L’Allemagne critiquée à l’ONU pour son soutien « déséquilibré » à Israël
La Turquie a notamment exhorté Berlin à cesser de distribuer à Israël tout "équipement militaire susceptible d'être utilisé pour commettre des crimes de guerre et des crimes contre l'Humanité"
La guerre à Gaza a terni jeudi l’examen régulier à l’ONU du bilan de l’Allemagne en matière de droits humains, de nombreux pays musulmans dénonçant son soutien « déséquilibré » à Israël et l’interdiction des manifestations pro-palestiniennes.
A cette occasion, l’Allemagne a reçu de nombreux éloges pour son solide bilan en matière de droits humains mais a fait face à des critiques inhabituelles, principalement concernant sa position dans la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza.
Le représentant égyptien Ahmed Moharam a affirmé que son pays « regrette profondément les positions défavorables prises par l’Allemagne à l’égard des droits du peuple palestinien », tandis que la Jordanie fustigeait ses « positions déséquilibrées ».
La Turquie a exhorté Berlin à cesser de distribuer à Israël « tout matériel ou équipement militaire susceptible d’être utilisé pour commettre des crimes de guerre et des crimes contre l’Humanité ».
La guerre dans la bande de Gaza a été déclenchée après l’attaque d’une violence sans précédent, le 7 octobre, du Hamas en Israël, qui a fait plus de 1 400 morts, majoritairement des civils, et pris en otage plus de 240 personnes.
Les frappes d’Israël ont fait plus de 10 800 morts, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Israël affirme que son offensive vise à détruire les capacités militaires et de gouvernance du Hamas, et s’est engagé à éliminer l’ensemble du groupe terroriste qui dirige la bande de Gaza. Il affirme viser toutes les zones où le Hamas opère, tout en cherchant à réduire au maximum les pertes civiles.
Les bilans des morts publiés par le ministère de la Santé, dirigé par le Hamas, ne peuvent être vérifiés de manière indépendante et incluent à la fois des civils et des membres du Hamas tués à Gaza, y compris à la suite de tirs de roquettes ratés par le groupe terroriste lui-même. Israël affirme avoir tué quelque 1 500 terroristes du Hamas à l’intérieur du pays le 7 octobre et après cette date.
Lors de l’Examen périodique universel (EPU) de jeudi – auquel les 193 pays membres de l’ONU doivent se soumettre tous les quatre ans – l’Allemagne a réitéré le droit d’Israël à se défendre.
« La sécurité et le droit d’Israël d’exister ne sont pas négociables pour l’Allemagne », a déclaré la cheffe de délégation allemande, Luise Amtsberg, commissaire gouvernementale aux droits humains et à l’aide humanitaire.
Elle a aussi exprimé son inquiétude face à la récente multiplication des actes antisémites. « Les Juifs ne se sentent plus en sécurité », a-t-elle déclaré devant le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, et « nous ne pouvons pas accepter cela ».
Elle a souligné que « la population allemande s’inquiète également, à juste titre, du sort de la population civile à Gaza et dans les territoires palestiniens ».
Le représentant d’Israël, Adi Farjon, a salué « les mesures prises par l’Allemagne, tant au niveau national que multilatéral, pour lutter contre le fléau de l’antisémitisme ».
Mais de nombreux pays, dont le Qatar et le Liban, ont remis en question certaines des mesures prises au nom de la lutte contre l’antisémitisme, notamment l’interdiction des manifestations pro-palestiniennes.
Mme Amtsberg a insisté sur le fait que « chacun en Allemagne a le droit d’exprimer librement son opinion et de manifester pacifiquement », mais a affirmé qu' »il y a une limite en ce qui concerne les actes criminels : le terrorisme ne peut pas être célébré ».