L’AAA vote le boycott des universités israéliennes pour cause « d’apartheid »
La décision de l'American Anthropological Association, votée il y a sept ans, a été adoptée à une majorité de 70 %, mais ne s'applique pas aux universitaires israéliens individuels
JTA – L’American Anthropological Association (AAA) a voté en faveur d’un boycott formel des institutions académiques israéliennes, sept ans après avoir finalisé un vote similaire, tel un signe de l’évolution du débat sur Israël sur les campus universitaires américains.
L’AAA, qui représente des milliers d’anthropologues dans les milieux universitaires et professionnels, a annoncé lundi que ses membres avaient voté en faveur d’une résolution interdisant à l’AAA de collaborer avec les institutions universitaires israéliennes. Plus de 70 % des votants de l’association ont soutenu le boycott, bien que seulement 37 % des membres éligibles aient voté, selon l’AAA.
Le boycott ne s’applique qu’aux collaborations formelles avec l’association elle-même, et ne s’applique pas aux universitaires israéliens individuels, de sorte que son impact pratique sera probablement limité. Néanmoins, la résolution est un symbole notable de l’opposition à Israël dans le monde universitaire américain, notamment parce qu’elle renverse un vote similaire d’il y a plusieurs années.
« Il s’agissait en effet d’une question controversée, et nos différences ont pu susciter des débats animés », a déclaré la présidente du groupe, Ramona Pérez, dans un communiqué. « Mais nous avons pris une décision collective et il est maintenant de notre devoir d’aller de l’avant, unis dans notre engagement à faire progresser les connaissances scientifiques, à trouver des solutions aux problèmes humains et sociétaux et à servir de gardiens des droits de l’Homme. »
Telle qu’elle est rédigée, la résolution qualifie Israël de « régime d’apartheid du Jourdain à la mer Méditerranée ». Elle s’engage à poursuivre le boycott « jusqu’à ce que ces institutions mettent fin à leur complicité dans la violation des droits des Palestiniens, comme le stipule le droit international ».
En 2016, les membres de l’AAA avaient rejeté de justesse une résolution visant à boycotter les institutions israéliennes. Depuis lors, plusieurs groupes universitaires ont pris des mesures concrètes pour boycotter Israël. L’Association des études du Moyen-Orient a voté l’année dernière pour soutenir le mouvement anti-Israël Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) visant Israël ; d’autres groupes universitaires, dont l’Association des études américaines, ont également soutenu des résolutions BDS.
Les groupes pro-Israël ont rapidement condamné le vote de l’AAA. Tammi Rossman-Benjamin, directrice de l’initiative AMCHA (Israeli Center for Holocaust Survivors and the Second Generation), un groupe de défense des campus pro-Israël, a qualifié ce vote de « jour sombre pour l’enseignement supérieur » et a déclaré que « l’engagement du groupe en faveur du BDS académique est susceptible de se répandre dans le monde universitaire comme une traînée de poudre et d’avoir des effets ‘boules de neige’ sur les années à venir ».
Un autre groupe pro-Israël, le cabinet juridique Deborah Project, avait menacé de poursuivre l’AAA avant le vote, affirmant que la résolution, telle qu’elle était rédigée, la mettrait en porte-à-faux avec les lois de certains États qui approuvent la définition de l’antisémitisme donnée par The International Holocaust Remembrance Alliance (IHRA).
Les résultats du vote, qui a eu lieu à la mi-juillet, ont été annoncés le jour même où le Parlement israélien a voté une loi issue du paquet de réformes judiciaires largement controversées qui a divisé le pays et suscité des craintes qu’il n’érode l’équilibre des pouvoirs.
Le boycott de l’AAA se concentre sur le traitement des Palestiniens par Israël, accusant les institutions universitaires israéliennes d’être « complices » des crimes présumés de l’État en supprimant la liberté académique et en entravant les universités palestiniennes. La résolution lie également le plaidoyer de l’AAA à l’anthropologie en notant qu’Israël a utilisé « des cadres et des méthodes anthropologiques » pour favoriser le « nettoyage ethnique ».