L’accès aux sites de médias pro-iraniens bloqué par la justice américaine
Washington a annoncé avoir "saisi" 33 sites de médias contrôlés par Téhéran et 3 sites irakiens, hébergés sur des domaines appartenant aux États-Unis, en violation des sanctions
Le département américain de la Justice a annoncé mercredi avoir « saisi » 33 sites de médias contrôlés par le régime de Téhéran et trois sites irakiens des brigades du Hezbollah, qui étaient hébergés selon lui sur des domaines appartenant aux États-Unis, en violation des sanctions.
« Conformément à des décisions de justice, les États-Unis ont saisi 33 sites utilisés par l’Union iranienne de radio et de télévision islamique (IRTVU) et trois sites Web exploités par le Hezbollah, en violation des sanctions américaines », indique le département dans un communiqué.
Il n’a cependant pas dévoilé l’identité des entreprises américaines propriétaires des domaines hébergeant ces sites, et n’a pas expliqué comment elles avaient pu procéder, en violation des sanctions.
L’IRTVU, elle-même sous l’égide de la force Al-Qods, est désormais, aux côtés de cette unité d’élite des Gardiens de la Révolution iraniens, sur la liste noire des sanctions américaines, ce qui interdit aux Américains, aux entreprises américaines et aux entreprises étrangères de faire des affaires avec eux ou leurs filiales.
Menace extraordinaire
Les sites des chaînes d’information en arabe Al-Alam et en anglais Press-TV, qui appartiennent au réseau de la télévision d’État Irib, affichaient dès mardi tous le même message indiquant que le site avait été « saisi par le gouvernement américain ». Le message était accompagné des sceaux de la police fédérale et du ministère du Commerce.
Cette action intervient dans le cadre de l’exercice de l’autorité présidentielle face à une menace extraordinaire, selon un des articles de loi cités dans le message.
Le site de la chaîne des rebelles yéménite Houthis, al-Masirah, était aussi bloqué avec le même message.
Sur le site de l’aile politique des Houthis, al-Masirah a condamné « un acte de piraterie et la confiscation des droits d’auteurs » par les États-Unis qui intervient « sans justification et sans avertissement ».
La chaîne a toutefois créé un nouveau site internet qui était opérationnel mardi soir.
Plusieurs sites internet irakiens, dont celui des brigades du Hezbollah, la faction pro-Iran la plus radicale d’Irak, n’étaient plus accessibles mardi et seul s’affichait un message du « ministère américain du Commerce ».
En octobre 2020 déjà, ce site ainsi que celui d’al-Etejah, la télévision des brigades du Hezbollah, avaient subi le même sort. De même que le site d’al-Noujaba, l’autre grande faction pro-Iran d’Irak.
Ces deux factions, composées de combattants irakiens mais entraînés, financés et armés par l’Iran, opèrent à la fois en Irak mais aussi en Syrie aux côtés du régime de Bachar al-Assad et du Hezbollah libanais.
Le site de la chaîne télévisée d’opposition du Bahreïn, LuaLua TV, était aussi bloqué. La chaîne, qui a des bureaux à Londres et à Beyrouth, a fustigé une « saisie illégale » de son site internet.
Les autorités bahreïnies accusent les groupes contrôlant la chaîne d’être proches du régime iranien.
« Apparente action coordonnée »
Le Bahreïn abrite la 5e flotte américaine et a normalisé ses relations avec Israël.
Les programmes télévisés d’Al-Massirah et de LuaLua étaient toutefois toujours diffusés, selon des journalistes de l’AFP au Yémen et à Bahreïn.
Press-TV a évoqué « une apparente action coordonnée » sur son compte Twitter, tandis que la télévision d’État iranienne a dénoncé le blocage « de médias pro-résistance révélant les crimes des alliés des États-Unis dans la région ».
« Alors que le gouvernement démocrate des États-Unis affirme soutenir la liberté d’expression, en pratique il ferme les médias, en soutenant » Israël et l’Arabie saoudite, deux alliés historiques de Washington au Moyen-Orient, a ajouté l’Irib sur son site internet.
Selon la télévision iranienne, les chaînes Palestine Al-Youm, Naba et Al-Kawthar ont également été bloquées.
L’agence Fars, proche des ultraconservateurs iraniens, a également dénoncé « une violation flagrante de la liberté de la presse ».
L’Iran est sous le coup d’une série de sanctions économiques américaines pour son programme d’enrichissement nucléaire soupçonné par Washington d’avoir des visées militaires. La République islamique est également accusée de violations des droits de l’Homme et de soutien au terrorisme.