Lapid : Israël doit trouver un accord régional avec la Ligue arabe
L’ancien ministre des Finances s’en prend à Netanyahu et dénonce son « absence de plan » à long terme
Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël
Immédiatement après les prochaines élections, le Premier ministre israélien devrait se rapprocher de la Ligue arabe et lancer un processus conduisant à un accord de paix avec les Palestiniens et plus largement une réconciliation israélo-arabe, a déclaré jeudi Yaïr Lapid.
L’ancien ministre des Finances récemment évincé a également poursuivi ses attaques contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu quant à sa politique régionale, estimant que, après presque deux ans en tant que membre du cabinet de sécurité, il ne savait toujours pas ce qu’était la vision de Netanyahu de la question palestinienne.
« La guerre n’est pas un mode de vie, » a déclaré Lapid lors de la conférence diplomatique du Jerusalem Post à Jérusalem. « Nous devrions nous tourner vers la Ligue arabe et entamer des négociations qui mèneront à un accord régional et à une séparation d’avec les Palestiniens. »
Plutôt que d’entrer dans un autre cycle de négociations bilatérales de paix avec les Palestiniens, Israël devrait chercher à discuter de la question avec le monde arabe, a fait valoir le président du parti Yesh Atid. « Ce que nous devons changer n’est pas ce dont nous parlons, mais à qui nous parlons. » Sans l’accord du monde arabe modéré, les Palestiniens « n’oseront jamais parvenir à un accord », a-t-il dit.
Juste après les élections du 17 mars 2015, la Ligue arabe va tenir un sommet à Charm el-Cheikh, en Egypte, au cours duquel le conflit israélo-palestinien sera discuté par les dirigeants régionaux.
« Immédiatement après les élections, je vais suggérer au Président Sissi que le nouveau Premier ministre d’Israël vienne à Charm el-Cheikh pour le sommet de la Ligue arabe et annonce le début d’un dialogue régional pour trouver une solution au conflit israélo-palestinien » a déclaré Lapid. Il n’a pas précisé qui sera pour lui le prochain Premier ministre israélien, mais a récemment indiqué qu’il est candidat au poste.
« C’est une occasion que nous ne devons pas manquer. L’Egypte, avec l’Arabie Saoudite, mène l’alliance des Etats modérés – une coalition informelle de pays arabes qui partagent un intérêt à travailler avec l’Occident pour arrêter l’avancée de l’islam radical. Israël devrait faire partie intégrante de cette coalition, et nous avons notre part à jouer dans ce combat. »
Après la rencontre de la Ligue arabe fin mars, Israël devrait convoquer un « sommet régional », a déclaré Lapid, « ce qui conduira à un accord de séparation entre Israël et les Palestiniens et à une future normalisation entre Israël et le monde arabe. »
Il est clair que Lapid ne parle pas de paix à part entière, du moins pas dans les premières années après un accord, mais d' »accord solide qui mènera à une séparation claire entre deux peuples qui ne peuvent pas vivre ensemble sur la même terre. »
Un accord régional ne fournira pas à Israël « une solution hermétique contre le terrorisme, » a assuré Lapid. « Mais un accord régional pourrait donner aux Egyptiens qui travaillent déjà au maintien du calme dans le Sinaï, et aux Jordaniens qui ont également maintenu leur traité de paix avec nous, un rôle pour nous aider à assurer notre propre sécurité. »
Après une centaine d’années de conflit, les deux parties ne peuvent pas s’attendre à se faire confiance mutuellement et immédiatement. « Donnez-nous dix ans de vie séparée en toute sécurité, puis nous pourrons parler de confiance. »
Lors de son discours, Lapid n’a pas commenté la fusion spectaculaire de mercredi entre les travaillistes et Hatnua. Il a cependant lancé une attaque à l’adresse du Premier ministre, qui l’avait congédié sans ménagement le 2 décembre.
« Il est étonnant qu’ayant siégé avec le Premier ministre en tant que membre du cabinet de sécurité depuis près de deux ans, je ne peux toujours pas décrire son plan pour notre sécurité future,» a déclaré Lapid. « Je ne pense pas que quiconque puisse décrire où le premier ministre veut aller. Il ne peut pas lui-même décrire son propre plan, car ce que j’ai appris de ma position passée au cabinet de sécurité, c’est qu’il n’a pas de plan. »
« Il faut reconstruire la relation avec les Etats-Unis dès que Netanyahu aura passé
la main » a encore dit Lapid.