Le diocèse de Namur veut la béatification de l’abbé André, Juste parmi les nations
Après avoir sauvé de nombreux enfants de la déportation, le religieux a été reconnu Juste parmi les nations en 1967
À Namur, en Belgique, pendant la Shoah, un large réseau d’aide aux familles juives s’est mis en place, sous l’impulsion de l’abbé Joseph André. L’homme a été reconnu Juste parmi les nations par le mémorial de Yad Vashem, à Jérusalem, en 1967. Aujourd’hui, le diocèse de Namur a indiqué sa volonté de le voir être béatifié – acte pontifical par lequel une personne défunte de foi chrétienne « est mise au rang des bienheureux », selon l’Église catholique en France.
En 1941, alors que la Belgique était occupée par les nazis, le local de la jeunesse paroissiale, dirigé par l’abbé André et situé juste à côté de la Kommandantur de Namur, est devenu le centre d’une vaste organisation visant à sauver les enfants juifs de la déportation.
Ainsi, de nombreux enfants sont passés par ce centre avant de pouvoir être transférés dans des institutions religieuses ou des familles d’accueil, à la campagne, où ils pouvaient être en relative sécurité.
« Nous étions une vingtaine d’enfants, sous cette mansarde. Ce qui est étonnant, c’est que l’abbé André avait choisi de nous placer à quelques mètres de l’endroit où siégeait la Gestapo de Namur. C’était malin… au plus proche de la gueule du loup », a expliqué Charles – Chaim – Erlbaum, l’un des enfants sauvés par l’abbé, à la RTBF.
« Son entreprise était extrêmement dangereuse. Il a pris des risques », a-t-il ajouté. « Son aura dominait, il arrivait à mobiliser de l’aide autour de lui pour nous sauver. Il devait avoir un ange qui le protégeait. »
Par ses activités, l’abbé s’est ainsi mis en danger et a pu être convoqué à des interrogatoires par la Gestapo, mais ses activités n’ont jamais été découvertes.
Après la guerre, il a continué d’aider le Service social des Juifs de Belgique. Il est aussi devenu aumônier de la prison de Namur.
« Il était en permanence auprès des détenus, quelle que soit leur confession. Il les accompagnait et les considérait avec un grand respect, comme il aurait pu le faire avec le directeur de la prison. Pour lui, il n’y avait pas de différence », a expliqué la magistrate Suzanne Moreau, qui côtoyait régulièrement l’abbé.
Il est décédé en 1973. Vivement intéressé par le judaïsme, la Croix et l’Étoile de David se trouvaient côte à côte sur son faire-part mortuaire.
Afin de le faire béatifier, le diocèse de Namur monte actuellement un dossier, et recherche de nouveaux témoignages pour étoffer sa proposition.