Le chef du Hamas rend hommage à Soleimani lors de ses funérailles à Téhéran
Haniyeh a affirmé que les groupes terroristes palestiniens étaient reconnaissants envers le général pour son soutien, jurant que sa mort aidera à la "libération de la Palestine"
Le leader du groupe terroriste du Hamas a pris la parole lors des funérailles à Téhéran du général iranien Qassem Soleimani, lundi, attribuant le mérite de la vigueur de son organisation palestinienne et d’autres au chef défunt des forces Al-Qods.
Ce que Soleimani « a fourni à la Palestine et à la résistance les a amenés à la position qu’ils occupent aujourd’hui, que ce soit en termes de puissance et de constance », a affirmé Haniyeh.
Qualifiant Soleimani de « martyr de Jérusalem », Haniyeh a expliqué que sa mort ne dissuaderait pas les groupes terroristes palestiniens de combattre l’Etat juif.
« J’affirme que le projet de résistance en Palestine visant à se confronter au projet sioniste et à résister au projet américain de domination ne sera pas brisé, affaibli ou rendu plus hésitant », a clamé Haniyeh.
« Ce projet continuera à avancer sur son parcours avec fermeté – le parcours de la résistance – jusqu’à ce que les occupants de nos terres et de Jérusalem soient chassés », a-t-il ajouté.
Soleimani, à la tête des forces Al-Qods au sein des Gardiens de la Révolution iranienne, tenait un rôle très important en termes de gestion des réseaux des groupes mandataires de la République islamique – notamment le Hezbollah, au Liban, et les milices chiites en Irak, au Yémen et ailleurs.
Tandis que le Hamas, gouvernant de facto de la bande de Gaza, a parfois été soutenu par Téhéran, il a également évité de se rapprocher trop des partisans de la ligne dure en Iran – contrairement au groupe terroriste gazaoui du Jihad islamique, qui s’est construit un large arsenal grâce au soutien, en grande partie, apporté par le régime des mollahs.
Iran et Hamas ont, ces dernières années, tenté de redynamiser leurs relations après que les deux parties se sont retrouvées dans des camps opposés à l’aube de la guerre civile en Syrie.
Ainsi, de hautes personnalités du Hamas s’étaient rendues à Téhéran, saluant le pays pour son engagement à soutenir les organisations armées de Gaza. Le Hamas a néanmoins cherché à maintenir des liens avec d’autres pays, comme l’Egypte, qui considèrent largement l’Iran comme un ennemi dans la région.
La présence de Haniyeh aux funérailles de Soleimani, aux côtés du leader suprême iranien, l’Ayatollah Ali Khamanei, du président iranien Hassan Rouhani et de d’autres hauts responsables de la République islamique, peut être considérée comme un signal indiquant que le groupe souhaite s’aligner davantage avec l’Iran.
Mais cette présence survient aussi alors que le Hamas affiche une volonté de travailler plus étroitement avec l’Egypte sur un accord de cessez-le-feu avec Israël, un accord qui a pris forme ces dernières semaines.
Le Hamas s’était – fait notable – tenu à l’écart durant une flambée de violences survenue entre l’Etat juif et le Jihad islamique palestinien de Gaza, organisation appuyée par l’Iran, au mois de novembre, ce qui aurait gêné certains à Téhéran. Une chronique écrite dans un quotidien iranien, la semaine dernière, avait accusé le Hamas de s’allier à Israël en refusant d’entrer dans le combat.
Mais des images des funérailles postées sur le site internet de Khamenei ont montré Haniyeh se tenir à quelques pas seulement du chef suprême et il a figuré parmi les rares intervenants qui ont pris la parole lors de la cérémonie. Cela a notamment été le cas des enfants de Soleimani.
Haniyeh, qui a quitté Gaza au mois de décembre pour une visite dans plusieurs pays – c’est la première fois qu’il se rend à l’étranger au-delà de l’Egypte depuis 2017 – a dit à la foule que la « résistance » ne serait pas dissuadée par des éliminations.
« Je dis que le projet de résistance en Palestine et dans la région ne sera pas affaibli et il ne connaîtra pas de récession », a clamé Haniyeh. « Les assassinats ne feront que nous rendre plus forts et plus enclins à persévérer, à insister sur le projet de libération de Jérusalem et de la Palestine. »
Le chef du Hamas s’est par ailleurs entretenu par téléphone dimanche avec le ministre des Affaires étrangères iranien Mohammad Javad Zarif, faisant part de ses condoléances pour la mort de Soleimani.
