Le défi de l’Amérique, alors que l’antisémitisme virulent s’intensifie
La jauge d'une société saine est la mesure dans laquelle elle relègue ses extrémistes fermement et efficacement à la marge des hors-la-loi et des ostracisés
David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).
Alors que la plus vieille haine s’élève de plus en plus aux États-Unis, il est difficile de résister au sentiment d’impuissance.
L’antisémitisme d’extrême gauche, l’antisémitisme d’extrême droite, les Juifs diabolisés, les synagogues incendiées, et maintenant un homme avec une machette qui entre par effraction chez un rabbin et qui fait un carnage à Hanoukka… et tout cela dans ce que nous aimions à penser être les États-Unis d’Amérique, exceptionnellement tolérants. La tentation est de glisser vers le désespoir – de se demander impuissant pourquoi les Juifs sont détestés, et pourquoi chaque âge d’or et chaque « Médina d’or » finit tôt ou tard par ternir et devenir sombre.
Mais un tel désespoir ne sert à rien. C’est autodestructeur. C’est aussi injustifié.
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L’escalade de la violence antisémite mortelle et de la rhétorique antisémite vicieuse aux États-Unis est désastreuse. Elle est méprisable. Mais elle peut et doit être contrée.
Elle peut et doit être contrée par des dirigeants responsables, en insistant sur le fait que cette violence et cette rhétorique n’ont pas leur place dans une société civilisée, et que ses auteurs ne peuvent prétendre à aucune légitimité.
Elle peut et doit être contrée par une application renforcée de la loi, avec plus de fonds et d’expertise consacrés à des mesures de sécurité défensives et préventives plus efficaces – protégeant les cibles juives et contrecarrant les efforts naissants pour leur nuire. Les Juifs américains, comme les Juifs du monde entier, ont le droit de vivre en sécurité, et il est impératif d’insister pour que les autorités fassent tout leur possible pour l’assurer.
Elle peut et doit être contrecarrée par une éducation et une sensibilisation plus efficaces : la nature humaine tend à la suspicion et à la méfiance envers l’inconnu ; une telle hostilité est plus difficile à entretenir dans un climat de connaissance et d’interaction.
En observant depuis Israël
L’antisémitisme américain moderne est un cocktail capiteux de haines extrémistes, une cause commune pour d’improbables compagnons de chambre, des islamistes radicaux aux suprémacistes blancs. Il est associé à l’opposition à Israël, à la polarisation croissante de la politique américaine, à la violence couramment déversée dans les jeunes esprits impressionnables par le biais des smartphones, de la télévision et des écrans d’ordinateur, au cloaque de toxicité qui fleurit sur les réseaux sociaux, et à toute une série d’autres facteurs.
En observant depuis Israël que la seule autre communauté juive importante du globe est de plus en plus attaquée, une première réponse naturelle est la tristesse. Une deuxième est l’identification : nous ne savons que trop bien ce que l’on ressent lorsqu’on est menacé, ciblé, assassiné pour ce que nous sommes. Une troisième, pour de nombreux Israéliens, est d’encourager les Juifs américains à abandonner la Diaspora et à venir s’installer ici – à unir leur destinée à celui du seul État-nation juif du monde.
Bien sûr, nous accueillons l’alyah. Nous sommes fiers que notre résilience, après des décennies d’hostilité, signifie que nous pouvons effectivement servir de refuge aux Juifs du monde entier qui ont besoin de la protection de la patrie juive historique. Mais nous préférerions de loin que l’alyah soit une question de choix, et non une nécessité.
L’Amérique n’est pas l’Europe des années 1930 ; ses dirigeants sont déterminés à protéger ses Juifs. Elle n’est pas – pas encore – les points chauds de l’Europe d’aujourd’hui, où les autorités se révèlent incapables d’assurer une protection. Mais alors que 2019 deviendra 2020, on ne peut plus dire allègrement qu’en Amérique, contrairement à certaines parties de l’Europe, tous les Juifs peuvent en toute confiance mener fièrement une vie publique juive. La marée de la haine monte. Elle peut et doit encore être repoussée.
Le courant dominant américain reste très majoritairement attaché à la marginalisation des antisémites. Ce qu’il faut maintenant, c’est une action ciblée et résolue.
Toute société a ses dangereux extrémistes ; la jauge d’une société saine est la mesure dans laquelle elle les relègue fermement et efficacement à la marge, celle des hors-la-loi et des ostracisés. C’est le test de l’Amérique aujourd’hui. L’avenir de la communauté juive d’Amérique en dépend. On pense aussi, plutôt, à l’avenir de l’Amérique que nous aimons, respectons et admirons tant.
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