L’AIPAC réuni pour planifier l’élection de candidats pro-Israël au scrutin de 2024
La première conférence en présentiel à Washington depuis le COVID, fermée à la presse, a réuni 1 000 dirigeants politiques afin de discuter stratégies avant la campagne électorale
WASHINGTON (JTA) – Avec un nouveau gouvernement de droite en Israël qui inquiète bon nombre de personnes aux États-Unis, le moment semblait propice pour organiser une réunion de l’AIPAC, qui réunit régulièrement d’éminentes personnalités pour discuter des relations entre les États-Unis et Israël. La conférence organisée par le groupe à Washington cette semaine ne portait néanmoins pas sur ces liens, mais sur la politique électorale américaine.
Le « Political Leadership Forum » de l’American Israel Public Affairs Committee (AIPAC), qui s’est tenu lundi et mardi, était fermé à la presse. La tenue de ce forum illustre toutefois l’évolution des activités de l’association depuis l’époque où ses conférences politiques étaient des événements conviviaux dont le but était de faire passer la politique pro-israélienne avant les petites intrigues politiques.
Le forum a réuni « 1 000 de nos principaux dirigeants politiques pour élaborer des stratégies en vue de la campagne électorale de 2024 », a déclaré un responsable de l’AIPAC à la Jewish Telegraphic Agency.
Cette conférence était le premier grand rassemblement du lobby à Washington depuis que la pandémie de COVID s’est abattue sur les États-Unis il y a trois ans, juste au moment où le groupe tenait sa conférence de 2020. Depuis, l’AIPAC a annoncé la création de deux comités d’action politique, mettant fin à une politique sacro-sainte depuis des décennies qui consistait à ne pas se mêler de la politique électorale directe.
« La réunion est l’occasion d’examiner les résultats de l’élection de 2022 et d’inspirer et d’équiper nos meilleurs militants en vue des élections de 2024 », a déclaré le responsable. « Ils entendront les dirigeants de l’AIPAC et les meilleurs politiciens leur exposer le paysage politique auquel le mouvement pro-israélien est confronté, et ce qu’ils peuvent faire pour poursuivre et approfondir leur engagement politique. Comme toujours, ils verront comment un engagement politique accru est un élément inestimable de nos efforts pour renforcer les relations entre les États-Unis et Israël. »
Les comités d’action politique de l’AIPAC comprennent un PAC conventionnel, AIPAC PAC, qui repose sur des dons plus modestes, et un Super PAC, United Democracy Project, qui a un pouvoir de dépense illimité. Ensemble, les PAC ont collecté plus de 50 millions de dollars. Le taux de réussite a été élevé, les candidats préférés de l’UDP l’ayant emporté dans huit des dix courses dans lesquelles il s’est impliqué, et l’AIPAC PAC ayant soutenu 342 gagnants sur 365.
Cela a conféré à l’AIPAC une forme d’omniprésence dans un paysage politique en mutation. Mais le soutien direct à des candidats n’a pas été sans conséquences à un moment compliqué de l’histoire des relations américano-israéliennes. Les libéraux ont reproché à l’AIPAC de soutenir plus de 100 républicains qui n’ont pas voulu certifier l’élection présidentielle de Joe Biden, même après une insurrection meurtrière visant à empêcher le Congrès de le faire. Les conservateurs se sont demandé pourquoi l’AIPAC soutenait des démocrates qui avaient appuyé l’accord nucléaire iranien de 2015, tant décrié par l’AIPAC.
L’un des thèmes de la conférence de cette semaine était de savoir comment naviguer dans cet environnement polarisé. Le représentant Josh Gottheimer, un démocrate du New Jersey, s’est joint à Brian Fitzpatrick, un républicain de Pennsylvanie, pour discuter de la manière de maintenir le soutien bipartisan à Israël, alors même qu’une minorité critique à l’égard d’Israël conserve une certaine influence parmi les démocrates. « Nous œuvrons pour que les relations entre les États-Unis et Israël restent bipartites et durables », a déclaré Gottheimer. Gottheimer et Fitzpatrick coprésident le groupe bipartisan Problem-Solvers Caucus.
La politique n’était pas en reste, avec un discours par vidéoconférence du premier ministre israélien fraîchement élu, Benjamin Netanyahu, et un discours en personne de Lloyd Austin, le secrétaire américain à la Défense. Netanyahu a laissé entendre dans ses remarques que les différences avec les démocrates sur la politique iranienne n’étaient plus aussi marquées que du temps où Netanyahu affrontait, en 2015, le président américain de l’époque, Barack Obama, sur l’accord nucléaire iranien. (L’opposition de l’AIPAC à l’accord à cette époque avait entraîné un rassemblement similaire d’activistes de haut niveau pour tenter, en vain, de faire échouer l’accord au Congrès).
« Il est temps de resserrer les rangs entre Israël et les États-Unis – et les autres », a déclaré Netanyahu à propos de la question iranienne. « Et je suis impatient de discuter de cette question avec le président Biden et son équipe. Je pense que la convergence des esprits est plus grande aujourd’hui qu’elle ne l’a jamais été. »
Le président américain Joe Biden avait initialement cherché à relancer l’accord, que l’ancien président américain Donald Trump a quitté en 2018, mais ces plans sont moribonds en raison de la répression meurtrière par l’Iran des manifestations pro-femmes et de son soutien à la Russie dans sa guerre contre l’Ukraine.
Par ailleurs, l’administration Biden observe de près les mesures prises par le nouveau gouvernement de Netanyahu, formé en coalition avec des partis d’extrême droite. Le gouvernement cherche à réduire le pouvoir judiciaire du pays, et certains de ses dirigeants poursuivent agressivement l’annexion de la Cisjordanie – un mouvement auquel l’administration Biden s’oppose.
Ni Netanyahu ni Gottheimer n’ont abordé le climat politique actuel d’Israël dans les déclarations partielles communiquées par leurs bureaux.
L’AIPAC a interrompu ses conférences politiques printanières, qui attiraient plus de 15 000 personnes, après avoir été l’objet d’une attention indésirable lorsque deux des participants à la conférence se sont révélés être des propagateurs du virus COVID, alors peu connu. L’association a, depuis, mis en place une structure de vidéoconférences et de petites réunions locales en guise de remplacement et n’a plus programmé de grands rassemblements, même si d’autres groupes ont déjà repris leurs conventions d’avant la pandémie. Il n’a toutefois pas exclu de résumer les conférences.