Zarif a remercié le numéro un du groupe terroriste pour l’appel et indiqué que l’Iran continuerait à soutenir « les droits du peuple palestinien et la résistance pour la défense de ses terres et de ses lieux saints », a indiqué un compte-rendu publié par le groupe sur son site internet.
Samedi, le Hamas et le Jihad islamique ont dressé une tente de deuil pour Soleimani à Gaza.
Cette apparition de Haniyeh, lors des funérailles, est survenue alors que des centaines de milliers de personnes se sont rassemblées à Téhéran pour rendre un dernier hommage à Soleimani, le général le plus puissant du pays.
Il est mort dans une frappe de drone, vendredi en tout début de matinée, une attaque qui a été ordonnée par le président américain Donald Trump qui a affirmé que le défunt commandant programmait une attaque « imminente » contre des diplomates et des soldats américains en Irak.
La foule en deuil a scandé « Mort à l’Amérique » et « Mort à Israël », brandissant des drapeaux iranien, irakien et libanais, entre autres, en arpentant la rue Enghelab dans la matinée de lundi.
Khamenei, qui était proche de Soleimani, a pleuré pendant la prière musulmane traditionnelle pour les morts. L’assistance, pour sa part, a laissé échapper des hurlements.
Esmail Ghaani, qui remplace dorénavant Soleimani à la tête des forces expéditionnaires Al-Qods, s’est tenu aux côté de Khamenei, tout comme l’a également fait le président du pays, Hassan Rouhani, et d’autres hauts responsables de la République islamique.
Tandis que l’Iran a récemment fait face à des manifestations nationales dénonçant le prix du carburant, fixé par le gouvernement – un mouvement de protestation qui aurait fait plus de 300 morts – les processions massives entraînées par la mort de Soleimani, qui ont rassemblé les politiciens et les leaders issus de tout le spectre politique iranien, ont réduit temporairement au silence cette colère.
Les funérailles ont été diffusées en direct sur la chaîne de télévision d’Etat. Un ruban noir était placé à l’angle supérieur des écrans, à gauche – signe d’un hommage rare.
L’importante assistance venue à la procession a été la dernière à se rassembler pour Soleimani, dont la dépouille a été conduite dans plusieurs villes avant une inhumation prévue à Kerman, dont il était originaire, mardi. Selon les analystes, seules les funérailles de l’ayatollah Ruhollah Khomenei, en 1989, avaient attiré une foule plus dense.
La fille de Soleimani, Zeinab, a directement menacé les soldats américains au Moyen-Orient et déclaré que l’Amérique et Israël devaient affronter un « jour sombre » pour la mort de son père, a fait savoir la chaîne Al Jazeera.
« Les familles des soldats américains au Moyen-Orient passeront leurs journées à attendre la mort de leurs enfants », a-t-elle dit sous les applaudissements de centaines de milliers de personnes.
« Hey, Trump le dingue, vous êtes le symbole de la stupidité et un jouet entre les mains des sionistes internationaux », a-t-elle ajouté, selon CNN.
La dépouille de Soleimani est retournée en Iran, dimanche, et a été présentée dans les rues d’Ahvaz, au sud-ouest du pays, avant d’être emmenée dans une deuxième ville, Mashhad, à l’extrême nord-est de la République islamique.
Les Gardiens de la Révolution ont expliqué que le nombre écrasant de personnes venues rendre hommage à Mashhad avait entraîné l’annulation d’une cérémonie qui avait été programmée à Téhéran dimanche soir.
La dépouille de Soleimani devrait être amenée dans la ville sainte de Qom lundi dans la soirée.
La frappe contre Soleimani a fait craindre l’émergence d’un conflit d’ampleur, l’Iran ayant promis de se venger et Trump ayant menacé le pays de manière disproportionnée en cas de représailles.
Faisant également monter les enchères, l’Iran a fait savoir, dimanche soir, que le pays revenait davantage encore sur ses engagements pris sous les termes d’un accord sur le nucléaire qui était déjà partiellement tombé en disgrâce depuis le retrait unilatéral de Trump, au mois de mai 2018.
Adam Rasgon a contribué à cet article.