Israël en guerre - Jour 471

Rechercher

La Tunisie ébranlée par un imbroglio diplomatique sur la question palestinienne

Le président tunisien Kaies Saied, novice qui avait exalté la défense de la cause palestinienne lors de son élection, s'est retrouvé confronté à la complexité du dossier à l'ONU

Le président tunisien Kaies Saied. (Crédit : AlQalamTV TUNISIA / CC BY 3.0)
Le président tunisien Kaies Saied. (Crédit : AlQalamTV TUNISIA / CC BY 3.0)

Le président tunisien Kaies Saied, novice qui avait exalté la défense de la cause palestinienne lors de son élection, s’est retrouvé confronté à la complexité du dossier à l’ONU, multipliant les signaux contradictoires face aux exigences de la realpolitik et de son opinion publique.

Elu à une très large majorité en octobre, cet universitaire n’avait pas hésité à arborer le drapeau palestinien le soir de sa victoire, dans un pays qui a abrité durant de longues années (1982-94) le siège de l’Organisation de la libération de la Palestine (OLP).

Il a également fustigé « l’injustice du siècle » et une « haute trahison » après la présentation par le président américain Donald Trump, le 28 janvier, d’un plan pour le Moyen-Orient faisant droit aux exigences israéliennes. Ce projet a été dénoncé par des manifestants à Tunis et à Sfax (est).

Mais la Tunisie, seul pays arabe représenté – en tant que membre non-permanent – au Conseil de sécurité des Nations unies, a semé la confusion en désavouant la semaine dernière son ambassadeur après que celui-ci a porté un projet de résolution dénonçant le plan américain.

« La manière dont ce limogeage a été mené pose beaucoup de questions sur la stratégie diplomatique de la présidence. On se demande si cela a été réfléchi », affirme le politologue Youssef Cherif.

Représentant de la Tunisie à l’ONU, Moncef Baati, considéré comme un diplomate chevronné, a été limogé le 7 février après avoir fait circuler le projet de résolution.

Diplomatie « décrédibilisée »

Le président palestinien Mahmoud Abbas s’exprime lors d’une réunion du Conseil de sécurité au siège des Nations unies, mardi 11 février 2020. (AP Photo/Seth Wenig)

À la tribune de l’ONU, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a rejeté mardi solennellement ce plan qui ferait, selon lui, d’un Etat palestinien un « gruyère », évoquant un « apartheid ».

Mais les Palestiniens ont finalement renoncé à demander dans l’immédiat au Conseil de sécurité le vote d’une résolution en ce sens, faute d’appuis internationaux suffisants dans ce bras de fer avec Washington.

La présidence tunisienne a assuré n’avoir « cédé ni aux marchandages, ni aux pressions », et Tunis a expliqué que son ambassadeur avait été sanctionné en raison d’un « manque de concertation » avec son gouvernement et avec les autres pays arabes, dont peu ont ouvertement critiqué le plan.

Le projet de résolution a été présenté de façon à ce qu’il « ne passe pas » au Conseil de sécurité, a souligné la présidence, qui a accusé M. Baati d’avoir cherché à « ternir l’image de la Tunisie et de son président ». 

Ce cinglant désaveu, loin des usages feutrés du milieu, affaiblit selon les observateurs la position de la Tunisie sur la scène internationale.

« Ce dossier laisse craindre un éventuel dérapage de la diplomatie tunisienne », a écrit le quotidien arabophone El Chourouk mercredi. Il « décrédibilise toute la diplomatie » du pays, renchérit l’ex-ambassadeur Ezzedine Zayani.

Baptême du feu

Politicien néophyte, Saied, un universitaire spécialisé en droit constitutionnel, a ainsi subi de plein fouet un baptême du feu international qu’il s’était efforcé de retarder au maximum.

Mettant jusqu’à présent l’accent sur les questions économiques et sociales, qui ne relèvent pas directement de ses prérogatives, le nouveau chef d’Etat s’est contenté à ce jour d’un unique déplacement à l’étranger, en Algérie voisine.

Il a rejeté une invitation « tardive » à une rencontre sur la Libye en Allemagne, et déclaré être malade lors du 33e sommet de l’Union africaine à Addis Abeba le week-end dernier.

Dans ce contexte, la Tunisie arbore une peu lisible « diplomatie à deux têtes », relève le quotidien francophone Le Temps, rappelant que le président du Parlement, le chef de file du parti à référentiel islamiste Ennahdha, Rached Ghannouchi, multipliait de son côté les rencontres avec des dirigeants étrangers et les déplacements chez des partenaires importants.

Pour M. Cherif, le limogeage de l’ambassadeur tunisien à l’ONU s’inscrit aussi dans une « politique de Kais Saied de changer les hommes » nommés avant son arrivée au pouvoir.

Le rappel subit de Moncef Baati n’est cependant pas apparu très planifié, relève-t-il : il a fallu quelques jours pour qu’il soit remplacé, et c’est son adjoint Tarek el Adab qui a finalement été chargé de représenter la Tunisie.

De même, M. Saied n’a toujours pas nommé de successeur définitif au ministre des Affaires étrangères Khemaies Jhinaoui, qu’il a limogé peu après son accession au pouvoir.

« La Tunisie n’a pas de nouveau gouvernement, pas de ministre des Affaires étrangères, si on commence à limoger des ambassadeurs clés cela ajoute au vide », déplore Youssef Cherif.

En savoir plus sur :
S'inscrire ou se connecter
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
Se connecter avec
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation
S'inscrire pour continuer
Se connecter avec
Se connecter pour continuer
S'inscrire ou se connecter
Se connecter avec
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un email à gal@rgbmedia.org.
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.
image
Inscrivez-vous gratuitement
et continuez votre lecture
L'inscription vous permet également de commenter les articles et nous aide à améliorer votre expérience. Cela ne prend que quelques secondes.
Déjà inscrit ? Entrez votre email pour vous connecter.
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
SE CONNECTER AVEC
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation. Une fois inscrit, vous recevrez gratuitement notre Une du Jour.
Register to continue
SE CONNECTER AVEC
Log in to continue
Connectez-vous ou inscrivez-vous
SE CONNECTER AVEC
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un e-mail à .
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.