Lapid prévient les cadets de Tsahal des dangers du recours de la force sans loi
Le Premier ministre sortant a mis en garde les élèves-officiers de Tsahal, en réponse apparente à l'appel du député Itamar Ben Gvir à assouplir les règles de tir ouvert

Le Premier ministre sortant, Yair Lapid, a mis en garde jeudi les élèves-officiers de Tsahal sur les pressions auxquelles l’armée sera probablement confrontée pour employer la force sans égard pour les lois contre les Palestiniens, affirmant que le maintien du cadre légal de l’utilisation de la force par Tsahal pourrait s’avérer être l’un des plus grands défis internes de l’armée.
Les propos de Lapid s’inscrivent dans le contexte de l’émergence d’un gouvernement de coalition de droite dure dirigé par Benjamin Netanyahu, qui comprendra des membres de l’extrême-droite, et où des appels ont été lancés pour assouplir les règles d’engagement de l’armée.
S’adressant aux cadets qui ont terminé le cours d’officiers à Bahad 1, l’école d’officiers de Tsahal dans le sud d’Israël, Lapid a déclaré que l’armée israélienne sera confrontée à « des appels à utiliser la force sans lois, sans règles, sans adhérer au modèle d’une armée respectueuse des lois ».
« Ces demandes fragilisent la société israélienne et affaiblissent Tsahal », a déclaré Lapid, s’exprimant lors de la cérémonie de remise des brevets d’officier.
« Le fait que nous soyons une démocratie évoluée avec des règles et des lois n’est pas une limitation de notre force. C’est la source de notre force. C’est ce qui nous distingue de nos ennemis. Si nous ne sommes pas différents d’eux, nous ne les vaincrons pas », a-t-il ajouté.
« Si Tsahal ne représente pas une armée morale et respectueuse des lois, elle ne pourra pas recruter les meilleurs combattants et commandants dans ses rangs », a-t-il prévenu.
Ses commentaires visaient probablement le parti d’extrême-droite HaTzionout HaDatit, qui réclame les portefeuilles de la Défense et de la Sécurité intérieure dans le nouveau gouvernement.
Les députés Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir ont réclamé à maintes reprises un assouplissement des règles en matière de tirs ouverts dans l’armée et la police.
Lors de la campagne électorale des dernières élections législatives, Ben Gvir s’était fortement engagé en faveur de l’assouplissement des règles d’engagement de Tsahal, afin de permettre aux forces de sécurité de tirer plus facilement sur les suspects palestiniens. Smotrich avait également fait des commentaires similaires.
L’alliance du binôme a remporté 14 sièges lors des élections de la Knesset de la semaine dernière et devrait devenir le deuxième parti de la coalition que Netanyahu espère former, en évinçant Lapid.

Lapid a également déclaré aux soldats diplômés que le modèle de Tsahal en tant qu’armée nationale est « mis au défi par le phénomène dangereux du refus du service militaire, face à un public croissant qui ne s’enrôle pas ».
Si le service militaire est obligatoire pour la plupart des Israéliens juifs, les ultra-orthodoxes, qui représentent une part croissante de la population, bénéficient souvent d’exemptions afin de poursuivre leurs études religieuses. Certains des plus extrémistes refusent même de demander une telle exemption, ce qui entraîne souvent des arrestations.
Ces exemptions ont longtemps exaspéré les Israéliens laïques, mais les communautés ultra-orthodoxes ont résisté aux tentatives répétées de les obliger à s’inscrire au service militaire. Lorsqu’il siégeait à la Knesset, Lapid a été à la tête des efforts visant à faire adopter une législation destinée à obliger les membres de la communauté ultra-orthodoxe à s’enrôler dans une forme de service national.
Michael Horovitz a contribué a cet article.