Le désarmement du Hezbollah est une question « délicate » – président libanais
"Nous le mettrons en place mais il faut attendre que les circonstances le permettent. Personne ne parle de calendrier ou de pression," a déclaré Joseph Aoun

Le président libanais, Joseph Aoun, a qualifié dimanche le désarmement du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah de question « délicate », avertissant que l’imposer par la force pourrait conduire le pays à la « ruine ».
Le monopole étatique des armes est une « question sensible, délicate et fondamentale pour la préservation de la paix civile », a déclaré M. Aoun à des journalistes, soulignant qu’elle devait être abordée avec « discernement et responsabilité ».
« Nous le mettrons en place », a-t-il assuré, « mais il faut attendre que les circonstances le permettent. Personne ne parle de calendrier ou de pression ».
« Les questions intérieures controversées ne peuvent être abordées que dans un esprit de dialogue et de concertation, sans confrontation. Sinon, nous mènerons le Liban à la ruine », a-t-il mis en garde.
Le Hezbollah pro-iranien, longtemps force dominante au Liban, est sorti très affaibli de plus d’un an d’hostilités avec Israël, dont deux mois de conflit ouvert – le groupe pro-Iran ayant décidé d’ouvrir un front de soutien au Hamas dès le lendemain du pogrom que ce dernier a mené le 7 octobre 2023.

Le Hezbollah « ne permettra à personne de le désarmer », a affirmé vendredi son secrétaire général, Naïm Qassem, alors que Washington, grand allié d’Israël, fait pression sur Beyrouth en ce sens.
Il s’est dit prêt à engager un « dialogue » voulu par l’Etat libanais sur une « stratégie de défense », « mais pas sous la pression de l’occupation et de l’agression (israéliennes, ndlr) ».
Roquettes saisies
Israël a poursuivi ses attaques contre le Hezbollah, en dépit du cessez-le-feu en vigueur depuis le 27 novembre. Et il occupe cinq positions qu’il juge « stratégiques » dans le sud du pays.
Un autre haut responsable du Hezbollah avait affirmé vendredi que le mouvement refuserait toute discussion sur la remise de ses armes tant qu’Israël ne se serait pas totalement retiré du Liban.
Morgan Ortagus, émissaire américaine adjointe pour le Moyen-Orient, a récemment déclaré que le désarmement du Hezbollah devait se faire le plus tôt possible.
L’accord de trêve prévoit notamment le démantèlement de l’infrastructure militaire du Hezbollah entre le fleuve Litani et la frontière israélienne, à une trentaine de km au sud, ainsi que le retrait total des forces israéliennes.
L’armée libanaise a entamé ces derniers mois son déploiement dans le sud, près de la frontière avec Israël, au fur et à mesure du retrait israélien, et du démantèlement des infrastructures militaires du Hezbollah.
Elle a indiqué dimanche y avoir saisi des roquettes et leurs lanceurs dans la région de Saïda-Zahrani, et arrêté plusieurs personnes soupçonnées de préparer des tirs vers des zones sous contrôle israélien.
Elle avait indiqué mercredi avoir interpellé plusieurs suspects de tirs de roquettes vers Israël le mois dernier, parmi lesquels, selon un responsable de la sécurité, trois membres du Hamas palestinien.