Lapid va rencontrer d’éminents diplomates américain et bahreïni à Rome
L'entretien avec Anthony Blinken sera probablement consacré à l'Iran et aux Palestiniens ; celui avec Zayani, envoyé de Manama, précède la visite de Lapid aux EAU, mardi
Le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid doit rencontrer dimanche son homologue américain Anthony Blinken à Rome, lors de leur tout premier contact en face à face. Il rencontrera également le ministre des Affaires étrangères du Bahreïn, Abdullatif al-Zayani – là aussi, le premier entretien direct entre le nouveau gouvernement israélien et un ministre de cabinet de cet État du Golfe.
Lapid s’envolera dimanche pour l’Italie pour ces réunions. Blinken est actuellement à Rome dans le cadre d’un voyage diplomatique en Europe, a noté un responsable américain.
La rencontre avec Zayani a lieu alors que Lapid doit partir mardi dans la région du Golfe, où il assistera à l’inauguration de la nouvelle ambassade israélienne à Abu Dhabi et à celle du consulat de Dubaï.
L’État juif a signé un accord officiel de paix et de normalisation avec les Émirats et Bahreïn, l’année dernière. Ce déplacement de Lapid sera le tout premier d’un important ministre israélien dans le Golfe après ces accords.
La réunion avec Blinken fait suite à deux entretiens téléphoniques qui ont eu lieu au début du mois entre les deux chefs de la diplomatie et alors que Washington a intensifié ses contacts avec le nouveau gouvernement israélien après son investiture.
Yaïr Lapid, devenu chef de la diplomatie israélienne le 13 juin, sous la direction du nationaliste Naftali Bennett comme Premier ministre, accuse l’ex-Premier ministre Benjamin Netanyahu d’avoir mis en danger le soutien indéfectible des Etats-Unis en se rangeant derrière le parti républicain de Donald Trump.
Il s’est engagé à la mi-juin à améliorer le dialogue avec le parti démocrate américain et des pays européens, qualifiant respectivement ces relations de « dangereuses » et « d’hostiles » sous Benjamin Netanyahu.
L’ancien Premier ministre, qui pilotait Israël depuis le printemps 2009, a rapidement réagi à ce moment-là avec une vidéo sur les réseaux sociaux dans laquelle il a qualifié le nouveau gouvernement de « tellement dangereux ».
Tandis que les tensions restent vives en Israël après les violences du mois de mai – marqué par un conflit entre l’État juif et les groupes terroristes de la bande de Gaza et des affrontements interethniques dans les villes mixtes du pays – et alors qu’une coalition hétéroclite gouverne l’état Juif depuis peu et que les incertitudes persistent au niveau politique dans l’Autorité palestinienne, l’équipe Biden a clairement indiqué ne pas chercher à confectionner à la hâte des initiatives de paix au Proche-Orient.
Dans le premier appel entre les deux hauts-responsables, Blinken avait félicité Lapid pour la formation de sa coalition.
Le deuxième appel avait été plus substantiel et les deux hommes avaient évoqué « les opportunités et les défis pour Israël dans la région », selon le département d’État.
« Le secrétaire a discuté de l’attachement des États-Unis à la sécurité israélienne, de l’importance de la relation bilatérale entre les États-Unis et Israël et de la nécessité d’améliorer, de manière pratique, les relations entre les Israéliens et les Palestiniens », avait précisé un communiqué émis à ce moment-là.
Selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères, Lapid et Blinken avaient « parlé longuement d’un grand nombre de questions stratégiques, et notamment de la situation sécuritaire et politique dans la région ».
Les communiqués émis des deux côtés avaient noté que les entretiens avaient aussi porté sur l’Iran et sur la normalisation avec les États arabes, que les États-Unis veulent faire avancer à l’avenir.
Blinken et Lapid ont convenu de mettre en place une politique de « zéro surprise », avait fait savoir le communiqué israélien, s’engageant à maintenir des canaux de communication ouverts et réguliers et à se rencontrer rapidement. Le nouveau chef de l’opposition Benjamin Netanyahu avait âprement critiqué ces informations, affirmant que cet engagement d’Israël à tenir systématiquement au courant les États-Unis d’éventuelles actions militaires entreprises contre le programme nucléaire iranien mettrait en danger la sécurité de l’État juif.
Comme l’ancien gouvernement, le nouveau – avec à sa tête Bennett et Lapid – s’oppose aux efforts livrés par l’administration Biden pour réintégrer l’accord sur le nucléaire iranien, connu sous le nom de JCPOA (Joint Comprehensive Plan of Action). Toutefois, Lapid – et ce serait aussi le cas de Bennett – a juré que quels que soient les désaccords qu’Israël pourrait avoir avec l’administration Trump, les critiques seraient faites à huis-clos pour éviter le type de mésentente publique qu’avait pu afficher Netanyahu à l’ère de l’administration Obama.
Lapid a rencontré Blinken pour la toute première fois quand le secrétaire d’État est venu à Jérusalem dans le cadre des initiatives américaines visant à renforcer le récent cessez-le-feu qui a mis un terme à un conflit de onze jours qui a opposé Israël et les groupes terroristes de Gaza.
Le voyage de Lapid aux Émirats arabes unis, au cours duquel il assistera à l’inauguration des missions diplomatiques dans le pays, durera quarante-huit heures. Il est prévu le 29 et le 30 juin.
L’AFP a contribué à cet article.