Le 7 octobre, résultat d’une « absence de l’État », selon le fils de Shimon Pérès
Chemi Pérès, qui s’est beaucoup impliqué dans le dialogue israélo-palestinien, rappelle que les Palestiniens doivent "accepter l'État démocratique juif qu'ils ont toujours rejeté"
Chemi Pérès est le fils de l’ancien Premier ministre et président israélien Shimon Pérès (1923-2016). Pilier de la tech israélienne, il est président du fonds de capital-risque Pitango et du Centre Pérès pour la paix et l’innovation, et s’est beaucoup impliqué dans le dialogue israélo-palestinien et israélo-arabe. Il a ainsi financé de nombreux projets éducatifs et humanitaires afin de rapprocher les peuples.
Il a donné fin novembre un entretien au Figaro, dans lequel il se montre très sévère contre l’échec des autorités le 7 octobre, jour de terreur qui a « montré ce qu’on peut faire aux Juifs quand l’État est absent ». Il explique avoir « ressenti de la honte vis-à-vis des populations abandonnées du sud » et tient le gouvernement et ses politiques de division, notamment avec la réforme judiciaire, pour responsables.
Il a expliqué qu’aucun dialogue sur la paix n’aboutira tant que les Palestiniens n’auront pas « fait le choix en tant que peuple » de « rompre avec la haine » et la terreur, et qu’ils devaient également « accepter l’État démocratique juif qu’ils ont toujours rejeté ».
Il voit cela comme possible, affirmant que les Palestiniens « ne sont pas différents de nous ». Selon lui, « c’est toujours une question de leadership. Les fanatiques doivent être éliminés. Soit par nous, ou par eux. Ils doivent faire un choix en tant que peuple. Après ce que nous avons vécu, personne en Israël ne sous-estimera plus la menace. Car ce qui nous est arrivé est insupportable et nous a menés à penser ‘C’est soit eux, soit nous’. C’est une très mauvaise conclusion quand on cherche la paix. Nous devons, des deux côtés, exclure les fanatiques qui sabotent la paix. »
Il dit là le besoin de « leaders déterminés », citant « Anouar el-Sadate, qui a payé son choix courageux de sa vie, de même que Yitzhak Rabin ».
Si « la paix et la coexistence des deux communautés sont la seule solution », les choses ont néanmoins « changé radicalement », dit-il. « Le premier changement, c’est qu’à la naissance de l’État d’Israël le plan proposé par les Nations unies a été celui de deux États vivant côte à côte : un État démocratique juif et un État arabe palestinien après partition. L’État d’Israël a accepté, la vision de Ben Gurion étant que nous devrions être juifs et démocratiques, et qu’il faudrait une majorité juive pour nous protéger. Les Arabes ont refusé cette coexistence, ce qui signifie que depuis soixante-quinze ans nous avons pratiqué de facto une politique de containment en construisant une armée puissante et une économie prospère. En 2005, Sharon a même décidé de quitter Gaza. On a démantelé nos implantations et Sharon a rompu avec le Likud pour cela. Mais la réponse des Palestiniens a été un État de terreur qui a utilisé l’argent du Qatar pour financer une armée préparant notre annihilation », a déclaré Chemi Pérès.
Face à ceux qui estiment qu’Israël a échoué en n’allant pas au bout du processus de paix et en faisant de Gaza une « prison », il répond que les frontières de Gaza « étaient ouvertes, les Palestiniens venaient travailler en Israël, mais le Hamas a pris le pouvoir et a opprimé les Palestiniens, en les empêchant d’utiliser leurs belles plages pour en faire un paradis, un Singapour. Ils se sont mis à travailler à l’annihilation d’Israël. Le 7 octobre, beaucoup d’Israéliens ont compris que le containment n’est plus une possibilité. Ni chez nous, ni à nos frontières, ni nulle part ailleurs. On ira chercher et détruire tous ceux qui menacent notre existence. Le Hamas doit être éliminé. Comme al-Qaida et Daech. »
Il rappelle ainsi la détermination du pays et de ses citoyens pour cela, se réjouissant du soutien américain et français, « parce que cela peut arriver partout ».
Selon lui, les militaires israéliens « agissent avec une extrême prudence pour minimiser les dommages collatéraux », se désolant que le Hamas « utilise les civils comme boucliers et les exécute pour qu’ils ne s’évadent pas ».
Au sujet de la hausse de l’antisémitisme à travers le monde depuis le 7 octobre, Chemi Pérès répond que « si les Juifs doivent avoir peur, que cela nous dit-il du monde ? Pourquoi hait-on Israël malgré toutes les contributions que nous faisons à la santé, la science, la technologie ? Avant, chez nous, on disait que la diaspora devait s’occuper de l’antisémitisme, et que l’État d’Israël devait s’occuper de créer une maison sûre pour tous les Juifs. Mais pour la première fois, ces deux choses vont ensemble. Quand l’État juif est faible, et il l’a été ces derniers temps, l’antisémitisme grandit. Quand l’État d’Israël est fort, l’antisémitisme se réduit ».
Enfin, au défi que pose la guerre au secteur technologique israélien, avec une économie en berne et des employés appelés dans la réserve militaire, il promet avec ses « amis de la tech » de répondre à ce défi « en créant des compagnies encore plus puissantes, en levant plus d’argent, en ouvrant de nouveaux marchés, tout en renforçant la puissance militaire israélienne pour que plus personne n’ose nous provoquer ».