Le commandant des parachutistes réprimandé pour avoir humilié ses subordonnés
L'enquête révèle que le colonel Ami Biton n'a pas commis d'actes criminels, mais qu'il a agi de manière discriminatoire à l'égard de ses subordonnés
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Le commandant de la brigade des parachutistes, le colonel Ami Biton, a été réprimandé lundi par le chef du Commandement du Centre, le général de division Avi Bluth, pour avoir traité ses subordonnés de manière humiliante, a indiqué l’armée israélienne.
Plusieurs officiers de réserve de la brigade avaient, entre novembre 2023 et mars 2024, envoyé des lettres à l’ancien supérieur de Biton, le général de division Dan Goldfus, qui commandait la 98ᵉ division, pour se plaindre de la conduite de Biton au cours la guerre.
Les lettres alléguaient que l’implication de Biton dans les engagements au combat de ses forces était limitée, qu’il risquait inutilement la vie de ses soldats, qu’il traitait ses subordonnés de manière humiliante et qu’il passait beaucoup de temps aux côtés de soldates et de femmes officiers.
Par ailleurs, au début de la guerre, les parents des soldats de la brigade ont exprimé leur mécontentement face au fait que Biton n’autorisait pas les troupes à sortir de la bande de Gaza, même pour une brève permission, afin de retrouver leurs familles, et ce pendant trois mois d’affilée, alors que toutes les autres brigades avaient bénéficié d’au moins une courte permission pendant cette période. Ils ont également déclaré que les soldats servant sous les ordres de Biton n’avaient pas été autorisés à se doucher ni même à retirer leurs chaussures pendant plusieurs jours d’affilée.
Les plaintes concernant la conduite de Biton depuis le début de la guerre ont été examinées par le général de brigade Gal Shuchami, un officier supérieur du Corps Blindé Mécanisé qui n’a jamais servi avec le commandant des parachutistes au cours de son service militaire.
Shuchami s’est entretenu avec des dizaines de subordonnés de Biton de la brigade des parachutistes et d’autres fonctions qu’il a occupées auparavant, ainsi qu’avec plusieurs de ses anciens commandants et avec Biton lui-même. Bluth, quant à lui, a rencontré Biton et les officiers de réserve qui ont écrit les lettres.
L’enquête a montré que le comportement de Biton ne relevait pas du criminel et que les allégations selon lesquelles il aurait inutilement risqué la vie de ses soldats, ne se serait pas suffisamment impliqué dans les combats et aurait accordé un traitement préférentiel aux femmes étaient infondées.
Tsahal a déclaré que « la conduite opérationnelle du colonel Biton était irréprochable et qu’il avait été établi que les décisions qu’il avait prises, parfois sous le feu de l’ennemi, étaient conformes aux normes opérationnelles acceptées. Il est également évident qu’elles avaient permis d’éviter des pertes à de nombreuses reprises ».
Cependant, l’enquête a révélé que Biton avait agi de manière discriminatoire envers ses officiers subalternes, en les humiliant.
« Biton s’est comporté contrairement à ce que l’on attendait d’un officier supérieur et d’un commandant de Tsahal, en agissant de manière discriminatoire au point de porter atteinte à la dignité des commandants et des officiers qui servaient sous son commandement », a estimé l’armée.
L’enquête a également révélé que le comportement de Biton s’était amélioré après que Goldfus lui eut parlé de ces allégations en mai.
Après avoir examiné l’enquête de Shuchami et le travail de Biton en tant que chef de brigade pendant les opérations à Gaza, au Liban et en Syrie durant la guerre, ainsi que d’autres lettres écrites pour soutenir le commandant, Bluth a décidé de le réprimander.
« Depuis plus d’un an, le colonel Biton a mené la brigade de parachutistes à des réalisations opérationnelles significatives, combattant sur trois fronts… tout en faisant preuve d’un sacrifice personnel et d’un professionnalisme qui se distinguent positivement », a déclaré Tsahal.
L’armée a déclaré que Bluth l’avait réprimandé pour « un comportement indigne d’un officier et d’un commandant supérieur de Tsahal ».
La réprimande sera inscrite dans le dossier permanent de Biton.
Le mandat de Biton devrait bientôt prendre fin, bien que le ministre de la Défense, Israel Katz, n’ait pas encore approuvé le remplacement annoncé par le chef d’état-major de Tsahal, le lieutenant-général Herzl Halevi, le mois dernier.