L’artiste Beverly Barkat crée un globe à partir de déchets plastiques
Le globe de quatre mètres de haut est hébergé par l’aquarium de Jérusalem avant son installation définitive au World Trade Center, à New York
Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »
La « Terre Poétique » (Earth Poetica) de l’artiste hiérosolymitaine Beverly Barkat, un globe de quatre mètres de diamètre fabriqué à partir de déchets plastiques, trône majestueusement au milieu de l’aquarium israélien de la famille Gottesman, une sphère chatoyante et ornée d’emballages alimentaires, de sacs et de bouteilles coulés dans de la résine, un rappel puissant de la quantité de déchets qui tapisse la planète.
« Je voulais qu’extérieurement, ce soit un beau bijou », a déclaré Barkat, debout devant son œuvre dimanche matin. « C’est beau, mais ce sont des déchets. »
En levant les yeux, le globe imposant offre une apparence de vitraux, avec des déchets plastiques colorés enfermés dans une résine transparente, encadrés de panneaux métalliques avec une structure intérieure en bambou.
Plusieurs fenêtres placées à la surface du globe offrent aux spectateurs un aperçu de l’intérieur, avec ses grappes d’emballages en plastique, ses filets de pêche et bouteilles rappelant avec force la beauté extérieure de l’oeuvre.
Le travail de Barkat est une commande destinée à rejoindre le hall d’un bâtiment du nouveau complexe du World Trade Center surplombant Ground Zero, dans le Lower Manhattan, après un premier séjour de six mois à l’aquarium de Jérusalem.
« Le montrer ici est important parce que je suis Israélienne, que je vis ici et que j’aime Israël », précise Barkat, née en Afrique du Sud, installée en Israël depuis l’enfance et mariée à Nir Barkat, l’ancien maire de Jérusalem, un des favoris à la succession de l’ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu à la tête du Likud.
L’aquarium de Jérusalem a mis en œuvre des programmes scolaires qui viennent en complément de « Earth Poetica », alors que des panels et vidéos expliquent le processus de travail de Barkat.
Barkat a commencé à travailler sur Earth Poetica il y a plusieurs années, collectant ses propres déchets, puis, avec la pandémie, stockant des colis de déchets envoyés par des amis et membres de la famille des quatre coins du monde.
Les plastiques sont devenus la palette de Barkat, indique-t-elle elle-même, contribuant à la construction du récit qu’elle souhaite transmettre.
Des panneaux exposant des morceaux de plastique, rassemblés par couleur et par type – allant des emballages de surgelés aux bouteilles de soda en passant par les papiers de bonbons et les paquets de chips – sont suspendus aux murs du hall dans l’entrée de l’aquarium.
Lorsque Barkat a commencé à plancher sur sa planète Terre en plastique, elle s’est mise en quête de différentes nuances de couleurs pour rendre les océans et les mers, les montagnes et la masse terrestre du globe, évoquant le cas d’une nuance particulière de vert foncé provenant de bouteilles d’eau gazeuse australiennes utilisées pour représenter les eaux du Nil en Egypte.
« Il faut une bonne dose d’un artisanat méticuleux pour créer une sphère », a-t-elle déclaré.
Alors que Barkat lançait sa Terre Poétique, elle a passé beaucoup de temps à examiner des cartes du monde, explorant Google Earth pour apprendre les aspects précis de la géographie du monde.
« Je me suis aussi fondée sur ce que je savais », a-t-elle déclaré. « Chaque continent évoque pour moi quelque chose de très personnel. »
Sur un plan plus technique, Barkat a travaillé avec l’ingénieur métallurgiste Yuval Telem pour créer une sphère métallique du globe autour de 18 cadres et dix cadres intérieurs, pour un total de 180 cadres déplacés au sein de son atelier de deux étages à Jérusalem, au fur et à mesure de l’avancement des travaux.
L’ajout du cadre interne en bambou va d’une structure métallique à l’autre, imitant la nature, a-t-elle indiqué.
« C’est la terre qui nous rappelle que, si nous ne changeons pas notre façon de nous comporter, nous allons finir par nous couvrir de plastique », a déclaré Barkat.
« Nous devons investir de l’énergie et nous doter d’une manière différente de gérer les choses pour les changer significativement. »