caché cet arsenal qui pourrait devenir très dangereux si l’Etat islamique parvenait à s’en saisir

L’establishment sécuritaire israélien soutient que l’armée syrienne possède encore des stocks « importants » d’armes chimiques prêtes à l’emploi, en violation de l’engagement du régime de démanteler ou de renoncer à l’ensemble de son arsenal d’armes chimiques, a déclaré jeudi à Reuters un des responsables de la sécurité israélienne.
« Il y a, à mon avis, encore entre les mains de la Syrie une capacité significative… qui pourrait être utilisée dans certaines circonstances et s’avérer potentiellement très grave » a déclaré le responsable.
Selon cette source, qui parlait sous couvert d’anonymat, les stocks, qui ont été cachés par l’armée syrienne dans des lieux secrets à travers un pays déchiré par la guerre, incluent notamment des têtes de missiles, des bombes, et des lance-roquettes. Le responsable a ajouté, cependant, que le renseignement israélien avait été en mesure de découvrir le sort des armes cachées.
Bon nombre d’armes cachées, a poursuivi le responsable, ont été arrosées avec des agents chimiques mortels comme le sarin.
La Syrie, qui est engagée dans une guerre civile sanglante, a accepté de renoncer à son arsenal chimique à l’automne dernier lorsque le président américain Barack Obama a menacé le pays de frappes de missiles en représailles à une attaque chimique sur une banlieue rebelle de Damas. On suppose que l’attaque a tué plus de 1 000 personnes. Obama a abandonné l’idée d’attaquer la Syrie après que le président Bachar al-Assad ait accepté la reddition des armes.
Le fonctionnaire a déclaré à Reuters qu’Israël avait un « haut degré de confiance » sur ses propres informations et sur leur précision, ajoutant que l’armée israélienne avait décidé de ne pas divulguer ses estimations jusqu’à maintenant afin de ne pas nuire aux efforts internationaux visant à débarrasser la Syrie de ses armes non conventionnelles.
Le responsable a ajouté qu’Israël n’était pas particulièrement préoccupé d’être attaqué par la Syrie, car Damas sait pertinemment que cibler l’Etat hébreu avec des armes chimiques constituerait un point de non-retour.
Alors qu’Israël a fait « très attention à ne pas être aspiré dans la guerre civile syrienne » a indiqué la source, « quand nous avons vu des choses qui nous préoccupent, ce qui devait être fait a été fait ». Le responsable a fait sans doute allusion à plusieurs attaques contre des cibles syriennes qui ont été attribuées à Israël, bien que l’armée et les responsables israéliens n’aient jamais confirmé officiellement que ces attaques aient eu lieu.
Plus tôt ce mois-ci, l’émissaire américaine aux Nations unies, Samantha Power, a déclaré que l’administration Obama s’inquiétait de ce que l’Etat islamique et d’autres terroristes puissent mettre la main sur des armes chimiques si la Syrie cachait des stocks.
« Certes, s’il y a des armes chimiques laissées en Syrie, il y aura un risque que ces armes tombent entre les mains de l’EI. Et nous ne pouvons imaginer ce qu’un tel groupe commettrait s’il était en possession de telles armes » a déclaré Power se référant au groupe terroriste.
Le responsable israélien a, pour sa part, déclaré qu’il n’avait pas « vu d’informations selon lesquelles l’État Islamique aurait reçu » de telles armes. « Je ne serais pas surpris qu’ils soient intéressés à en prendre possession ».
Le renseignement israélien a exposé l’utilisation des armes chimiques par le régime d’Assad au début de l’année dernière. Un analyste du renseignement militaire de Tsahal, Itai Brun, en avril 2013, a donné une conférence qui a fait sensation et dans laquelle il a déclaré publiquement qu’Assad avait utilisé du gaz neurotoxique contre les forces rebelles.
« Au mieux de ce que l’on puisse savoir, ce régime a utilisé des armes chimiques mortelles » a-t-il confié à l’époque, précisant que l’armée israélienne avait estimé que l’élément toxique était le sarin.
Son affirmation a d’abord été mise en doute par les États-Unis, mais elle a ensuite été acceptée. La conclusion israélienne était fondée sur « un travail de spécialiste » et par une équipe qui « a examiné les choses très clairement » a fait savoir Itai Brun.