Le DG de la Défense se serait rendu en Azerbaïdjan 2 jours avant les combats
La visite d'Eyal Zamir intervient alors qu’Israël a intensifié ses livraisons d’armes à Bakou ; l'Azerbaïdjan parle "d'opérations anti-terroristes" ; un cessez-le-feu a été annoncé
Le directeur général du ministère de la Défense, Eyal Zamir, se serait rendu en Azerbaïdjan dimanche, soit deux jours avant le lancement par Bakou de son opération militaire dans le Haut-Karabakh, selon la radio de l’armée.
Cette visite intervient alors qu’Israël a intensifié ses livraisons d’armes à l’Azerbaïdjan depuis quelques semaines.
Les forces azerbaïdjanaises ont tiré à l’artillerie lourde sur les positions arméniennes dans le Haut-Karabakh, une attaque qui, selon les autorités locales, a fait au moins 29 morts.
L’Arménie et l’Azerbaïdjan se sont livré deux guerres pour la souveraineté de ce territoire montagneux, peuplé majoritairement d’Arméniens mais reconnu internationalement comme faisant partie de l’Azerbaïdjan.
L’Azerbaïdjan a parlé « d’opérations anti-terroristes » et a annoncé que ces opérations seraient maintenues jusqu’à ce que le gouvernement séparatiste du Haut-Karabakh soit dissous et que les « formations militaires arméniennes illégales » se rendent à l’ennemi.
Les deux camps ont annoncé aujourd’hui l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu. Une réunion d’urgence du Conseil de sécurité pour le Haut Karabakh aura lieu jeudi après-midi, a annoncé la présidence albanaise du Conseil mardi soir.
Cette offensive était redoutée depuis des semaines dans les capitales occidentales qui dénonçaient la persistance du blocus du corridor de Latchine, seule route reliant l’Arménie au Haut Karabakh, malgré la condamnation, en février dernier, de la Cour de justice internationale.
Alors que l’Arménie accuse depuis des mois l’Azerbaïdjan de « provocations » pouvant conduire à une nouvelle guerre, les Européens s’étaient néanmoins montrés réticents à imposer des sanctions, d’autant que Bakou bénéficie du soutien de la Turquie et a passé un accord avec l’Union européenne pour la fourniture de gaz.
Alliée historique de la France, l’Arménie, sous influence de la Russie, suscitait aussi quelques méfiances.
Erevan avait remporté la première guerre en 1994, Bakou la seconde en 2020 avec un cessez-le-feu sous l’égide de la Russie qui n’a toutefois jamais abouti à un traité de paix.
Jusqu’à lundi, à Washington comme à Paris ou Bruxelles, on gardait l’espoir d’une solution pacifique.
Lundi, les Etats-Unis avaient d’ailleurs salué « un pas en avant important », Bakou ayant autorisé des convois humanitaires via Latchine mais aussi via la route d’Aghdam, une proposition de la diplomatie américaine.
Washington y avait vu un geste de la part de l’Azerbaïdjan.
Les Etats-Unis ont radicalement changé de ton mardi, jugeant « inacceptable » l’offensive de Bakou qui éloigne les perspectives de paix entre les deux pays.
En privé, des responsables américains ne cachaient pas leur frustration, alors que le secrétaire d’Etat Antony Blinken s’est personnellement fortement impliqué sur ce dossier depuis des mois.
Israël a développé des relations bilatérales très ouvertes avec l’Azerbaïdjan, pays à majorité chiite étroitement allié à la Turquie, dont les relations avec l’État juif se sont considérablement renforcées.
En mars, le ministre des Affaires étrangères azerbaïdjanais Jeyhun Bayramov avait ouvert la toute première ambassade de Bakou en Israël.
En mai, le président Isaac Herzog s’était rendu en Azerbaïdjan, où il avait discuté de la menace iranienne et des liens bilatéraux.
Israël est l’un des principaux fournisseurs d’armes de l’Azerbaïdjan. Selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, Israël a fourni 69 % des principales importations d’armes de Bakou pour la période 2016-2020, ce qui représente 17 % des exportations d’armes de Jérusalem pour cette période.
Israël a intensifié ses livraisons d’armes à l’Azerbaïdjan pendant le conflit du Haut-Karabakh en 2020. L’Azerbaïdjan est sorti vainqueur de cette guerre de six semaines avec l’Arménie, qui a coûté la vie à plus de 6 000 soldats et a permis à Bakou de reprendre le contrôle des territoires contestés.
Ce n’est un secret pour personne que la localisation de l’Azerbaïdjan à la frontière nord de l’Iran et le fait qu’Israël achète plus de 30 % de son pétrole à Bakou constituent les deux piliers des relations entre les deux pays.