L’AP appelle l’UE à reconnaître la Palestine pour « contrer » le plan d’annexion
Le Premier ministre affirme que Washington ne trouvera aucun soutien arabe ou européen à son plan de paix
Le Premier ministre de l’Autorité palestinienne, Mohammad Shtayyeh, a appelé jeudi les pays européens à reconnaître l’État de Palestine afin de repousser la possibilité qu’Israël annexe des parties de la Cisjordanie, a rapporté le site officiel d’information de l’AP, Wafa.
Shtayyeh a fait ce commentaire lors d’une réunion avec le ministre norvégien des Affaires étrangères Ine Eriksen Soreide dans son bureau à Ramallah, d’après Wafa.
« Il a demandé que les pays européens reconnaissent l’État palestinien afin de préserver la solution à deux États et de contrer les plans de l’occupation d’annexer des parties de la Cisjordanie à Israël, en particulier après l’échec de ‘l’accord américain' », d’après le site, faisant allusion au plan récemment dévoilé par l’administration américaine pour résoudre le conflit israélo-palestinien.
Si plusieurs pays européens ont reconnu un état de Palestine, la majorité d’entre eux, dont la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Espagne, l’Italie et la Norvège, ne l’ont pas fait.
Les responsables israéliens soutiennent depuis longtemps que la reconnaissance de la Palestine avant la finalisation d’un accord de paix durcirait les positions de négociation palestiniennes, rendant plus difficile la conclusion d’un tel traité.
Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, assure que la reconnaissance européenne de la Palestine ne serait pas un « substitut » aux négociations ou à un mouvement contre Israël, mais qu’elle encouragerait plutôt les Palestiniens à maintenir l’espoir de paix.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a récemment promis d’annexer les territoires de Cisjordanie que le plan de l’administration américaine alloue à Israël, y compris la vallée du Jourdain et toutes les implantations israéliennes.
Immédiatement après la divulgation du plan américain le 28 janvier dernier, il avait fait savoir qu’il avait l’intention de soumettre une proposition d’annexion de ces parties de la Cisjordanie à un vote le 1er février, mais cela ne s’est finalement pas produit. Depuis, il a précisé qu’Israël ne ferait une telle démarche qu’en accord avec les États-Unis.
Jared Kushner, un conseiller principal du président américain Donald Trump qui était parmi les principaux auteurs du plan, a indiqué le 29 janvier que les États-Unis ne voulaient pas qu’Israël annexe des territoires en Cisjordanie dans un avenir proche.
« Nous espérons qu’ils attendent les élections du 2 mars et nous travaillerons avec eux pour essayer de trouver une solution », avait-il déclaré à GZERO Media, en faisant référence au prochain vote national en Israël.
Shtayyeh a également affirmé que le plan américain ne recevra pas de soutien européen ou arabe, selon Wafa.
« Le plan américain n’est rien d’autre que des diktats, et il est inacceptable d’en discuter », aurait-il dénoncé. « Les États-Unis n’ont pas trouvé et ne trouveront pas de partenaire pour sa mise en œuvre au sein de l’Union européenne ou parmi les États arabes ».
Le 4 février, le chef de la politique étrangère de l’UE, Josep Borrell, a critiqué l’initiative américaine comme s’écartant des « paramètres convenus au niveau international », notamment la solution à deux États basée sur les lignes d’avant 1967, avec la possibilité d’échanges de terres convenus d’un commun accord. Il a également déclaré que 25 des 27 États membres de l’UE partageaient ce point de vue.
Alors que de nombreux États arabes ont initialement choisi de ne pas critiquer directement le plan, les ministres arabes des affaires étrangères – lors d’une réunion d’urgence à la Ligue arabe le 1er février – ont unanimement soutenu une déclaration le rejetant et affirmant leur soutien à la création d’un État palestinien selon les lignes d’avant 1967.
Rompant avec les administrations américaines précédentes, le plan prévoit la création d’un État palestinien dans environ 70 % de la Cisjordanie, dans une petite poignée de quartiers de Jérusalem-Est, dans la majeure partie de la bande de Gaza et dans certaines zones du sud d’Israël – si les Palestiniens reconnaissent Israël comme un État juif, désarment le Hamas et d’autres groupes terroristes dans l’enclave gazaouie et remplissent d’autres conditions.
Le plan permet également à Israël d’annexer des implantations, d’accorder à l’État juif la souveraineté sur la vallée du Jourdain et un contrôle sécuritaire primordial à l’ouest du fleuve et d’interdire aux réfugiés palestiniens de s’installer en Israël.
Séparément, jeudi, Nabil Abu Rudeineh, le porte-parole d’Abbas, a critiqué l’annonce de Netanyahu selon laquelle des milliers de nouvelles maisons seraient construites dans les quartiers de Givat Hamatos et Har Homa à Jérusalem-Est.
« L’insistance de Netanyahu à construire des milliers de logements de colonies sur les terres de l’État de Palestine détruit systématiquement la solution à deux États », a fustigé M. Rudeineh dans une déclaration rapportée par Wafa, ajoutant que l’annonce du Premier ministre visait à mettre en œuvre l’initiative américaine.
Il a également soutenu que les promesses de Netanyahu constituaient « une tentative de gagner des voix de la droite israélienne aux dépens des droits des Palestiniens à l’approche des élections israéliennes ».
Le plan de construction de Givat Hamatos a été présenté pour la première fois en 2012, ce qui a suscité une large condamnation de la communauté internationale pour avoir coupé les quartiers palestiniens de Beit Safafa et de Sharafat de la Cisjordanie, d’une manière qui, selon les critiques, risquerait de sonner le glas d’une solution à deux États basée sur les lignes d’avant 1967.
Netanyahu a également assuré jeudi que des centaines de nouvelles maisons seraient construites à Beit Safafa.
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