L’armée interdit aux Palestiniens des implantations de travailler après l’enlèvement
Le décret est un message envoyé à l’Autorité palestinienne pour indiquer que "ce n’est pas comme d’habitude"
Mitch Ginsburg est le correspondant des questions militaires du Times of Israel

Samedi soir, 48 heures après que les trois adolescents israéliens aient été enlevés au Gush Etzion, l’armée a publié un ordre interdisant aux travailleurs palestiniens d’entrer dans les implantations de la Cisjordanie dans la région, a annoncé l’armée jeudi.
Le Conseil Yesha des implantations a fait l’écho de l’appel qui s’est étendu aux communautés juives dans la Cisjordanie. Cela a créé de la confusion parmi certains habitants des implantations qui ont considéré que la mesure était discriminatoire, ou, au cours des jours suivants, qu’elle n’était pas appliquée assez rigoureusement.
« L’armée a donné l’ordre de restreindre l’accès aux Palestiniens pour des facteurs de sécurité liés à l’enlèvement, a déclaré un porte-parole de l’armée en réponse à une question du Times of Israel.
Lundi, le porte parole a annoncé que l’armée avait annulé la directive.
L’armée a refusé d’expliquer comment l’entrée et la sortie des travailleurs palestiniens, par exemple, pourrait avoir un impact sur les opérations massives qui ont lieu actuellement en Cisjordanie. Les forces de sécurité cherchent à la fois à retrouver les adolescents, Naftali Frankel, Gil-ad Shaar, and Eyal Yifrach, et à démanteler la structure du Hamas en Cisjordanie.
Le chef du Conseil Local d’Efrat, Oded Revivi, a déclaré que l’ordre venait de l’officier en chef du Centre de Commandement et que de telles directives ne sont pas inhabituelles. Le Jour de l’Indépendance ou le Jour du Souvenir, par exemple, Efrat a l’instruction d’empêcher l’entrée des Palestiniens pour des raisons de sécurité. En outre, lorsqu’il y a une menace claire et bien définie d’une attaque similaire, une telle procédure de routine est mise en place.
Revivi a informé à la fois le personnel de sécurité de l’implantation et les employeurs que 1 000 travailleurs palestiniens seraient interdits d’entrée à Efrat, une communauté de 10 000 habitants, dimanche.
Au cours de la journée, il a parlé avec des officiers régionaux de l’armée. On lui a dit que l’interdiction n’avait pas été publiée pour la sécurité des habitants des implantations, mais pour être sûr que les habitants des implantations n’attaqueraient pas les Palestiniens. Revivi considère cette façon de raisonner comme inacceptable, une « tâche » sur le mouvement des implantations.
De plus, il a déclaré qu’il s’opposait à l’interdiction car si certains dirigeants de communauté dans la région ont déclaré qu’ils appliqueraient cette interdiction jusqu’à ce que les adolescents reviennent, il ne croyait pas que la déclaration serait respectée. Il a ajouté : » Je ne crois pas que ce soit juste de punir une population palestinienne simplement à cause du fait qu’il y a quelques groupes qui rôdent aux arrêts de bus pour enlever des jeunes ».
Lundi, peu après 8 heures du matin et après que l’armée ait annulé cet ordre, il a expliqué sa façon de penser sur Facebook en écrivant qu’il « est simple d’effrayer, mais beaucoup plus difficile de rassurer… Très simple de répandre la peur et la terreur, mais beaucoup plus difficile d’offrir la tranquillité et la paix de l’esprit ».
A Tekoa, dans les alentours, le Conseil régional a adopté une ligne plus stricte. « L’interdiction des travailleurs palestiniens pour les communautés dans le Conseil régional a été mise en place pour empêcher des tensions internes entre les résidents et les travailleurs palestiniens », a écrit le chef du Conseil régional Davidi Pearl dans une déclaration. « En outre, le but est de servir de moyen de pression sur l’Autorité palestinienne et les résidents de la zone pour parvenir à l’extradition des ravisseurs et au retour rapide des adolescents chez eux ».
Un porte parole du Conseil Yesha des implantations a déclaré qu’il s’agissait de la première fois qu’une telle démarche avait été mise en place sans une réelle menace, des fêtes religieuses ou nationales. « Nous avons fait cela comme une sorte de déclaration aux Palestiniens », explique-t-il.
Un résident de Tekoa, Yossi Templeman, qui a vécu dans la région du Gush Etzion pendant 33 ans, est d’accord. « Cela n’a visiblement aucun rapport avec la course pour retrouver les adolescents enlevés. Il s’agit de montrer que ce n’est pas comme d’habitude et de canaliser notre colère et notre frustration ».
Il a déclaré qu’il y avait ceux qui cherchaient à ressembler à la communauté proche de Bat Ayin, qui a la politique d’interdire aux Arabes d’entrer dans l’implantation, mais qui, puisqu’une bonne partie de la croissance de l’implantation dépend du travail palestinien, « ils ne veulent pas marquer un but contre leur propre camp ».
Tekoa lèvera dimanche l’interdiction des Palestiniens sur toute la communauté.
Matanya Freund, un fermier de 32 ans de Tekoa, une implantation qui est fortement associée avec feu le rabbin Menachem Froman qui a consacré une partie importante de sa vie au dialogue interreligieux, s’est opposé à l’interdiction d’une semaine du Conseil régional sur plusieurs points. En premier lieu, il a écrit un courriel, « C’est illégal ! Si je devais poursuivre en justice le Conseil régional pour ce manque à gagner dû à cette décision, on peut raisonnablement penser que je gagnerais ».
Ensuite, il a écrit que « toute l’opération est émotionnelle, sans avenir. Combien de temps vont-ils interdire l’entrée aux travailleurs ? Un jour, une semaine, pour toujours, jusqu’à ce que les jeunes reviennent ? C’est une plaisanterie qui n’est pas pour honorer ses instigateurs ».
Enfin, il a expliqué que le message envoyé aux Palestiniens, qui travaillent dans les implantations et qui ont été interdits d’entrée dans la semaine, était « vous êtes un Arabe dangereux » aux yeux des juifs, « et c’est cela le problème le plus grave ».
« L’avenir, a-t-il poursuivi, se crée par l’espoir et le dénominateur commun parmi nous est le désir de progresser vers un futur meilleur. Il n’y a rien dans l’idiotie du conseil qui avance cette idée ».