Le chef de cabinet de Netanyahu soupçonné de chantage envers un officier israélien
Selon Tzachi Braverman, les rumeurs le concernant faisant état de pressions pour obtenir des modifications de comptes rendus de réunion est "un mensonge absolu" destiné à nuire au Premier ministre
On a appris dimanche que Tzachi Braverman, chef de cabinet du Premier ministre Benjamin Netanyahu, était soupçonné d’avoir fait chanter un officier de Tsahal afin qu’il modifie les procès-verbaux de réunions tenues en temps de guerre en le menaçant de divulguer une vidéo compromettante.
C’est la radio publique Kan qui a, la première, évoqué le nom de Braverman, expliquant de surcroît que la vidéo en question avait été obtenue de caméras de sécurité des services du Premier ministre et que des employés du cabinet du Premier ministre y avaient eu accès.
Braverman a nié de tels agissements, qualifiant l’information d’« erronée » et « diffamatoire » et assurant ne jamais s’être procuré pareille vidéo pour faire chanter qui que ce soit. « C’est un mensonge absolu, destiné à me porter préjudice, à moi et aux services du Premier ministre, alors que nous sommes en pleine guerre. »
Selon certaines informations, une plainte aurait été déposée il y a de cela plusieurs mois auprès du chef d’État-major de Tsahal, le lieutenant-général Herzi Halevi, laissant entendre que le cabinet du Premier ministre avait en sa possession et faisait un usage inapproprié d’images compromettantes d’un officier de Tsahal.
Un membre de l’entourage professionnel de Netanyahu aurait dit à Halevi que l’officier en question entretenait une relation inappropriée avec une des employées du cabinet du Premier ministre, mais l’enquête de l’armée a conclu que cette relation n’était en rien constitutive d’un abus de pouvoir.
Selon la Treizième chaîne, des membres du cabinet du Premier ministre auraient exigé de la femme en question qu’elle leur remette son téléphone, au motif de prétendues fuites d’informations, ce qui leur aurait permis de se procurer ses échanges personnels avec l’officier.
La chaîne de télévision a indiqué samedi soir que des membres de la police avaient interrogé plusieurs employés du cabinet du Premier ministre dans le cadre de multiples allégations et recueilli des témoignages dans les locaux-mêmes du service, à Jérusalem.
Ces nouvelles accusations portées contre Braverman s’ajoutent à la série de scandales qui, depuis une semaine, éclaboussent les services du Premier ministre, entre fuites d’informations sensibles et vol présumé de documents classifiés de la plus haute importance.
Le cabinet de Netanyahu a nié en bloc toutes ces accusations et qualifié les enquêtes de police de véritable chasse aux sorcières. Netanyahu n’est personnellement inculpé dans aucune de ces enquêtes.
La semaine dernière, la justice a rendu publique l’existence d’une enquête sur « des événements en lien avec le début de la guerre ».
Selon les médias israéliens, cette enquête serait liée à une information parue en juillet dernier sur le site d’information Ynet selon laquelle l’ex-aide de camp militaire de Netanyahu, le général de division Avi Gil, avait averti quelques mois auparavant le procureur général de l’existence d’initiatives destinées à modifier les protocoles d’échanges sur les questions de sécurité.
Des proches collaborateurs de Netanyahu auraient utilisé des « images compromettantes » d’un officier, membre du secrétariat militaire du Premier ministre, pour lui faire modifier la teneur des compte-rendus tenus dans la nuit du 6 au 7 octobre 2023, soit quelques heures avant la redoutable attaque menée Hamas contre le sud d’Israël.
Selon Ynet, les procès-verbaux des discussions liées aux préparatifs d’Israël pour comparaître devant la Cour internationale de justice auraient, eux aussi, fait l’objet de tentatives de manipulation.
Ni les tentatives de modification des procès-verbaux officiels de ces discussions ni les accusations de tentative de chantage pour faire modifier les protocoles n’auraient donné lieu à interpellation.
En revanche, quatre militaires israéliens ainsi que le porte-parole de Netanyahu ont été interpelés dans le cadre de l’enquête sur le vol de documents classifiés de ladirection du renseignement militaire, dont un exemplaire a terminé dans la presse étrangère, peut-être à des fins politiques.
Le tribunal de première instance de Rishon Lezion a indiqué que cette fuite portait atteinte aux tentatives de négociation d’un accord en vue d’instaurer un cessez-le-feu et de faire libérer les otages du Hamas.
Les suspects se trouvent toujours en détention et devraient comparaître ce dimanche devant le tribunal chargé de statuer sur une éventuelle prolongation de leur détention provisoire.
La semaine dernière, le tribunal a autorisé que soit révélée l’identité d’Eli Feldstein, ancien porte-parole de Netanyahu arrêté dans le cadre de cette affaire.
L’identité des responsables de Tsahal eux aussi interpelés dans le cadre de cette affaire continue de faire l’objet d’une protection en vertu d’un embargo de publication.
Selon les médias israéliens, les quatre soldats travaillent tous au sein d’une unité du renseignement chargée de lutter contre les fuites.
Ce scandale lié à la divulgation de documents confidentiels est loin d’être le premier depuis que cette guerre a commencé.
Quelques semaines déjà après l’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre qui a déclenché la guerre, le quotidien Haaretz avait indiqué que Braverman – qui a déjà avoué avoir fait disparaitre des documents au sein des services du Premier ministre – s’était arrogé les documents classifiés des mois précédant la guerre, ce à quoi la procureure générale, Gali Baharav-Miara, avait réagi en sommant le chef du Conseil de sécurité nationale, Tzachi Hanegbi, de restituer lesdits documents.