Le discours d’Abbas (‘On n’a fait aucune erreur’) ressemblait au chant du cygne
Le dirigeant palestinien a déclaré devant l’Assemblée générale qu’il a toujours été prêt à négocier, oubliant soigneusement de mentionner l'opportunité qu’il a rejetée en 2008
David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Jeudi, le président de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas a déclaré devant l’Assemblée générale des Nations unies que les Israéliens profanaient les Lieux saints des Palestiniens au quotidien.
Il a poursuivi sa charge en affirmant que la loi de l’Etat-nation d’Israël privait les Israéliens non juifs de leurs droits civiques.
Abbas a également déclaré que la loi « conduirait inévitablement à la création d’un État raciste, un État d’apartheid », niant toute chance d’une solution à deux États.
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Il a même exagéré les chiffres de l’UNRWA, l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens que les Etats-Unis ont cessé de financer, en déclarant qu’il y avait désormais six millions de réfugiés palestiniens sur les 13 millions de Palestiniens dans le monde. Selon Abbas, ils sont tous traités comme un peuple « inutile » dont on devrait se débarrasser.
Paradoxalement, le discours d’Abbas devant cette Assemblée générale des Nations unies était le plus mesuré qu’il ait prononcé depuis la tribune onusienne au cours des dernières années. Il était d’autant plus mesuré, selon ses propres standards, si on le compare à toutes les récentes déclarations au vitriol qu’il a déversées à Ramallah.
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En janvier, il avait notamment affirmé qu’Israël était un projet colonial sans aucun lien avec le judaïsme et il avait laissé entendre que les Juifs européens, à l’époque de la Seconde Guerre mondiale, étaient tellement déconnectés de la Terre Sainte qu’ils avaient préféré tenter leurs chances avec les nazis.
A l’inverse, l’intervention d’Abbas de jeudi ressemblait au discours désespéré d’un dirigeant de 83 ans. Il a insisté pour dire qu’il avait toujours cherché la paix, mettant l’assemblée au défi de lui dire si les Palestiniens avaient jamais « commis une seule erreur dans notre long voyage » – en prenant une liberté très commode avec les faits de l’Histoire récente.
Il a par exemple affirmé, de manière surprenante, que les Palestiniens n’avaient jamais refusé une offre de négociations – apparemment confiant, et probablement avec une bonne raison, que peu des membres présents à l’assemblée allaient lui rappeler qu’il avait refusé de rejoindre la table des négociations pour les neuf premiers des dix mois au cours desquels un Premier ministre Benjamin Netanyahu, pourtant très réticent, avait accepté de geler la construction d’implantations en 2009-10 sous la pression de l’Administration Obama.
Il va sans dire qu’il n’a pas non plus mentionné sa plus grande opportunité manquée, quand il a choisi de ne pas accepter l’offre de 2008 du Premier ministre Ehud Olmert.
Celui-ci avait proposé un cadre pour résoudre la question des réfugiés palestiniens et avait offert aux Palestiniens ce qui représentait 100 % de la Cisjordanie pour leur État – avec des échanges de terre permettant à Israël d’étendre sa souveraineté sur trois blocs d’implantations majeurs, alors que les Palestiniens auraient été compensés avec du territoire à l’intérieur des frontières actuelles d’Israël.
Bien sûr, Olmert, même s’il a du mal à le reconnaître, a quitté le pouvoir depuis longtemps, et Abbas, qui est loin d’être en bonne santé, quittera tôt au tard, lui aussi, la scène politique.

Israël est maintenant dirigé depuis presque une décennie par Netanyahu. Il n’offrira jamais les mêmes conditions qu’Abbas avait refusées à Olmert. Notons d’ailleurs que de nombreux Israéliens ne feront pas pression sur Netanyahu pour qu’il offre de pareilles conditions.
Mercredi, tandis que le président Donald Trump a affirmé, avec sa confiance si caractéristique, que les Palestiniens reviendraient « évidemment » à la table des négociations et qu’il souhaitait sceller un accord de paix pour son premier mandat à la présidence, sa vision aussi optimiste ne semblait partagée nulle part ailleurs.
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Jeudi, quand il a abordé des éléments spécifiques, Abbas a clairement fait savoir que sa position de négociations n’avait pas changé.
Il veut encore récupérer toutes les zones de Jérusalem capturées par Israël dans la guerre de 1967. S’il était prêt à un compromis sur tous ces millions de réfugiés, il n’en a pas parlé.
Certains dans son entourage avaient promis qu’Abbas allait prononcer un discours explosif – plein de menaces et de promesses déchaînées. Il ne l’a pas fait. Il a laissé une porte ouverte pour un rôle américain dans les négociations – après avoir exclu toute implication américaine au cours des derniers mois.
Il a affirmé, encore et encore, son engagement à la paix et à la lutte contre le terrorisme. Mais sa rhétorique était fatiguée. Abbas a, très consciemment, laissé passé son heure il y a des années. Son discours ressemblait étrangement au chant du cygne.
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