Le cessez-le-feu ne devrait pas être conditionné à la libération des otages – Qatar
Mohammed ben Abdelrahmane al-Thani suggère que les parties cessent les combats indépendamment de la libération des captifs, ce qu'Israël refuse catégoriquement

Les négociations entre Israël et le Hamas en vue d’un cessez-le-feu à Gaza n’ont « pas été très prometteuses ces derniers jours » et ne devraient pas être conditionnées à la libération des otages israéliens, a déclaré samedi Mohammed ben Abdelrahmane al-Thani, le Premier ministre qatari.
« Un dilemme auquel nous avons été confrontés (…) est qu’obtenir un cessez-le-feu (était) conditionné à un accord sur les otages », a-t-il relevé au cours de la Conférence sur la sécurité organisée dans cette ville allemande. « Cela ne devrait pas être conditionné ».
Ces commentaires sont frappants de la part du chef d’un pays qui a joué un rôle clé de médiateur entre les deux parties. Alors que le Hamas souhaite un cessez-le-feu pour renforcer ses forces et éventuellement mettre fin à la guerre, Israël a clairement indiqué à plusieurs reprises qu’il ne voyait aucune raison de conclure une trêve autre que la libération des otages et que, s’il pouvait accepter une pause, il ne prévoyait pas d’arrêter complètement les combats tant que le Hamas n’aurait pas été démantelé.
« Nous resterons toujours optimistes. Nous continuerons à pousser. Nous ferons de notre mieux pour nous rapprocher » d’un accord, a ajouté à Munich Mohammed ben Abdelrahmane al-Thani, dont le pays est très actif depuis des mois, avec les Etats-Unis et l’Egypte, pour tenter de parvenir à un arrêt des combats.
Le président israélien Isaac Herzog s’est également exprimé lors de la conférence et a semblé rejeter le commentaire du premier ministre qatari.
« Si l’on veut aller de l’avant, trouver un horizon et mettre fin à cette situation désastreuse, qui a été initiée par le Hamas avec une cruauté sans précédent, il faut résoudre la question des otages et les ramener chez eux en toute sécurité et le plus rapidement possible », a déclaré le président.
Le président révèle également que les forces israéliennes opérant à Gaza ont trouvé un livre intitulé La fin des Juifs, écrit par Mahmoud al-Zahar, cofondateur du groupe terroriste Hamas.
« Ce livre dit tout d’abord que nous ne devrions pas reconnaître le fait qu’il y a des Juifs et un peuple juif, mais il fait surtout l’éloge de la Shoah. Il salue ce que les nazis ont fait et appelle les nations à suivre ce que les nazis ont fait », a déclaré M. Herzog, soulignant la proximité de Munich avec le camp de concentration de Dachau.

M. Herzog a également confirmé avoir rencontré vendredi M. Al-Thani, qui, selon lui, déploie des « efforts considérables » en vue du retour des otages.
« C’est compliqué, c’est difficile », a déclaré M. Herzog. « Après tout, il s’agit de personnes qui sont cachées et dispersées dans tout Gaza, principalement dans les tunnels, et nous devons savoir où elles se trouvent », a déclaré le président.
On estime que 130 des 253 otages enlevés par le Hamas et ses complices le 7 octobre sont encore à Gaza, mais certains ne sont plus en vie. 105 civils ont été libérés lors d’une trêve d’une semaine fin novembre. Quatre otages avaient été libérées avant cela et une soldate avait été secourue. Les corps de huit otages ont également été récupérés et trois otages ont été tués par erreur par l’armée lors d’un incident tragique en décembre. Deux autres otages ont été secourus grâce à une opération conjointe de l’armée et du Shin Bet.
Une autre personne est portée disparue depuis le 7 octobre.
L’armée israélienne a confirmé la mort de 30 des personnes toujours détenues par le Hamas et ses complices, sur la base de nouvelles informations et des découvertes obtenues par les troupes opérant à Gaza.
Le Hamas détient par ailleurs les corps des soldats de Tsahal Oron Shaul et Hadar Goldin depuis 2014, ainsi que deux civils israéliens, Avera Mengistu et Hisham al-Sayed, qui sont tous deux censés être en vie après être entrés dans la bande de Gaza de leur propre chef en 2014 et 2015 respectivement.
M. Al-Thani, qui est également ministre des Affaires étrangères, a déclaré qu’il ne pouvait pas entrer dans les détails des négociations, mais que, comme pour les accords précédents, il y avait deux éléments : les conditions humanitaires à Gaza et le nombre de prisonniers palestiniens incarcérés en Israël pour atteinte à la sécurité nationale ou faits de terrorisme qui seraient libérés en échange des otages enlevés en Israël et détenus par le Hamas.
« Je crois que dans cet accord, nous parlons à une plus grande échelle et nous voyons encore des difficultés sur la partie humanitaire de ces négociations », a-t-il déclaré.

Il a ajouté qu’il pensait que si les négociations progressaient sur le volet humanitaire de tout accord, l’obstacle du nombre de personnes libérées serait finalement levé.
Le Hamas a menacé samedi soir de quitter les pourparlers si une aide supplémentaire n’y était pas rapidement acheminée, y compris dans le nord menacé de famine.
« Les négociations ne peuvent avoir lieu tant que la faim ravage le peuple palestinien », a déclaré à l’AFP une source haut placée au sein du groupe terroriste palestinien, qui a demandé à ne pas être identifiée car elle n’est pas autorisée à s’exprimer sur le sujet.
Le chef du Hamas, Ismail Haniyeh, a blâmé Israël pour l’absence de progrès, ajoutant que le Hamas « n’acceptera rien de moins qu’une cessation complète de l’agression, le retrait de l’armée d’occupation de Gaza et la levée du siège injuste ».

Israël a déclaré qu’il s’agissait de conditions rédhibitoires et le Premier ministre Benjamin Netanyahu a qualifié les demandes du Hamas de « délirantes ».
Samedi, M. Netanyahu a déclaré que sa politique consistait à exercer une forte pression militaire et à mener des négociations difficiles.
Il a déclaré aux journalistes lors d’une réunion d’information que les exigences du Hamas restaient « délirantes » et que les accepter serait synonyme de défaite pour Israël. « Il est évident que nous ne les accepterons pas.
« Lorsque le Hamas renoncera à ces demandes délirantes, nous pourrons progresser », a-t-il déclaré.
Il a déclaré que la pression militaire israélienne « fonctionne » à Gaza, la plupart des bataillons du Hamas ayant été détruits. « Nous ne nous arrêterons pas tant qu’ils ne seront pas tous détruits », a-t-il déclaré.
Les dirigeants du Hamas sont en fuite et n’ont plus d’endroits où se cacher, a-t-il affirmé. « Le jour est proche où les dirigeants du Hamas n’auront plus aucun endroit où s’enfuir, a-t-il déclaré. « Ce n’est qu’une question de temps.